Les tiques : petites bêtes, gros tracas
Chaque mois, l’IFCE propose plusieurs webconférences, sur des sujets très variés comme l’alimentation, le bien-être, la génétique, le travail du cheval, etc. Cette semaine, L’Eperon vous propose de revenir sur la webconférence proposée par le Docteur Sarah Bonnet, vétérinaire, parasitologue et entomologiste médicale : « Tiques et chevaux : quels risques en France ? »
Si, au printemps et en été, de nombreuses activités battent leur plein pour les passionnés de chevaux – à l’image des compétitions –, il en est d’autres dont certains aimeraient finalement bien se passer toute l’année, comme la chasse aux tiques. « Du printemps à l’automne, il s’agit d’une période à risques en France en ce qui concerne les tiques », confirme Sarah Bonnet, vétérinaire, parasitologue et entomologiste médicale. Tous les ans, les tiques mènent ainsi la vie dure aux propriétaires de chevaux, qui les traquent sans relâche afin d’éviter qu’elles ne fassent de mal à leurs protégés. Mais il s’agit-là d’une bête fort coriace ! Présente sur Terre depuis plus de 270 millions d’années, la tique se multiplie en trente genres et plus de neuf cents espèces différentes, peut être retrouvée à n’importe quel endroit du globe (dans les zones chaudes et tempérées comme froides) et est capable de se nourrir du sang de tous les vertébrés existants, leur transmettant par la même occasion certaines maladies dont chacun se passerait bien.
Un rôle pathogène direct et indirect
Redoutables, les tiques le sont d’ailleurs notamment par leurs capacités à créer mais aussi transmettre certains maux. Voilà ce qui s’appelle être sur tous les fronts. Car, comme le précise le Docteur Sarah Bonnet, « les tiques ont un rôle pathogène direct en étant par exemple à l’origine d’inflammation locale, de surinfection des plaies, de spoliation sanguine ou d’allergie », mais également un rôle pathogène indirect. « Elles sont un vecteur d’agents pathogènes comme des virus, bactéries et parasites », explique la vétérinaire, parasitologue et entomologiste médicale. Et, comme souvent, les tiques ne font pas les choses à moitié : de nos jours, au niveau mondial, elles représentent le premier vecteur pour la santé animale et le deuxième (derrière les moustiques) pour la santé humaine. Cela, principalement en raison du volume sanguin qu’elles sont capables d’ingurgiter et du temps relativement long qu’elles passent fixées à la peau de leur hôte, du fait qu’elles parasitent beaucoup d’animaux différents (favorisant ainsi la circulation des agents pathogènes), de leur très grande longévité et de leur haut potentiel reproductif, mais également en raison du fait qu’elles se déplacent sur de longues distances grâce à leur hôte et que leurs piqûres passent généralement inaperçues.
« Toutes les tiques ne sont pas infectées et toutes ne transmettent pas les mêmes agents pathogènes »
Cependant, le Docteur Sarah Bonnet tient à le préciser : « toutes les tiques ne sont pas infectées et toutes ne transmettent pas les mêmes agents pathogènes ». Plus encore, « l’acquisition et la transmission de ces agents ne se fait ni immédiatement, ni de façon systématique, à l’exception des virus. Cela peut prendre, dans la plupart des cas, plusieurs heures ou plusieurs jours après fixation ».
Les tiques et les chevaux
Parmi les neuf cents espèces que comptent les tiques, seules cinq parasitent les chevaux, leur transmettant principalement trois maladies, à commencer par la piroplasmose équine. « Cette maladie peut prendre une forme aiguë, entraînant anémie, fièvre, œdème des membres ou encore complications hépato-rénales ; mais également une forme chronique, qui se traduit quant à elle par de la fatigue, une baisse des performances ainsi qu’un amaigrissement. Souvent asymptomatique, elle peut se réactiver en cas de stress », précise le Docteur Sarah Bonnet. Les tiques peuvent également transmettre aux chevaux la borréliose de Lyme et l’anaplasmose granulocytaire équine (autrement nommée ehrlichiose), dont l’infection ne provoque souvent aucun symptôme, rendant ainsi le diagnostic clinique difficile. « Néanmoins, en cas de symptômes, ils seront les suivants : fièvre dans les deux cas, ajouté à des manifestations musculo-squelettiques, ophtalmologiques et neurologiques pour la borréliose de Lyme, une inappétence, un abattement ou encore des oedèmes des membres pour l’anaplasmose granulocytaire équine », ajoute la vétérinaire, qui précise également que ces trois maladies ne sont pas contagieuses, qu’elles sont uniquement dues aux piqûres de tiques et qu’un isolement du cheval atteint n’est donc pas nécessaire.
Limiter les risques
Si aucun vaccin n’existe à ce jour pour lutter contre les tiques, certains gestes peuvent permettre de limiter les risques. « L’augmentation des risques va évidemment de paire avec l’augmentation de l’exposition aux tiques : maintien au pâturage, proximité de forêts, sous-bois, broussailles, randonnées, etc. », souligne le Docteur Sarah Bonnet. Il est ainsi recommandé d’éviter ces lieux, d’entretenir ses pâtures en nettoyant les bordures par exemple afin de limiter les populations de tiques dans l’environnement proche, d’effectuer une rotation de ces dernières pour éviter les zones infestées, de minimiser tout contact avec la faune sauvage et domestique, de bien surveiller son animal et si besoin d’enlever les tiques à l’aide d’un tire-tique. Et cela, surtout du printemps à l’automne.
Crédit photo : Pixabay/Erik Karits.