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Quentin Jabet : “Ronaldo 200 m’a permis de passer un cap”

Emilie Dupont 31 juillet 2023

La semaine dernière à Flyinge, en Suède, Quentin Jabet a été sacré champion d’Europe sur le dos de son fidèle Ronaldo 200, longé par Andréa Boe. Un titre qui vient conclure une superbe saison et, peut-être, son aventure avec l’imposant et élégant Westphalien. Pour L’Eperon, le voltigeur multi-médaillé revient sur ces championnats, son histoire avec Ronaldo 200 et évoque ses projets pour la suite de sa carrière.

Après une médaille d’argent en individuel lors des championnats du monde de Herning l’été dernier, vous venez de décrocher le titre de champion d’Europe, toujours aux côtés de Ronaldo 200, Westf (Riccio NRW) et Andrea Boe. Comment avez-vous, tous les trois, vécu chacun des trois tests ?

Il y a tout d’abord eu le programme imposé, que je maîtrisais moins bien que les autres en raison du manque d’entraînement que j’ai pu avoir sur Ronaldo, qui est basé en Allemagne. Il n’a pas été simple, de ce fait, tout au long de la saison, de travailler au mieux les trois programmes, et j’ai fait le choix de me concentrer en priorité le technique et le libre. Pour ces championnats, je ne voulais pas prendre trop de retard sur l’imposé, que j’ai pas mal travaillé avant de partir et qui est plutôt bien sorti. Je ne pensais absolument pas le gagner, j’ai été vraiment très surpris, mais dans le bon sens. Ensuite, il y a eu le programme technique, que nous avons plutôt bien maîtrisé toute la saison et que nous avons vraiment su travailler dans le bon sens avec Andrea, ma longeuse, et le staff fédéral. Je pense que lors de ces championnats, je n’aurais pas pu faire mieux sur ce test. Il y a quelques petites erreurs, le cheval était un peu tendu, mais nous avons plutôt bien réussi. D’ailleurs, cette saison, j’ai essayé de mettre en place un programme technique qui correspondait vraiment à Ronaldo, pour que le rendu soit le plus fluide possible et cela a fonctionné puisque nous remportons également ce test et avons pu prendre de l’avance sur nos concurrents avant le programme libre, qui compte pour 50%.

“C’est un cheval qui m’a énormément appris en compétition et sur moi-même. Je lui dois beaucoup.”

Vous avez une histoire et une expérience un peu particulières avec Ronaldo. Pouvez-vous revenir sur votre rencontre et les particularités qui ont marquées votre duo, notamment le fait qu’il soit basé en Allemagne, et les conséquences que cela a eu ?

Je m’entraîne sur Ronaldo depuis un an et demi, nous nous sommes rencontrés après la saison 2021. La particularité de notre trio, avec Andrea et Ronaldo, c’est que lui est basé toute l’année dans le Nord de l’Allemagne. Nous avons donc, depuis l’an passé, mis en place une sorte de planning : tous les mois, je me rendais quatre ou cinq jours en Allemagne pour travailler avec lui. Au quotidien, avec le staff fédéral, nous avons aussi évidemment travaillé afin de pallier cette absence. Je travaillais moins sur mon cheval de tête, donc nous faisions plus de mises en situation, plus d’entraînements sur les chevaux du Pôle France, etc. J’ai essayé de me mettre un maximum dans la difficulté à l’entraînement afin qu’une fois sur Ronaldo, tout se passe au mieux. Ensemble, nous avons notamment fait les championnats du monde de Herning l’an passé et je pense que c’est lors de cette échéance que, grâce à lui, j’ai réussi à passer un cap. C’est un cheval qui m’a énormément appris en compétition et sur moi-même. Je lui dois beaucoup. Et je pense que c’est le fait de passer ce cap, malgré le peu d’entraînement à ses côtés, qui m’a permis de décrocher ce titre de champion d’Europe ainsi que de remporter le CVIO d’Aix-la-Chapelle. C’est un cheval qui a un très bon mental et une très bonne qualité de galop. Il est très solide en piste, il peut enchaîner sans trop de difficulté les bons tours tout au long d’une compétition. Un cheval qui fait des bons tours et qui prend des bonnes notes, c’est finalement ce que l’on recherche en voltige. Il a une foulée de galop qui n’est pas toujours simple pour son voltigeur mais avec l’expérience, je sais m’adapter.

Allez-vous continuer ensemble l’année prochaine ou s’agit-il de votre dernière saison tous les trois ?

Rien n’est encore sûr, mais il est possible que ce soit notre dernière saison ensemble. Certains projets sont en train d’être montés mais je ne peux pas encore en dire plus à ce sujet. Quoi qu’il en soit, je suis évidemment d’ores et déjà un peu nostalgique de toute cette aventure avec lui et j’ai malgré tout peur que cela s’arrête. C’est le trio qui m’a propulsé jusqu’aux plus belles compétitions du monde, qui m’a permis d’être médaillé lors des championnats du monde, d’inscrire mon nom au mur d’Aix-la-Chapelle… Ce n’est pas rien. J’ai un petit pincement au cœur de me dire qu’il s’agissait peut-être de notre dernier tour de piste ensemble.

“Je pense que de très belles choses sont à venir”

De ce fait, avez-vous déjà commencé à préparer un peu la suite ?

Oui, tout à fait. J’ai, il y a quelque temps, acheté deux chevaux pour l’avenir. Ils ont actuellement tous les deux six ans et pourront donc commencer à concourir sur la scène internationale l’an prochain. C’est un investissement sur le long terme et je vais m’attacher à former les deux à la maison et en compétition, pour performer avec eux jusqu’à la fin de ma carrière. L’un d’entre eux, qui est basé aux écuries du Cercle d’Or, sera formé, pour la partie sous la selle, par Maud Bousignac Dumont, qui le longera également. Le second est pour le moment pris en charge par les équipes du Pôle France de voltige, le projet est en construction, il n’a pas encore de longeur et de cavalier défini. Néanmoins, les deux ont déjà commencé à travailler en voltige et progressent bien. Pour l’instant, je ne me fixe pas encore d’objectif précis avec ces deux chevaux-là, nous allons les former au mieux et voir ensuite comment les choses se passent. Mais je pense que de très belles choses sont à venir.

Quel est le programme désormais et pour le reste de l’année ?

Pour le moment, je vais faire une petite pause, relâcher la pression et profiter un peu… même si j’ai déjà envie de retourner à l’entraînement ! (rires) Mais je sais qu’une pause est nécessaire, sinon la saison prochaine sera très compliquée à tenir. Une saison après l’autre. Pour la suivante, je sais que je vais avoir deux autres chevaux et j’espère que l’un d’entre eux pourra progressivement devenir mon cheval de tête pour aller chercher de nouvelles médailles. Quoi qu’il en soit, je suis serein et bien entouré par le staff fédéral, ma famille, mes sponsors. Aujourd’hui, j’arrive à vivre de ma passion et de mon sport, ce qui est absolument génial et me permet de me concentrer sur mes performances sportives.

Crédit photos : FEI/Carolin Kowsky/Daniel Kaiser.