Aliments complémentaires et plantes médicinales, attention à leur utilisation
Chaque mois, l’IFCE propose plusieurs webconférences, sur des sujets très variés comme l’alimentation, le bien-être, la génétique, le travail du cheval, etc. Cette semaine, L’Eperon vous propose de revenir sur la webconférence proposée par Isabelle Lussot-Kervern, vétérinaire et responsable de la commission “médecine non conventionnelle” de l’association vétérinaire équine française : « Compléments et plantes médicinales : comment choisir ? »
Depuis quelques années, l’offre de compléments alimentaires et produits à base de plantes médicinales s’est fortement développée. De plus en plus utilisés, ces produits nécessitent cependant une très grande vigilance et, souvent, l’avis d’un professionnel au préalable. Car, comme le précise le Docteur Isabelle Lussot-Kervern, vétérinaire, les compléments alimentaires n’ont pas les mêmes garanties qu’un médicament et n’en sont définitivement pas. « Les médicaments sont composés d’une seule molécule, tandis que les compléments alimentaires peuvent en contenir cent à cent-cinquante. On ne connaît pas ou peu la dose exacte à administrer, on ne sait pas vraiment comment ces molécules se répartissent dans l’organisme, où elles exercent leur efficacité, et à la vitesse à laquelle elles sont éliminées par l’organisme. Quelques études ont été faites chez l’Homme, mais pas chez le cheval. De ce fait, toutes les allégations au sujet des compléments alimentaires et relatives à la prévention, au traitement ou à la guérison de maladie sont interdites », souligne la vétérinaire. Les médicaments font, eux, l’objet de nombreuses études, notamment en ce qui concerne les quatre points fondamentaux : l’absorption, la distribution, la métabolisation et l’élimination (ADME), garantissant ainsi une certaine sécurité lors de leur utilisation.
Le cas des plantes médicinales
Les plantes médicinales ont, elles aussi, le vent en poupe. Il est possible de les trouver sous plusieurs formes : en sirop, en poudre, en extraits concentrés… Mais, là aussi, mieux vaut être prudent, et en particulier sur un point : la notion fondamentale de concentration. « Souvent, on se dit qu’on donne “juste quelques gouttes”, sans réellement connaître la quantité de plantes que l’on administre. Or, c’est très important de le savoir », souligne Isabelle Lussot-Kervern. « Pour les sirops, qui sont des produits dilués, cela peut par exemple être un pour dix, c’est-à-dire dix grammes de plantes pour cent grammes de sirop. Pour les poudres, il y a une équivalence : cinq grammes de produit équivalent à cinq grammes de plantes. » Pour connaître ces informations et ainsi déterminer quel type de produit utiliser, il est absolument indispensable de bien lire les étiquettes. Celles-ci doivent indiquer le nom de la plante et son traceur, la concentration, la dose à administrer et l’excipient utilisé. « Il est très important de se tourner vers des produits de qualité, suffisamment dosés et qui respectent les réglementations », affirme la vétérinaire.
« Pour bien utiliser les plantes, il faut avant tout un bon diagnostic »
En ce qui concerne les dosages, si Isabelle Lussot-Kervern précise que « chez le cheval, la dose recommandée pour une majorité de plantes est d’environ cinq à vingt grammes par jour », elle recommande également, avant toute utilisation, de faire appel à un vétérinaire, ou de se renseigner sur le site de l’Agence européenne du médicament par exemple, qui propose des synthèses au sujet des utilisations dites “traditionnelles” ainsi que des données scientifiques.
Bien utilisées, les plantes médicinales peuvent permettre de stimuler l’immunité, aider au contrôle des infections virales et bactériennes, être un soutien à l’appareil locomoteur et respiratoire, au foie, lors de problèmes digestifs chroniques, lors de maladies métaboliques ou hormonales (fluctuations hormonales chez les jument, stimulation de la fertilité, aide à la prévention des fourbures), etc. Mais comme le rappelle le Docteur Isabelle Lussot-Kervern, « pour bien utiliser les plantes, il faut avant tout un bon diagnostic » ! D’où l’intérêt de se tourner vers un vétérinaire.
Le cas des huiles essentielles
Autre produit à base de plantes et au sujet duquel il faut être très vigilant : les huiles essentielles. Comme le rappelle Isabelle Lussot-Kervern, du fait de leur concentration, elles doivent toujours être utilisées en étant diluées. Plus encore, la vétérinaire met en alerte : « certaines huiles essentielles peuvent être phototoxiques ou irritantes ». Mieux vaut donc se renseigner avant d’en utiliser, et bien lire le taux de concentration inscrit sur l’étiquette. Dans le cas contraire, les risques de réactions indésirables peuvent être élevés.
Limites et dopage
Au sujet des aliments complémentaires et des plantes médicinales, Isabelle Lussot-Kervern insiste : « Beaucoup de questions sont encore sans réponse. Quelle plante pour quelle dose et quels effets ? Rien n’est encore certain. » Plus encore, la vétérinaire recommande de faire attention aux fausses allégations, comme celle soutenant par exemple l’effet vermifuge de certaines plantes. Car parfois, celles qui sont mentionnées sont en fait toxiques pour le cheval.
Par ailleurs, Isabelle Lussot-Kervern attire plus particulièrement l’attention des cavaliers, propriétaires et soigneurs de chevaux de compétition : certaines plantes et certains actifs sont considérés comme dopants, à l’instar de la valériane, de l’harpagophytum, du camphre, du piment ou encore du chanvre. Ainsi, on ne le répétera jamais assez, l’avis d’un vétérinaire est primordial avant d’administrer quoi que ce soit aux chevaux et, en ce qui concerne les plantes, mieux être très bien renseigné et conseillé.
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