L'E
L’Expertise

Protéger la santé de son cheval en compétition

Emilie Dupont 6 juillet 2023

Alors que la saison des championnats approche, il semble opportun de faire un point sur les bons réflexes à avoir pour limiter les risques de transmission de maladies chez les chevaux, à l’écurie et en compétition. Une piqûre de rappel proposée par Marie Delerue, vétérinaire et ingénieure, à travers la webconférence « Manifestation équestre : protéger la santé des équidés » proposée par l’IFCE.

En 2019, avant que les diverses crises sanitaires ne viennent perturber notre quotidien, pas moins de 715 000 engagements en compétition avaient été comptabilisés en France, toutes disciplines confondues en catégories Amateur et Pro au niveau national, selon les statistiques fournies par la FFE. Un nombre jamais atteint auparavant, qui met en évidence le fait que, de plus en plus, les chevaux issus de différentes écuries, voire de différentes régions, sont amenés à se rencontrer. Des rencontres qui, malgré leur aspect convivial, sont aussi, malheureusement, propices à la transmission de certaines maladies. « Les contacts rapprochés augmentent les risques, d’autant plus que les chevaux proviennent souvent de régions ou d’écuries qui ont des statuts et une gestion sanitaires différents », rappelle Marie Delerue, vétérinaire, avant d’ajouter que les chevaux soumis au stress, aux efforts physiques et au transport ont généralement, en plus, une immunité moins importante que les autres. Mais, comme le souligne la professionnelle, ces risques sanitaires varient en fonction du type de manifestation. « Il y a plus de risques lors d’un concours national se déroulant sur plusieurs jours, avec de très nombreux engagés et où un hébergement sur place est prévu pour les chevaux, que sur un petit concours local se tenant sur une journée et lors duquel les chevaux restent attachés au véhicule en attendant de passer. » À noter également que, selon l’ampleur de la manifestation, les garanties sanitaires sont, elles aussi, variables. « Lors de concours internationaux, il y a notamment beaucoup plus de consignes à respecter, avec des analyses à réaliser en amont ou quotidiennement, et beaucoup plus de contrôles effectués », précise la vétérinaire.

Des conséquences parfois dramatiques

Malgré les précautions prises par certains, il arrive parfois que des épidémies soient déclarées. Outre les conséquences graves que cela peut avoir sur la santé des équidés, c’est aussi parfois toute la filière qui peut être impactée. « Lors de l’épidémie de rhinopneumonie de 2018, le RESPE avait estimé que cela avait représenté un coût total d’un million d’euros pour les écuries touchées en raison des soins vétérinaires nécessaires et de la baisse d’activité subie, mais également un million d’euros pour les compétiteurs, qui avaient dû se plier aux mesures sanitaires imposées. »

Parmi les maladies les plus transmises, la gourme, la grippe, et la rhinopneumonie (herpèsviroses 1 et 4 de son nom scientifique). Comme le rappelle Marie Delerue, ces maladies respiratoires peuvent être transmises de manière directe (d’un cheval à un autre), ou indirecte (par l’intermédiaire d’une personne tiers ou de l’utilisation de matériel infecté). « Il est également important de savoir que certains chevaux peuvent exprimer peu de signes cliniques ou être porteurs sains et quand même transmettre ces maladies. Ce n’est pas parce qu’un cheval paraît sain qu’il l’est vraiment. »

Mieux vaut prévenir que guérir

Afin de limiter les risques de transmission, plusieurs conseils sont à suivre. Tout d’abord, comme le souligne la vétérinaire, en amont d’une compétition, il est important de veiller à la vaccination de l’ensemble de l’effectif, de mettre à part les équidés sensibles comme les poulains et les chevaux âgés, d’isoler les nouveaux arrivants et chevaux malades, de suivre l’état de santé de tous et de prendre leur température en cas de doute, ainsi que de mettre à jour le registre de mouvement des équidés. Quelques jours avant de se rendre à l’événement, « il faut assurer un suivi beaucoup plus fin de l’état de santé des chevaux, en observant bien leur appétit, leur attitude et leur température ». Et ce, quotidiennement. Il est également indispensable de bien nettoyer son matériel et de s’informer sur la situation et les mesures sanitaires en vigueur sur le lieu de la manifestation.

Durant l’événement, Marie Delerue recommande de ne pas utiliser un autre box que celui qui a été attribué au cheval et de vérifier qu’il est propre, de ne prêter ni emprunter aucun matériel, d’utiliser un sceau unique par cheval et de le remplir directement au robinet, d’éviter les contacts rapprochés entre les chevaux et d’éviter de caresser les autres équidés. Au retour de l’événement, il est ensuite important de bien nettoyer son van ou son camion, de ne pas les garer dans l’écurie pour ne pas y amener directement une maladie, d’effectuer une surveillance rapprochée du cheval pendant au moins dix jours (avec prise de température quotidienne) ou de le placer en quarantaine, et, encore une fois, d’isoler les chevaux sensibles. Des gestes qui, évidemment, peuvent paraître contraignants et ne sont, de fait, pas encore appliqués par tous. Pourtant, comme le souligne Marie Delerue, afin d’éviter la transmission des maladies, « il est indispensable d’agir collectivement ».

Crédit photo : Pixabay.