Comme Il Faut, l’excellence en héritage – Partie 1
Telle une étoile filante dans la galaxie des étalons, le si bien nommé Comme Il Faut file à la vitesse de la lumière vers l’élite mondiale des reproducteurs. À seize ans, il intégrait le top 20 des meilleurs pères de gagnants internationaux, et ce n’est très certainement que le début.
La fée des bons gènes s’est penchée sur le berceau du jeune Comme Il Faut, Westf. En effet, avoir comme père Cornet Obolensky, Bwp et comme mère Ratina Z, Han (Ramiro Z, Holst), excusez du peu, mais c’est un bon démarrage dans la vie. La championne Ratina Z est une légende des sports équestres. Elle a tout gagné, d’abord avec le Néerlandais Piet Raymakers pour le compte de son naisseur, Léon Melchior, et a notamment été médaillée d’or par équipe et d’argent en individuel aux Jeux Olympiques de Barcelone en 1992. Le Kaiser allemand, Ludger Beerbaum, fait ensuite acheter la carrière sportive de Ratina Z à sa fidèle propriétaire, Madeleine Winter-Schulze. La bouillonnante baie lui a ainsi permis de décrocher l’or olympique par équipe aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996. De très nombreuses victoires en Grand Prix ont suivi, dont le mythique Grand Prix d’Aix-la-Chapelle. Un palmarès unique dans l’histoire des sports équestres. En 1999, Ratina Z prend sa retraite sportive et reste définitivement à Riesenbeck, chez Ludger Beerbaum, qui souhaite par-dessus tout garder auprès de lui sa championne. Un accord a donc été conclu entre Ludger Beerbaum et Léon Melchior pour se partager la carrière à l’élevage de la jument du siècle.
Le croisement de tous les espoirs
En 2004, le jeune étalon Bwp gris Cornet Obolensky, alors âgé de cinq ans, est basé aux écuries Beerbaum. Son propriétaire ukrainien fonde de très grands espoirs sur ce jeune champion et ne lésine pas sur les moyens pour lui donner toutes les chances de réussir. Il rêve de croiser Cornet avec Ratina, qui est sur place et qui ne donne plus d’embryon depuis trois ans. Ainsi, âgée de vingt-deux ans, Ratina est inséminée avec la semence fraîche de Cornet Obolensky. Il est décidé de limiter les manipulations pour optimiser les chances de gestation, et Ratina portera donc elle-même. Le petit poulain bai naît au printemps 2005 à Riesenbeck et est inscrit au stud-book allemand de Westphalie.
À noter que Cornet Obolensky deviendra par la suite un grand performer en devenant champion d’Europe par équipe avec Marco Kutcher. Mais c’est en tant que père de gagnants qu’il devient une superstar mondiale. Cornet est aujourd’hui une des grandes valeurs sûres de l’étalonnage mondial et truste les podiums de classements d’étalons.
La lignée maternelle d’Heureka
En 1970, l’Allemand Hermann Schridde gagne l’emblématique Grand Prix d’Aix-la-Chapelle avec une jument baie alors âgée de dix ans, nommée Heureka, Han (Ganeff). Léon Melchior, qui débute un programme d’élevage ambitieux basé sur les résultats sportifs et non le modèle (conception très novatrice dans le contexte de l’époque !), se dit qu’une gagnante du mythique Grand Prix allemand, c’est ce qui se fait de mieux, et jette donc son dévolu sur Heureka. Excellent choix, nous direz-vous ! Effectivement, Heureka devient à l’élevage une jument fondatrice, à l’origine d’une lignée maternelle européenne majeure.
Le premier produit d’Heureka est l’étalon Goliath Z, Rhein (Graf Gotthard Z), qui n’est autre que le grand-père de Goldefever I, Han (Grosso Z), champion olympique par équipe à Sydney en 2000 avec Ludger Beerbaum. Mais le bon croisement, c’est celui qui a suivi, avec le grand chef de race français Almé. Le stud-book Hanovrien impose que les produits inscrits aient leurs noms qui commencent par la première lettre du nom du père. Donc un A pour la fille d’Almé et d’Heureka Z. Et c’est ainsi qu’une certaine Argentina Z a vu le jour à Zangersheide en 1977. Bien qu’issue de deux parents bais, Argentina Z est alezane. La robe alezane, que reproduit très souvent Comme Il Faut. Le propre frère de cette jument, Ahorn Z, Han (Almé, SF) est un étalon important de la lignée mâle des “A” en Allemagne, donnant des étalons de référence comme Acord II, Holst (Ahorn Z), d’où Acorado I, Holst.
L’idée gagnante
Dans les années 80, le haras Zangersheide a dans ses écuries un autre étalon : le puissant Holsteiner Ramiro (Raimond, Holst). Toutes les femelles d’Almé nées à Zangersheide ont ainsi été croisées avec Ramiro. Et cette idée de Léon Melchior de tester à grande échelle un même croisement s’est avérée payante. Le croisement entre Ramiro et Argentina Z est ainsi reproduit six fois, donnant les trois étalons propres frères Rebel I Z, Rebel II Z et Rebel III Z. Les deux premiers sont devenus d’excellents pères de gagnants internationaux et sont recherchés en tant que pères de mère. D’ailleurs, Argentina Z a été croisée avec son propre fils, Rebel I Z, donnant l’étalon Rock Z, Han (Rebel I Z) ! Renommée Z, Han (Ramiro, Holst), autre fille d’Argentina Z, a connu le très haut niveau en participant aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996 avec l’Argentin Ricardo Kierkegaard. Fait remarquable : les deux propres sœurs, Renommée Z et Ratina Z, participent donc en même temps aux Jeux Olympiques.
Mais revenons à Ratina Z. Pourquoi ce nom ? Et bien c’est tout simplement la contraction de Ra(miro) et de (Argen)tina. Elle est initialement mise à l’élevage pour “calmer sa fougue”. Elle a ainsi deux poulains à quatre et six ans. Son premier produit est la bonne poulinière Calipa Z, Han (Cor de la Bryere, SF), à l’origine de plusieurs bons gagnants internationaux dans des épreuves 1,60 mètre. Tandis que son deuxième poulain, Rex Z, Han, est un fils Rebel I Z. Ratina Z et Rebel I Z sont frère et sœur. Rex Z est sorti jusqu’au niveau 1,60 mètre et est le père de Regina Z, formidable compétitrice sur le circuit Coupe du monde avec le Néerlandais Harrie Smolders. La ressemblance de modèle et d’attitude entre Regina Z et Ratina Z est d’ailleurs assez frappante. En 2000, naissent la même année deux étalons : Treasure Z (Dollar dela Pierre, SF) et Crown Z (Carthago, Holst). Ce dernier s’est illustré jusqu’au niveau 1,60 mètre avec Judy Ann Melchior et produit régulièrement des chevaux de haut niveau.
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Crédit photo : Eric Knoll.