Emilie Morichon : « Le Sologn’Pony a gardé son nom mais est désormais différent »
Alors que la dernière édition du Sologn’Pony s’est conclue samedi pour laisser place, dans quelques jours, à la Grande Semaine de saut d’obstacles et de hunter, Emilie Morichon, directrice de la Société hippique française (SHF) dresse le bilan de ces quelques jours de compétition uniquement consacrés au poney, revient sur les nouveautés qui ont marqué cet événement et laisse entrevoir ce que promet le prochain rendez-vous des Grandes Semaines de l’élevage. Entretien.
Le Sologn’Pony s’est conclu samedi soir. Cette nouvelle édition a été quelque peu particulière car elle a notamment été marquée par des changements de lieu et d’effectifs. Quel bilan tirez-vous de ces quatre jours de compétition ?
Le bilan est très positif. Nous avons accueilli un nombre très important de chevaux, ce qui prouve que les éleveurs ont répondu présents malgré le fait que l’événement ait, cette année, déménagé à Fontainebleau. Beaucoup ne connaissaient pas le Grand Parquet, avaient quelques appréhensions, mais en ont finalement été très satisfaits. Cela a d’ailleurs fait chaud au cœur de toute l’équipe de redécouvrir le Grand Parquet à travers les regards nouveaux de certains, qui avaient des étoiles dans les yeux en voyant les pistes, le parc d’obstacles, l’accueil des équipes (qui, je tiens à le dire, sont formidables !), etc. Je crois que les doutes ont été très vite balayés à la découverte de ce bel écrin qu’est le site de Fontainebleau. Nous avons par ailleurs pu voir de très beaux poneys, de très beaux couples, ce qui est également très satisfaisant. Nous espérons pouvoir augmenter le nombre d’épreuves fédérales l’an prochain.
Côté organisation, cela a également été un peu nouveau pour vous. Comment cela s’est-il passé ?
Comme pour toute première édition, il y a évidemment des axes d’améliorations. Cela, notamment car certaines associations de races découvraient elles aussi le site. De notre côté, nous revenions chez nous donc l’organisation d’épreuves a été assez simple. Nous étions presque à la maison, ce qui n’était pas le cas de ces associations, qui ont, de ce fait, dû prendre leurs marques, s’adapter à un site moins spacieux, revoir leurs programmes et faire face à un engouement très fort pour ces Nationaux cette année. Néanmoins, toutes ont déjà beaucoup d’idées pour améliorer cet événement l’an prochain et le bilan est très positif.
Entre les finales SHF, le National PFS, le championnat des 3 ans Sport, le National New Forest, le National Dartmoor et les épreuves fédérales, le Sologn’Pony était indéniablement le plus grand rendez-vous de cette année pour les acteurs de la filière “Poney”. Pourquoi était-il important pour vous de tous les réunir ?
Je crois que c’est l’ADN de la Société hippique française : nous sommes la maison-mère de l’élevage de chevaux et de poneys de sport et de loisir. Nous organisons le circuit de valorisation et de formation des 4-6 ans mais nous sommes également à la disposition des associations de races pour leur permettre de développer au mieux leurs programmes de sélection et pour les aider à organiser des manifestations au plus proche des utilisateurs. C’est très important pour nous.
“Pouvoir mettre en valeur au mieux les poneys de 0 à 6 ans, car ce sont eux les stars de cet événement”
Quels retours avez-vous pu avoir des éleveurs, cavaliers, associations de races et commerçants présents sur place ?
Globalement, tous étaient très satisfaits. Néanmoins, il est très difficile de comparer cette édition aux précédentes. Bien que nous ayons gardé le même nom, nous sommes bien sur deux manifestations différentes. Le parc équestre fédéral a la qualité d’avoir beaucoup de pistes et de place, ce qui n’est pas le cas du Grand Parquet. Nous avons, de ce fait, dû réduire le programme, notamment avec un nombre moins important d’épreuves sportives fédérales car nous n’avons pas la capacité d’accueillir tout ce qui existait auparavant à Lamotte-Beuvron. Lors des éditions précédentes, près de 3 000 poneys étaient accueillis, tandis que nous n’avons pu en recevoir que 1 000 cette année. Il y a donc des inconvénients mais aussi des avantages, comme celui de pouvoir mettre en valeur au mieux les poneys de 0 à 6 ans, car ce sont eux les stars de cet événement.
Parmi les nouveautés de cette année, il y a également le trophée des Jeunes pousses. Pourquoi avoir fait le choix de mettre cela en place ?
Il était très important, selon nous, de mettre en avant les couples, pas que les poneys, et notamment les plus jeunes cavaliers. Je crois que c’est quelque chose de toujours très valorisant pour les éleveurs de présenter, dans ces épreuves, leurs protégés sous la selle d’un cavalier ou d’une cavalière âgé de moins de dix-huit ans car cela prouve la praticité et le bon comportement du poney. Les retours que nous avons eu à ce sujet ont, en tout cas, été très positifs.
“Nous avons fait le choix d’ajouter une demi-journée de compétition à l’événement afin d’accueillir tout le monde dans les meilleures conditions”
Dans quelques jours, débutera la Grande semaine de saut d’obstacles et de hunter. Y aura-t-il, là aussi, quelques nouveautés ?
La nouveauté principale est la révision du programme : cette année, nous avons fait le choix d’ajouter une demi-journée de compétition à l’événement afin d’accueillir tout le monde dans les meilleures conditions. L’an passé, nous avons un peu été victimes de notre succès et, pour cette année encore, nous avons fait le choix de ne pas utiliser le terrain d’honneur, qui est en attente de réfection. Cela, car il ne faut pas oublier qu’à la différence de nombreux concours, les finales SHF, c’est plus de 150 voire 250 partants par génération sur une même piste et, comme nous voulons assurer une équité de sol à tous, il ne nous était pas envisageable de monter des parcours sur un terrain qui comporte des risques à ce niveau. Nous n’avons donc que deux pistes, ce qui nous a incité à remanier le programme et a faire débuter la compétition dès le jeudi au lieu du vendredi.
Quels seront les temps forts de cette nouvelle édition de la Grande Semaine ?
Les premiers sacres auront lieu samedi, avec les Cycles libres 1, pour les chevaux de 4 et 5 ans, tandis que les Cycles libres 2 et 3 couronneront leurs champions dimanche. Suite à cela, aura lieu un événement qui nous tient très à cœur : le grand cocktail SHF offert à tous. Il sera suivi d’un Kahoot, un jeu convivial qui permettra de confronter les connaissances de tous les acteurs des circuits SHF. C’est un moment qui va permettre, en toute convivialité, de rendre la SHF accessible. Pour nous, ces finales sont le meilleur endroit pour avoir les retours du terrain, et ces derniers sont très importants pour nous. Nous essayons donc d’être les plus disponibles possible. La journée, tout le monde court, et le soir, ces moments sont l’occasion d’être plus posés et d’échanger.
“Il y a un engouement de plus en plus fort pour le hunter et nous nous en réjouissons”
Combien de chevaux sont attendus pour ce rendez-vous devenu, au fil du temps, un immanquable pour de nombreux acteurs de la filière ?
Jusqu’à dimanche, pour les Cycles libres, nous totalisons plus de 600 partants. Dès lundi prochain, nous enchaînons avec l’Évènement femelles du stud-book Selle Français, pour lequel 80 juments de 2 et 3 ans sont attendues. Ensuite, les épreuves réservées aux jeunes chevaux de 4 ans débuteront mardi et ils seront 250. Il y aura également 325 chevaux de 5 ans et 250 chevaux de 6 ans. Ces chiffres-là sont les mêmes que l’an passé, à l’exception de ceux qui concernent les 5 ans. Nous avons fait le choix d’enlever 25 places dans ces épreuves afin d’assurer un timing raisonnable cette année. Il avait été beaucoup trop intense l’an passé et nous avons donc diminué un tout petit peu les quotas. Les épreuves réservées aux 7 ans connaissent une grande affluence cette année, ils ne seront pas moins de 140 dans cette catégorie d’âge. Il y a encore quelques éditions, ils n’étaient que 90. Enfin, il y aura plus de 120 partants en hunter, un record également. Cela fait donc beaucoup de chevaux. J’imagine bien qu’il y a malgré tout des déçus, qui n’ont pas réussi à se qualifier et qui auraient aimé participer à ce grand rendez-vous mais c’est une finale, avec des sélections, et tant que nous n’aurons pas de troisième terrain, nous ne pourrons pas accueillir plus de chevaux.
Comment expliquez-vous ce record en hunter ?
Nous avions passé la barre des 100 engagés l’an passé et cette année, nous dépassons celle des 120. Il y a un engouement de plus en plus fort pour le hunter et nous nous en réjouissons. Je pense que, d’une part, cela est dû au fait que la discipline se développe au niveau fédéral, ce qui entraîne une plus grande demande de chevaux pour la discipline en France mais également à l’export. Par ailleurs, je crois que beaucoup d’éleveurs ont compris l’intérêt du hunter dans la formation des jeunes chevaux et poneys, même s’ils ne sont pas destinés, à terme, à cette discipline. Cela nécessite une certaine rigueur et un certain niveau de dressage, qui rendent les chevaux et poneys plus accessibles aux amateurs et montrent leur facilité d’utilisation.
Cette année, le Sologn’Pony, la Grande Semaine de saut d’obstacles et de hunter ainsi que la Grande Semaine de dressage auront lieu à Fontainebleau. L’idée est-elle, à terme, de réunir toutes les disciplines sur un même site ?
Aujourd’hui, ce n’est pas au programme. Nous ne fermons pas la porte à quoi que ce soit mais les trois finales ne se tenant pour le moment pas à Fontainebleau ont bien trouvé leur place là où elles sont. Le concours complet est bien ancré à Pompadour, avec son cross unique qui permet de bien préparer les chevaux au Mondial du Lion grâce à son dénivelé et de filmer l’ensemble du cross d’un même endroit. La capitale du concours complet pour les jeunes chevaux est indéniablement Pompadour, l’événement fêtera cette année sa 30e édition là-bas, et il n’est pas du tout prévu qu’il se déroule ailleurs. En ce qui concerne l’endurance, le berceau de l’élevage pour cette discipline se situe plutôt dans le Sud de la France donc Uzès devrait continuer à accueillir ces finales. Enfin, pour l’attelage, nous nous sommes cette année associés à la Fédération française d’équitation (FFE) qui organise, en parallèle de la Grande Semaine, les championnats du monde Jeunes chevaux. Ils auront lieu pour la première fois en France et nous avons fait le choix d’organiser notre événement là-bas, en même temps, afin d’offrir aux jeunes chevaux français une belle vitrine internationale.
Pour retrouver toutes les informations utiles concernant la Grande Semaine de CSO et de hunter, cliquez ici.
Crédit photo : Coll. SHF.