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Hermione Idéale… jument idéale

Danielle Para 11 octobre 2023

Terminer vice-championne de France des juments de six ans, un fait rarissime pour une demoiselle
du sud de l’Hexagone. C’est pourtant ce qu’a accompli Hermione Idéale (Rock’n Roll Semilly) en réalisant quatre parcours sans pénalité sous la selle du Fuvelain Arnaud Chiavassa à Fontainebleau pour clore sa superbe saison.


Les éleveurs Annick et Jean-Armand Robinet ont créé dans la Sarthe l’élevage Idéal. « Nous l’avons
appelé ainsi en hommage à un cheval que montait mon mari en concours complet : Espoir Idéal
», nous a confié Annick. Le couple a tenu un centre équestre et fait un peu d’élevage. Aujourd’hui à la retraite, il a choisi de ne conserver qu’une poulinière, Diva Idéale (Quinoto Bois Margot x O Malley). « Nous procédons par transfert d’embryon, la jument est inséminée ici par notre vétérinaire, puis le transfert se fait généralement au Haras de Semilly. Nous récupérons les mères porteuses lorsqu’elles sont confirmées pleines et nous les gardons jusqu’au sevrage. Les poulains restent avec nous jusqu’à trois ans. Ils sont manipulés et participent aux concours de Modèle et allures. Ensuite, nous les confions pour le débourrage à Antoine Lebourgeois et Matthieu Doose du Haras des Hayes. C’est par leur intermédiaire qu’Elise Roman a trouvé Hermione. 2023 a été une très bonne année : outre les résultats d’Hermione, nous avons deux produits de cinq ans qui ont été vendues pour le haut niveau. Itot Idéal (Diamant de Semilly) est parti en Belgique et Iphigénie Idéale (Quebracho Semilly) est en Suisse, destinée à Steve Guerdat. Nous avons aussi une pouliche de l’année qui a remporté un concours régional de foals. »

La mère et le fils

C’est sur une vidéo postée par le Haras des Hayes qu’Elise Roman a repéré Hermione et l’a achetée en début de son année de quatre ans. La jument a alors pris la route des écuries d’Arnaud Chiavassa dans le Pays d’Aix, à Fuveau (13). « Je montais la jument en cours avec Arnaud, qui la travaille régulièrement. J’ai fait les Cycles classiques à quatre et à cinq ans, avec un double sans faute au CIR. Je suis même allée à la finale des cinq ans à Fontainebleau, où Hermione m’a offert un sans faute le premier jour. Vu ces résultats, j’ai pensé que ce serait bien de participer au Cycle classique six ans, mais j’ai préféré laisser faire un professionnel. C’était une super expérience, les éleveurs sont venus la voir à Cluny et ils étaient bien sûr présents à Fontainebleau. Cette année, je vais la monter à nouveau. J’ai acheté le fils qu’elle a eu à trois ans par transfert et qui va débuter la saison des quatre ans l’an prochain. On nous a fait beaucoup de propositions pour Hermione… Mais je ne l’ai pas achetée dans le but de gagner de l’argent, j’ai donc toujours refusé de la vendre ! »

La fille de Rock’n Roll Semilly a terminé deuxième du championnat des juments de six ans sous la selle d’Arnaud Chiavassa. Ph. Coll. SHF/PSV

Un manque de chevaux confiés dans le Sud

Elise prévoit pour Karma Idéal (Ekano DKS) le même plan de carrière que pour sa maman. Elle
espère cependant que l’an prochain, la Fédération française d’équitation ne programmera pas les championnats de France Amateur en même temps que le CIR de Cluny, comme cela a été le cas en 2023. « C’est une honte », s’exclame-t-elle. « Le CIR de Cluny concerne les cavaliers amateurs avec les Cycles libres. » Arnaud a donc fait cette année une saison en Jeunes chevaux. Ce n’était pas une première pour lui, qui avait déjà eu de bons résultats dans les années 2010. « Ce qui manque dans le sud de la France, ce ne sont pas les concours. En allant en région PACA , dans le Gard et l’Hérault, on peut faire le nombre de parcours nécessaires. Pour ma part, j’ai été handicapé par l’annulation de Vidauban, ça a fait baisser la note de régularité et ça nous a, peut-être, coûté le titre… Le problème vient du manque de chevaux confiés pour la valorisation. Nous avons rencontré des éleveurs qui seraient heureux de laisser leurs chevaux au travail à des cavaliers de chez nous, mais ils veulent les voir évoluer et nous sommes loin des traditionnelles régions d’élevage de chevaux de sport…

Nous avons rencontré des éleveurs qui seraient heureux de laisser leurs chevaux au travail à des cavaliers de chez nous, mais ils veulent les voir évoluer et nous sommes loin des traditionnelles régions d’élevage de chevaux de sport

Arnaud Chiavassa

Pour la saison prochaine je vais avoir plus de jeunes, et je constate que ça se passe bien et que ça me plaît vraiment. Il y en a déjà quatre pour moi et deux pour Elise, donc c’est reparti, et nous irons peut être parfois un peu plus loin. »

Crédit photo à la une: SHF/PSV