Tous les chantiers (et sentiers) du tourisme équestre
Le 25 septembre dernier, Frédéric Bouix, délégué général de la Fédération française d’équitation depuis onze ans et passionné de tourisme équestre, a été réélu à la présidence de la Fédération internationale de tourisme équestre (FITE). L’occasion de faire avec lui un état des lieux de cette activité en France et en Europe.
C’est par le biais du tourisme équestre, qu’il pratiquait dans son Périgord natal, que Frédéric Bouix occupe aujourd’hui ses fonctions au sein de la FFE. “J’ai vraiment découvert l’équitation par le biais du tourisme équestre, avant d’être cavalier de TREC et de faire de la compétition dans cette discipline“, indique le président de la FITE fraîchement réélu, après deux premiers mandats de quatre ans. “J’ai passé mes diplômes d’accompagnateur, puis de guide dans les années 1990, avant de rejoindre la délégation nationale au tourisme équestre, l’une des trois entités qui ont fusionné pour donner naissance à la Fédération telle que nous la connaissons aujourd’hui.”
Le tourisme équestre, Frédéric Bouix en connaît les chiffres, les principales problématiques et les projets. Et pourrait sans aucun doute en parler pendant des heures. “Il ne faut pas réduire cette activité au fait de partir plusieurs jours à cheval, dans la nature“, indique-t-il. “Le tourisme équestre concerne beaucoup de cavaliers, dès lors qu’ils partent quelques heures à cheval sillonner les routes et chemins. Et même les meneurs, qui choisissent de se promener avec des chevaux attelés, s’adonnent au tourisme équestre.” Difficile de donner des chiffres précis dans ce cas de figure. Ce qu’il est possible d’avancer, c’est qu’environ 80 000 cavaliers sont licenciés à la FFE sous la bannière “tourisme équestre”. “Parmi nos 700 000 licenciés, je pense qu’on peut dire qu’il y en a au moins la moitié qui s’adonnent au tourisme équestre“, pointe Frédéric Bouix.
“Nous n’avons pas d’outils pour les dénombrer. Et puis, il y a aussi ce panel de cavaliers, généralement propriétaires de leur cheval et qui pratiquent hors structure. Ceux-là sortent complètement de nos radars.” Une chose semble cependant certaine : le tourisme équestre est pratiqué par un grand nombre de cavaliers en France, riche de sentiers balisés et d’une nature qui appelle la flânerie à cheval ou à poney !
Cheval étape : organiser sa sortie en amont
Pour permettre à ces cavaliers de s’adonner à leur loisir, des démarches ont été initiées par les clubs ou les instances, dont la Fédération. “En France, on dénombre un peu plus de trois-cent-soixante-dix centres spécifiquement labellisés Tourisme équestre“, explique Frédéric Bouix. “Bien sûr, il y a des clubs et des centres équestres qui proposent en plus des balades et des randonnées. La Fédération s’efforce d’accompagner chaque structure désireuse de mettre en place cette activité, parfois en plus de l’enseignement.” Outre l’accès à de l’information d’ordre juridique ou sur les différents diplômes nécessaires, la FFE a mis en place le label “Cheval étape“, qui permet aux centres de proposer l’accueil des chevaux et des cavaliers qui partent plusieurs jours. Cela permet aux cavaliers de faciliter leur organisation, de planifier plus facilement leur sortie et d’être sûrs de trouver porte ouverte pour eux et leurs chevaux. Des randonneurs à VTT ont moins de mal à trouver un accueil… Loger des chevaux, ça s’improvise difficilement. Et aujourd’hui, pas moins de huit cents établissements, centres équestres et gîtes, affichent ce label “Cheval étape”. Autre plateforme de mises en relation entre cavaliers et structures, “A cheval en France”, qui facilite le choix des séjours et des escapades.
Géocheval : une bibliothèque d’itinéraires
Autre chantier à constamment suivre pour permettre aux amoureux de la nature et des chevaux de profiter, le balisage des itinéraires. Un travail permanent pour répertorier et s’assurer de l’entretien des chemins. “En France, nous avons des milliers de kilomètres de chemin équestre, qui sont inscrits aux plans départementaux, recensés en tant que tels et protégés“, poursuit Frédéric Bouix. “Le site Géocheval, créé la FFE et le Comité national de tourisme équestre, permet de consulter tous ces itinéraires, par le biais d’une carte interactive.” Trois catégorie d’itinéraires sont ainsi répertoriés sur notre territoire : les chemins de proximité, généralement pour des promenades de quelques heures, les chemins nationaux, balisés en couleur orange, répertoriés au même titre, par exemple, que les GR, et les grands itinéraires, où il y a la notion de voyage, à l’instar de la Route d’Artagnan, qui traverse pas moins de six pays. Ce site est en accès gratuit pour le grand public et une version premium vous est réservée si vous êtes licencié(e) FFE.
FITE, rôle et missions
Au niveau international, les missions de la FITE, depuis sa création en 1975, concernent principalement la formation des professionnels du secteur, guides et accompagnateurs, ainsi que la promotion du tourisme équestre. “Certains pays, à l’instar de la France ou de la Belgique, étaient déjà très bien organisés en la matière“, souligne Frédéric Bouix. “Mais le rôle de la FITE est aussi que les différents membres partagent leurs expériences, et mettent leur savoir et leur savoir-faire au service des autres.” Le président de la fédération situe un tournant dans son histoire dans les années 1980, avec l’émergence du TREC. “Cette discipline, qui mêle finalement la passion du tourisme équestre à la compétition a été très fédératrice. La FITE a organisé les premiers championnats d’Europe de la discipline, puis les premiers championnats du monde en 1998.”
Depuis les années 2010, de nouveaux sujets sont sur la table de la fédération, notamment à propos de l’itinérance à cheval. “Bien sûr, nous travaillons toujours sur les formations des accompagnants, pour les faire évoluer et améliorer les pratiques. Nous travaillons également sur les questions du déplacement à cheval en termes de réglementation. Par exemple, les règles sanitaires pour pouvoir franchir une frontière à cheval. Avec le développement de grands projets telle la Route d’Artagnan, ces thématiques sont importantes.” En 2022, la FITE a notamment officiellement obtenu le statut participatif auprès de l’Accord élargi sur les Itinéraires culturels du Conseil de l’Europe. “Cela signifie qu’elle peut être consultée dans la création de nouveaux itinéraires à vocation culturelle, qui sont labellisés par le Conseil de l’Europe“, détaille Frédéric Bouix. “Notre volonté est de développer le tourisme équestre dans chaque pays et cela passe par la promotion, bien sûr, mais également la mise en place de facilités de pratique, avec les outils adéquats. Pour cela, une collaboration entre les pays est évidemment nécessaire.“