Forsazza de Malleret, la relève de TSF Dalera ?
Depuis quelques années, Forsazza de Malleret évolue sous la selle de la numéro un mondiale de dressage, Jessica von Bredow-Werndl. Forsazza, née chez Paul Schockemöhle, a été achetée à deux ans par l’éleveur français Gérald Martinez, qui a initié une collaboration avec la talentueuse cavalière allemande.
Voir une jument que l’on a choisie, que l’on a su attendre et formée doucement, sous la selle de l’actuel(le) numéro un mondial(e) de n’importe quelle discipline, est sans doute le rêve de tout éleveur ou propriétaire. Et Gérald Martinez, à la tête du haras de Malleret (33), reconnaît bien volontiers que c’est une très belle récompense que de voir la fille de For Romance, Old, Forsazza de Malleret, évoluer avec Jessica von Bredow-Werndl. Le couple a glané sa première victoire en Grand Prix Special il y a quelques jours, dans le CDI3* de Wiener Neustadt, en Autriche.
Une première rencontre à Equita, en 2019
Une vraie satisfaction pour Gérald Martinez, heureux de voir son ancienne protégée aux commandes de celle qui en est tombée amoureuse. Et qui en a fait l’acquisition en 2020. “J’ai rencontré Jessica à Equita Lyon en 2019“, se remémore Gérald Martinez. “J’aimais beaucoup son équitation, sa façon de faire, en légèreté, et je souhaitais que nous puissions travailler ensemble. A Equita, je lui ai fait voir quelques vidéos de chevaux qui étaient au haras. Elle a été emballée par leur qualité, et elle est venue quelques jours plus tard à Malleret. Elle y a séjourné quarante-huit heures afin d’essayer des chevaux. Comme nous en étions au début de notre collaboration, notre accord était qu’elle accueille chez elle au travail un seul cheval, pour le valoriser et lui apporter son expérience. Son choix s’est portée sur Forsazza, qui a rejoint son écurie.“
Pendant quelque temps, Gérald Martinez, en tant que propriétaire, rétribue Jessica pour le travail et les soins qu’elle apporte à sa jument. Jusqu’au jour où l’amazone le contacte pour lui demander d’acheter Forsazza. “Jessica est tombée amoureuse de la jument, elle m’a dit que quelque chose de spécial se passait entre elles. Qu’elle y croyait beaucoup.” Après quelques négociations, la commercialisation se fait. Gérald Martinez en est ravi, pas seulement pour le côté sportif. “Si je me suis rapprochée de Jessica, c’est bien sûr parce que c’est une excellente cavalière, mais il y a d’autres éléments qui sont entrés en compte. J’aime ses méthodes, j’aime sa philosophie et son travail dans le respect des chevaux. Quand on la voit entraîner ses montures, elle demande, l’espace de quelques foulées, un piaffer, un rassemblé, puis elle relâche, libère et récompense. Elle joue avec les chevaux plutôt qu’elle ne les contraint. Pourtant, la discipline du dressage est extrêmement exigeante, mais Jessica est parvenue, dans le travail, à un point d’équilibre que j’aime beaucoup et que nous nous efforçons d’atteindre à Malleret. Aucun de nos chevaux ne doit jamais être contre le cavalier, trop contraint, car c’est contre-productif. En vendant Forsazza à Jessica, je savais qu’elle serait entre de bonnes mains, bien soignée et qu’elle irait par exemple beaucoup en extérieur, car c’est ainsi que le système de cette cavalière est construit.“
Lorsqu’il a fait l’acquisition de cette jolie jument noire, Gérald Martinez imaginait-il qu’elle irait sous la selle de Jessica von Bredow-Werndl ? Avec les chevaux, les choses ne sont pas souvent prévisibles, surtout lorsqu’ils sont jeunes ! “Quand j’ai imaginé Malleret, j’ai beaucoup travaillé, j’ai appris tout ce qu’il était possible en termes de génétique de chevaux de dressage. Cela m’a amené à regarder la production qualiteuse de l’Allemand Paul Schockemöhle, incontournable en la matière.”
Une locomotion qui attire l’oeil de Gérald Martinez
En 2015, c’est lors d’une vente organisée par ce dernier, que Gérad Martinez achète Forsazza. “J’aimais bien ces présentations de foals et de chevaux de deux ans, présélectionnés pour être vendus“, pointe l’éleveur. “Quand j’ai vu Forzassa, je ne vais pas vous mentir, ce n’était pas la plus jolie. En revanche, elle avait une excellente locomotion, elle bougeait très bien et montrait beaucoup de souplesse. J’étais un peu inquiet par son origine maternelle, Sarkozy, Han, dont on dit qu’il transmet un caractère parfois un peu difficile. Mais le père de la jument, For Romance, est connu pour avoir bon mental. Cela a permis de compenser, car Forsazza est une jument qui a du coeur, elle est très attachante.”
A deux ans, la fille de For Romance arrive donc à Le Pian-Médoc, en Gironde, au haras. “Nous avons pris beaucoup de temps avec Forsazza, car elle était assez tardive. Le débourrage s’est fait lentement, et nous y sommes allés étape par étape dans le travail. Nous avons cependant rapidement vu qu’elle avait de vraies belles aptitudes. Elle était comme une balle de ping-pong, avec beaucoup d’énergie. Mais elle était très sensible aussi, c’est quelque part ce qui fait sa grande qualité.” L’équipe du haras de Malleret, sous la houlette de Gérald Martinez, choisit de ne pas faire sortir la jument en compétition. “Sa place n’était pas sur des concours Jeunes chevaux, cela n’aurait pas été constructif, elle était trop sensible, c’est une jument qu’il fallait attendre, clairement destinée au haut niveau. D’ailleurs, quand elle a été confiée à Jessica, c’est une monture neuve qui est passée sous sa selle, pas du tout surexploitée, comme beaucoup de chevaux le sont malheureusement.“
Si Gérald Martinez ne connaît pas la suite de l’aventure, ni les résultats à venir, il espère voir Jessica von Bredow-Werndl briller avec Forsazza de Malleret. “Pourquoi pas les Jeux de Paris, ou Los Angeles en 2028 ?“, interroge l’éleveur. “Certains disent que Forsazza pourrait prendre la suite de TSF Dalera. C’est bien évidemment tout ce que je souhaite, car je sais avant tout que la jument est bien dans les écuries de Jessica.“