L'E
L’Expérience

Christian Bihl : « De vrais mâles, des étalons faits en pères »

Sylvia Flahaut 12 avril 2023

La famille Bihl, à la tête de l’élevage de Vains, fait naître chaque année de multiples chevaux dont bon nombre évoluent à haut niveau. Sixtine, Destinée, Alanine et Garance représentent entre autres le savoir-faire de Christian, Véronique et de leur fils Jean-Baptiste, qui échangent bien volontiers chaque hiver sur leurs choix de croisements. 

Combien de poulains faîtes-vous naître chaque année ? 

Beaucoup trop (rires) ! Environ une vingtaine par an.

Sur quelles souches maternelles s’appuie votre activité d’élevage ? 

J’ai d’abord la souche de Gerbe d’Or, avec Isoline III (Damoiseau d’Or), une jument que j’ai achetée à deux ans à Albert Lebrun. Isoline, qui a tout de suite été mise à l’élevage, est notamment la mère de Sixtine de Vains (Calvaro, Holst), qui a évolué à haut niveau  sous la selle de Ben Maher. Sixtine est la mère de Byzance de Vains (Ogano Sitte, sBs), la mère de Garance, vice-championne du monde des 6 ans à Lanaken en 2022. Nous avons encore une fille d’Isoline à l’élevage, Florentine de Vains (Nabab de Reve, sBs), et deux filles de Byzance : Irène de Vains (Clarimo, Holst) et Insolance de Vains (Balou du Rouet, Old). Je dispose également de la souche de Ballerine III, via sa fille Quolombia (Galoubet A). Ballerine III est la grand-mère de Sophie du Chateau (Galoubet A). Quolombia est donc une tante de Sophie. Filadelphia de Vains (Cornet Obolensky, Bwp), que nous avons à l’élevage, est une petite-fille de Quolombia. Nous pouvons également compter sur la souche d’Aurore de Balme (Narcos II), qui est une souche de l’Est de la France. La fille d’Aurore, Mutine de Vains (Adelfos, SESF), nous a notamment donné Alanine de Vains (Allegreto), qui a tourné sous la selle de Nicolas Delmotte et qui est désormais sous celle de McLain Ward. Héroïne de Vains (Diamant de Semilly), fille d’Alanine, est toujours à l’élevage. Dans cette souche, nous élevons également avec Rivière de Vains (Robin II Z), une fille d’Aurore. Parmi les lignées maternelles que nous travaillons, nous avons aussi celle de Baladine du Mesnil, via Saga des Nauves (Dollar dela Pierre). La fille de Saga, Destinée de Vains (Untouchable, KWPN), a tourné sous la selle de Mark McAuley et nous avons sa propre soeur à l’élevage, Juvenilia de Vains, ainsi que sa fille, Junon (Cornet Obolensky, Bwp). Parmi nos souches, nous avons également celle de l’étalon Carnute, grâce à Heidi de Vains (Kannan, KWPN), dont la mère, Helvetii (Obéron du Moulin), est la propre sœur de Carnute. Dans cette souche, nous avons une autre fille d’Helvetii, Shirley du Reverdy (Robin II Z), qui nous a donné Fashion de Vains (Quidam de Revel). Et puis, dans l’idée de diversifier nos souches maternelles, nous avons fait quelques acquisitions ces dernières années. Ainsi, cette saison, nous allons pouvoir inséminer Kera de Vains (Heartbreaker, KWPN), dont la troisième mère est Usha van’t Roosakker et que nous avions achetée embryon. Nous avons eu la chance d’avoir une femelle ! Lors des ventes Fences il y a trois ans, nous avons également fait l’acquisition d’Utrella van de Helle, qui était alors pouliche. Ce fut le top price de l’événement. Utrella est une fille de Diamanthina van’t Ruytershof, la sœur d’Emerald. C’est une souche dont nous sommes très fiers. Utrella va être inséminée pour la première fois cette année. Et puis, autre nouvelle souche, celle de Jumpy de Kreisker. Il y a trois ans, nous avons acheté un autre embryon, qui a donné une pouliche, petite-fille de Jumpy. Nous l’avons baptisée, avec l’accord de Guillaume Ansquer, Kreisker de Vains, comme un clin d’œil. C’est une fille de Conthargos, Old. Enfin, nous pouvons compter sur la souche de Fanny du Murier (Laudanum, PS), mère entre autres de Rahotep de Toscane (Quidam de Revel), grâce à Electre du Lozon (Mylord Carthago), une jument que nous avons achetée à Laurent Vignaud. 

Quels sont vos choix d’étalons pour cette saison ? 

Pour Rivière de Vains, de la souche d’Aurore de Balme, et Fashion de Vains, de la souche de Carnute, je vais aller à Balou du Reventon, Old. C’est un crack cheval, un excellent compétiteur qui a réussi à haut niveau avec plusieurs cavaliers différents. Et puis, il a un beau pedigree et j’accorde de l’importance à la souche maternelle de l’étalon. Je vais mettre l’étalon maison Fahrenheit de Vains à Shirley du Reverdy, également de la souche de Carnute. Brise de Vains (Kannan, KWPN), de la souche d’Aurore de Balme, va aller à Justinien de Vains, un jeune fils étalon de Byzance. Dans cette même souche, celle d’Aurore, Héroïne de Vains sera mariée à Vagabond de la Pomme, sBs. Ardrock de Vains, fille de Rock de Vains (Robin II Z), de la souche de Quolombia, ira à Eldorado van de Zeshoek, Bwp. Dans la souche de Quolombia, Filadelphia, sa petite-fille, va aller à Colore, Holst. Byzance, la mère de Garance, va aller cette année à Uriko, Holst, étalon pour lequel j’ai eu un vrai coup de cœur, et Electre du Lozon à Ermitage Kalone. Irène, fille de Byzance, va aller à Cornet du Lys, Westf, un cheval que j’aime beaucoup. J’ai eu un véritable coup de foudre pour lui lors du salon des étalons de Saint-Lô. Il a de la présence, des allures hors-pair. L’autre fille de Byzance, Insolance, va aller à Dollar du Rouet, ce qui me permet de réaliser l’excellent croisement Baloubet x Chacco-Blue en deuxième génération. Toujours dans la souche d’Isoline, sa fille, Florentine, ira à Kasanova de la Pomme, Bwp. Dans la souche de Baladine du Mesnil, Juvenilia ira à Stakkatol, Old, et Junon à Apardi*GFE, KWPN. Notre trois ans, Kera, de la souche d’Usha van’t Roosakker, ira à Suspens Floreval. J’aime beaucoup le cheval, il a un superbe modèle, du rayon et je retrouverai ainsi le croisement Clinton x Heartbreaker, qui a notamment donné Cornet Obolensky. Utrella, fille de Diamanthina, ira à Stakkato Gold, Hann, et notre Kreisker de Vains à Mylord Carthago. 

Que recherchez-vous à faire apparaître comme qualités chez vos chevaux ? 

Mes choix de croisements comportent de multiples critères. D’abord, j’essaie d’établir une complémentarité physique. À une jument qui manque d’amplitude, je vais amener un étalon avec du rayon. J’ai la chance d’avoir une jumenterie près du sang, alors je m’efforce surtout d’aller chercher du modèle et de la force chez les mâles. Je suis également sensible à leur pedigree et aux classements mondiaux. Et puis, pour la commercialisation certains reproducteurs sont plus à la mode que d’autres, c’est aussi à prendre en compte. La longévité d’un étalon ainsi que ses performances sont également importantes à mes yeux. Pour moi, il faut du sang et du respect, c’est primordial. Les parcours actuels sont vraiment très techniques, très légers et il faut des chevaux adaptés à cela. Et puis, il faut aller sauter 1,60 mètre, alors la force doit être là et dans mes choix d’étalons, je recherche des vrais mâles, des chevaux faits en père.

Photo : Christian Bihl a souhaité diversifier ses souches maternelles ces dernières années et a acheté embryons et pouliche. Certaines juments vont être inséminées pour la première fois cette année. Crédit : A. Bonnemains.