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L’endurance bellifontaine en danger

Béatrice Fletcher 17 octobre 2023

Du 13 au 15 octobre derniers, lors de son édition internationale d’automne, outre des CEI1* à 3*, Grand Parquet Endurance accueillait les championnats de France, la finale du Top 7 et le championnat régional d’Île-de-France. Retour sur un rendez-vous qui pourrait cependant bien être le dernier…

Au soir des trois jours de compétition, l’ambiance était festive au Grand Parquet autour des nouveaux champions de France d’endurance. Parmi eux, Camille Coulomb, qui s’adjugeait avec Bjez la Majorie le Master 160, Kenza Bettefeld, gagnante du Master 120 avec SW Joystick, et Emma Gimenez, qui remportait le Top 7 aux commandes de SW Jorka. En coulisses, on notait pourtant une pointe d’amertume, en raison d’une interdiction de l’Office national des forêts (ONF) de poursuivre cette aventure qui voyait le jour voilà douze ans. Après avoir été compétiteurs dans la discipline pendant plusieurs années, puis s’être impliqués dans l’organisation de compétitions nationales et internationales, Caroline et Gilles Cabardos relevaient le défi d’organiser une course d’endurance internationale au Grand Parquet de Fontainebleau dès mars 2011, puis deux éditions annuelles à partir de 2015, pour quelque six cents chevaux par an. « Au départ, la préfecture, la gendarmerie et l’ONF nous regardaient avec des yeux ronds, mais finalement nous avons obtenu toutes les autorisations nécessaires », se remémore Gilles. « Au gré des éditions, la direction de l’ONF s’est montrée dans l’ensemble très bienveillante. Mais, depuis trois ou quatre ans, nous sentons de leur part une forme de réticence. Ils nous ont reprochés, à tort, d’endommager des barrières ou de rouler trop vite dans les chemins. Nos échanges se déroulent dans un climat de défiance et d’opposition permanents, en dépit de tous les efforts consentis pour nous plier à leurs attentes et exigences, notamment sur la révision des itinéraires. » 

« Au gré des éditions, la direction de l’ONF s’est montrée dans l’ensemble très bienveillante. Mais, depuis trois ou quatre ans, nous sentons de leur part une forme de réticence. »

Gilles Cabardos

En octobre 2022, un incident se produit lors d’une course dans le cadre d’une classe verte, autorisée par l’ONF. Parmi un groupe d’enfants – non encadré – l’un d’eux, bousculé par un cheval sur un chemin, est victime d’une fracture du pied. « Quelques semaines plus tard, nous étions informés par l’ONF que nos événements étaient remis en question », indique Caroline Cabardos. « Le 4 juillet dernier, nous avons été convoqués au siège de l’ONF, où nous avons été informés que l’édition d’octobre serait la dernière. Suite à cette information, nous avons sollicité la Fédération française d’équitation, qui nous a confié l’organisation des championnats de France 2024. Frédéric Bouix, délégué général, a fait parvenir un courrier à l’ONF qui a répondu accepter à titre exceptionnel cette prochaine échéance, sous réserve que la FFE s’engage à ne plus répondre favorablement à aucune demande d’autorisation de notre part pour programmer un événement à l’avenir. Autrement dit, il ne nous sera plus possible à l’avenir de déposer le moindre dossier d’organisation. »

« Envisager une suite à cette aventure de plus de dix ans »

Gilles juge ces conditions inacceptables. « Actuellement il s’agit d’un dialogue entre l’ONF et la FFE. Dans les prochaines semaines, notre souhait est d’être conviés à de nouvelles discussions dans un esprit d’apaisement pour tenter d’envisager une suite à cette aventure de plus de dix ans, qui a déjà permis de révéler nombre de bons chevaux et d’assurer des sélections pour les grandes échéances. Nous espérons pouvoir compter sur nos appuis, ainsi que sur ceux de l’ASEEF (Association de soutien à l’endurance équestre française, ndlr), qui a choisi de défendre ce dossier. Nous sommes bien sûr prêts à revoir notre organisation si nécessaire. Les dates des 22 et 23 mars, ainsi que des 18 et 19 octobre 2024 ont été déposées. » Si cette décision d’interdiction était entérinée par l’ONF, outre les organisateurs et cavaliers, la déception sera sans doute ressentie avec une amertume particulière parmi les indispensables quatre-vingts bénévoles qui ne ménagent ni leur temps ni leurs efforts pour faire de ces deux événements annuels une réussite…

Crédit photo à la une: Béatrice Fletcher