Olivier Jouanneteau : « Des chevaux qui sautent, avec un modèle »
Ancien cavalier de haut niveau, étalonnier et éleveur, Olivier Jouanneteau, à la tête du haras de Villers, a un regard avisé sur les exigences des sports équestres et a réalisé bon nombre de croisements avec des chevaux qu’il a eu sous sa selle, à l’instar de l’inoubliable Uélème ou d’Happy Villers.
Combien de poulains faites-vous naître chaque année ?
Entre quinze et vingt, mais je suis généralement plus près de vingt.
Quelles sont les souches maternelles sur lesquelles vous basez votre activité ?
Il y a bien sûr celle d’Uélème (Nelfo du Mesnil x Pontecoulant), qui a tourné à haut niveau et qui est par exemple la mère de Bibici (Norman Pré Noir), la jument de Grégory Cottard. Aujourd’hui, je produis avec ses petites-filles et arrière petites-filles, dont Ma P’tite Lulu (Quidam de Revel), Tandeme (Norman Pré Noir), Parlameme (Happy Villers) ou encore Gemme (Maloubet de Pléville). Je dispose également de Perle du Lunain (Adelfos x Nidor Platière), dont la mère appartenait à François Fabius, avec lequel j’étais associé sur les poulains. J’avais également la sœur utérine de Perle, Nina du Lunain (Quick Star x Nidor Platière), avec laquelle j’ai couru jusqu’en épreuves 1,40 mètre. Lorsqu’elle est morte, j’ai fait le choix d’acheter une pouliche de trois ans aux ventes Fences, Mathilda Villers, dont la mère est par Quick Star, car j’aime beaucoup cette origine. Ainsi, Mathilda (Messenger, Hann x Quick Star) est une autre de mes souches maternelles. Sa mère, Evening Star III, est une propre sœur de la jument de Meredith Michael Beerbaum, Stella, avec laquelle elle a tourné en épreuves 1,60 mètre. Mathilda a tourné jusque sur 1,40 mètre avec mon fils Thibaut. Et puis, parmi mes bonnes souches maternelles, j’ai également Hanais Villers (Quidam de Revel x Calvaro, Holst), qui appartient à Eric Navet. Quand il est parti aux États-Unis, Eric me l’a confié et nous sommes tombés d’accord sur le fait de nous partager les poulains. Harnais a pour grand-mère Carina de Surcouf (Surcouf de Revel), issue de la souche de Manuela, celle du Château.
Sur quels étalons se portent cette année vos préférences et pour quelle(s) souche(s) ?
J’ai rentré cette année Taalex, BAVAR, et je vais l’utiliser. Car quand je rentre un étalon, c’est que j’y crois. Taalex est un super cheval qui a peu produit. Il a gagné avec le fils Verlooy, avec Grégory Wathelet et c’est notamment le père de Freud de Kreisker. Pour une production confidentielle, elle semble très qualiteuse. Et comme Taalex est à la maison, je vais l’utiliser en frais, ce qui est appréciable pour inséminer des juments d’âge et faire des transferts d’embryons. Je pense que Taalex, qui est un fils de Tangelo van de Zuuthoeve, Bwp, va aller aux filles d’Uélème, Ma P’tite Lulu, Parlameme et Tandeme. Cette année, je vais également aller à Apardi, KWPN, un étalon que j’avais déjà remarqué avant que le Groupe France Elevage ne le propose. Je pense qu’il va aller à Gemme Villers (Maloubet de Pleville), une fille de Tandeme. Sur Tandeme, je vais également utiliser El Barone 111 Z, car c’est un cheval qui interpelle lorsqu’il saute. Je vais aussi aller au père d’El Barone, Emerald van’t Ruytershof, Bwp, pour Hanais Villers, qui sera également en transfert d’embryon avec Pegase van’t Ruytershof, Bwp. Ce dernier, dont j’aime vraiment le modèle, ira aussi à Iroise Villers (Balissimo, Old), une fille de Perle du Lunain. Du côté de la souche d’Uélème, je vais également mettre Comme Il Faut, Westf, à Ma P’tite Lulu. Comme Il Faut amène du modèle et de la taille. Quant à Golenska Villers (Cornet Obolensky, Bwp), petite-fille d’Uélème, elle va aller à Junior du Seigneur, sBs. Golenska est un peu longue, avec beaucoup de sang. Junior est un cheval assez court, classique avec beaucoup de force dans le dos. Je vais également mettre Voyageur of Lulu (Armitage, Old), un fils étalon d’Uélème, sur Golenska. Voyageur ira également sur Mathilda Villers cette année. C’est un cheval qui avait un très beau modèle et beaucoup de force dans le dos. Et puis, il me reste des paillettes d’Happy Villers, que j’ai monté plusieurs années et qui est un fils de Quidam de Revel – dont j’aime beaucoup le sang – sur la souche d’Opaline des Pins, la mère de l’étalon Shogoun II. Je pense que je vais l’utiliser cette année.
Quelles qualités cherchez-vous à faire ressortir chez vos poulains ?
Pour moi, l’objectif principal est de faire des chevaux qui sautent ! Tout l’enjeu est là. Et puis, il faut également faire un modèle. On peut certes avoir des phénomènes qui mesurent 1,60 mètre au galop, avec beaucoup de sang, mais il faut les monter ceux-là ! Quand je vois la taille de mes enfants et des jeunes générations, je préfère essayer de produire des chevaux qui font au moins 1,68, 1,70 mètre au garrot. Personnellement, je me sens bien mieux sur un cheval porteur, avec du gabarit. Et, dans mes choix de croisements, j’essaie au maximum de boucher les trous, de compenser les défauts de mes juments par les qualités des reproducteurs.
Ph. Coll. Olivier Jouanneteau