Rhinopneumonie : RESPE et fédérations en alerte
Après le décès d’un cheval ayant participé à une compétition à Opglabbeek, les institutions et le RESPE, réseau d’épidémio-surveillance en pathologie équine, restent en alerte et observent avec attention la situation sanitaire en Europe et en France concernant l’épidémie de rhinopneumonie. Le RESPE rappelle que si les grands rassemblements sont sous surveillance rigoureuse, il n’en est pas de même sur les concours et autres manifestations de moindre ampleur. L’élevage toutes filières confondues apparaît ainsi comme le secteur le plus à risque, en période de monte et de concours d’élevage.
Dans le cadre de l’épidémie de rhinopneumonie (EHV-1) qui sévit actuellement et ce depuis le début du mois de février, la FEI a confimé le décès d’un cheval ayant participé à une compétition à Opglabbeek (Bel) et communiqué sur les mesures prises : “Nous souhaitons fournir à la communauté équestre un bref aperçu de la situation et des mesures qui ont été prises par la FEI, en consultation avec le comité d’organisation et la Fédération nationale belge, concernant un cas confirmé d’EHV-1 à Opglabbeek. Le cheval atteint, qui avait déjà quitté le site, a présenté des signes neurologiques d’EHV-1 à son retour à la maison, qui ont ensuite été confirmés par un test EHV-1. Le cheval est malheureusement décédé le 31 mars et la FEI suit les circonstances du décès du cheval. Plus de 30 chevaux considérés comme étant en contact avec le cheval affecté ont été bloqués dans la base de données FEI par mesure de sécurité. Cela inclut tous les chevaux qui ont peut-être déjà quitté le site. Les personnes responsables ont toutes été notifiées, ainsi que leurs fédérations nationales respectives et les vétérinaires en chef nationaux (VNH). Tous les chevaux bloqués ont été isolés et ne pourront participer à aucun événement FEI tant qu’ils n’auront pas satisfait à certaines exigences sanitaires imposées, afin de minimiser toute transmission potentielle du virus, à la fois à leurs propres chevaux et à la population équine en général. Les mesures de biosécurité obligatoires comprennent l’isolement pendant au moins 21 jours, la prise de températures rectales deux fois par jour et la réalisation de tests de laboratoire pour l’EHV-1. La sortie de l’isolement ne peut avoir lieu que sur l’avis d’un vétérinaire, et pour être “débloqué” et avoir accès aux épreuves FEI, les chevaux devront se conformer à tous les protocoles de retour à la compétition et faire lever la restriction par le Département vétérinaire de la FEI. Nous sommes reconnaissants pour la vigilance de la communauté dans toutes les questions de biosécurité et réitérons une fois de plus l’importance des exigences de santé des chevaux et la nécessité de remplir les exigences de santé des chevaux via la FEI HorseApp pour assurer la sécurité maximale de tous les chevaux en compétition lors d’événements internationaux.”
Formes respiratoires plus ou moins marquées et/ou des avortements
Quelques jours auparavant, le RESPE, après la cinquième réunion depuis le déclenchement de la cellule de crise début février, a réalisé un état des lieux de la progression de l’épidémie. ” En France, de nouveaux foyers continuent d’être enregistrés depuis la dernière réunion de la cellule. Plusieurs foyers touchent à nouveau des effectifs importants, avec une contamination notable au sein de ces effectifs. Les foyers sont isolés, les mouvements sont arrêtés au sein de la majorité des structures et des mesures sanitaires sont prises dans l’ensemble des sites recensés. Les chevaux présentent des formes respiratoires plus ou moins marquées et/ou des avortements. Depuis le début de l’épizootie, et jusqu’à ce jour, sur l’ensemble des équidés atteints en France, uniquement neuf animaux ont présenté une forme nerveuse, dont sept dans un même foyer, et deux ont dû être euthanasiés.” Quant aux chevaux rentrés des tournées du sud, la surveillance reste accrue. “Ils poursuivent leur quarantaine dans leurs écuries, dans le respect des mesures imposées par la FEI. Des mesures de biosécurité strictes sont maintenues auprès de ses organisateurs, cavaliers, vétérinaires, … sur les rassemblements FEI : réalisation d’un écouvillon nasopharyngé et d’un test PCR HVE1 négatif dans les 96h avant l’arrivée, prise de température avant, à l’arrivée et pendant les meetings, enregistrements et affichages sur les boxes obligatoires.”
L’élevage, secteur à risques
Le RESPE, par le biais de son communiqué, indique que la situation exige une grande vigilance de la part des détenteurs d’équidés, pour éviter qu’elle se dégrade : “depuis la dernière réunion de la cellule de crise, la circulation du virus de la grippe et de celui de l’herpèsvirose de type 1 reste importante et la situation n’est toujours pas stabilisée. Les foyers touchent désormais tout type d’activité, y compris les activités de course et la vigilance doit être maintenue, voire renforcée pour éviter une dégradation de la situation générale. En effet, il est à noter que si les grands rassemblements sont sous surveillance rigoureuse, il n’en est pas de même sur les concours et autres manifestations de moindre ampleur. L’élevage toutes filières confondues apparaît toujours comme le secteur le plus à risques, en période de monte et de concours d’élevage. Et il est à noter que dans la très grande majorité des cas d’avortement, il s’agissait de structures avec des activités mixtes : élevage/courses – élevage /sport ou centres équestres avec quelques poulinières.” Ainsi, il en va de la responsabilité de chacun d’observer et de faire preuve de la plus grande vigilance. “Dans ce contexte, la cellule de crise appelle à la plus grande vigilance et incite à la mise en place de mesures de précaution et à leur application rigoureuse pour toutes les activités équestres, et plus particulièrement pour les haras, les centres de reproduction, et pour tous les rassemblements, y compris de moindre ampleur (concours locaux, interclubs, etc. ).”
Mesures de précaution
Dans son communiqué, le RESPE rappelle quelques mesures à respecter pour éviter la propagation de l’épidémie :
- Mise en œuvre autant que possible de la quarantaine à l’introduction pour :
– Les nouveaux chevaux entrants et vérification stricte du statut vaccinal avant arrivée sur site (et descente du camion)
– Les chevaux revenant de concours ou de tout rassemblement
- Séparation stricte entre les différentes catégories de chevaux, tout particulièrement pour les structures ayant une activité d’élevage ; pour ces dernières, l’attention sera également portée sur les risques de contamination indirecte par le personnel ou le matériel
En cas de doute sur l’état de santé d’un animal ou sur son origine (issu d’un site confirmé grippe ou herpèsvirose de type 1) : isolement, prise de température et suivi journalier pendant a minima une semaine ; réalisation d’un écouvillon nasopharyngé et d’un test PCR avec recherche du virus de la grippe / HVE1,
En cas d’équidé symptomatique, y compris si uniquement hyperthermie dans un effectif, annulation de tout déplacement ou rassemblement, appel du vétérinaire pour la réalisation d’un écouvillon nasopharyngé pour mise en œuvre d’un test PCR pour rechercher le virus de la grippe / HVE1,
Les transports restent un élément avéré de risque d’aggravation de la diffusion du virus et de l’apparition de nouveaux foyers. Il convient donc d’être aussi attentif aux conditions dans lesquelles vont s’effectuer ces mouvements, comme cela devrait être le cas pour tout déplacement d’équidé (éviter au maximum le mélange de chevaux de structures différentes ou de statut vaccinal différent, nettoyage et désinfection du véhicule avant et après le transport…).
Enfin, dans son communiqué, le RESPE rappelle l’importance de la vaccination. “La cellule de crise renforce sa position concernant l’importance de la vaccination selon les protocoles en vigueur, et notamment dans les structures d’élevage. Si cette dernière n’est pas une garantie individuelle absolue, elle permet à l’échelle collective de réduire l’intensité de la circulation virale et des symptômes.”
Carte : RESPE