Emeric George assure la relève
Nous avons rencontré Emeric George à l’occasion du Morocco Royal Tour, un circuit qu’il a commencé à fréquenter en 2018. Si le cavalier installé dans l’Oise dispose aujourd’hui de trois bons chevaux de tête, il ne néglige pas de préparer avec soin une relève qui s’annonce prometteuse.
“Depuis 2018, j’ai participé à chacune des éditions du Morocco Royal Tour“, indique Emeric George, trente-cinq ans. “J’aime beaucoup venir au Maroc, je trouve que les conditions de compétition sont excellentes. Tétouan, Rabat, El Jadida, ce sont trois très beaux sites. Et, durant le Morocco Royal Tour, il n’y a plus grand–chose en Europe, du moins en extérieur. Du 15 septembre au 15 octobre, c’est un peu une période de transition, sans trop de concours, d’où l’intérêt de venir sur le MRT.” Emeric George indique cependant que la tournée marocaine nécessite un long voyage et que les formalités administratives pour passer d’un continent à un autre sont relativement complexes. “Les chevaux que j’ai emmenés ont participé aux trois étapes et restent ainsi au Maroc trois semaines.” Ses fidèles Calisco de Terlong (Mylord Carthago), Dune du Ru (Vagabond de la Pomme, sBs) et Diesel GP du Bois Madame (Cassius, Holst) ont ainsi couru au Maroc une fois de plus en 2023.
“Ce sont des chevaux que je monte depuis déjà un petit moment, je forme notamment Dune depuis qu’elle a sept ans“, précise Emeric George. “Ils ont fait une belle saison, et se complètent assez bien. Calisco a été castré cette année et a eu un début de saison un peu retardé. Calisco et Diesel ont participé au circuit du Global Champions Tour l’an dernier et cela a été une belle expérience. L’objectif, avec ces chevaux, est bien sûr de faire de belles épreuves, mais ils sont tous potentiellement à vendre…”
Une belle génération de chevaux de sept ans
Emeric George dispose également d’un joli piquet de chevaux de sept ans. “J’ai qualifié quatre chevaux de sept ans cette année, à Fontainebleau. Ce sont, selon moi, quatre chevaux d’avenir : il y a Gengis Kann de Londe (Kannan, KWPN), Gavroche de Rohan (Vagabond de la Pomme, sBs), Gloria Mercoeur (Cornet Obolensky, Bwp) et Graine de Star RB (President, KWPN). Il y a peut-être moins de projet d’avenir pour cette dernière, car il y a un objectif de commercialisation la concernant. Ce sont des chevaux dont je suis, pour l’essentiel, copropriétaire et en lesquels je fonde beaucoup d’espoir.”
Emeric a également de plus jeunes chevaux, des cinq et six ans, dont beaucoup appartiennent à Christophe Legue, de l’élevage du Ru. “L’idée est de créer un fonds de roulement. Il y a trois chevaux de tête aujourd’hui, ainsi que des chevaux en préparation. Je suis accompagné, pour la formation des jeunes chevaux, de Selim Ouertani, cavalier qui a été membre de l’équipe tunisienne. L’idée est de toujours préparer la suite. Trois chevaux de tête, ça me va très bien, cela permet de mettre en place une rotation et de ne pas leur faire faire des saisons trop éprouvantes… A côté de mes chevaux de tête, âgés de dix à quatorze ans, il faut un pole de cinq ou six chevaux de six, sept ans, pour préparer l’avenir. C’est la relève !“
Championnat des stud-books : “une belle expérience”
Avec l’un de ses prometteurs chevaux de sept ans, Gengis Kann de Londe, Emeric a récemment participé au trophée des stud-books, organisé pour la première année. “Edouard Coupérie a bien suivi le circuit des sept ans cette année et, en concertation avec Franck Schillewaert et le stud-book Selle Français, il m’a parlé de cette potentielle participation de Gengis Kann à Valkenswaard. Il a détecté de vraies qualités en lui, qui a vraiment fait une belle saison. J’ai trouvé le projet intéressant, j’aime les concours en équipes et je connaissais Valkenswaard pour avoir participé à l’étape du Global Champions Tour là-bas en 2022. C’est un site incroyable. Tous les ingrédients étaient réunis pour donner une belle expérience au cheval, qui le méritait.”
Emeric George garde un bon souvenir de cette compétition, notamment grâce au comportement de Gengis Kann, qu’il souhaite garder sous sa selle pour l’avenir. “Le cheval commet uniquement une petite faute le dernier jour, mais le bilan du championnat est très satisfaisant. Je m’attendais à un peu plus d’émulation, un peu plus de public, mais ce n’était que la première édition du championnat… D’un point de vue technique et sportif, en revanche, c’était formidable. Nous avons concouru dans d’excellentes conditions, avec Uliano Vezzani comme chef de piste, et il est toujours intéressant de voir comment se comportent les jeunes chevaux sur un championnat.”
Emeric George, installé entre Compiègne et Senlis dans l’Oise, a un parcours un peu atypique. “J’exerçais auparavant la fonction d’ingénieur urbaniste à l’agglomération de la région de Compiègne“, relate le cavalier. “J’étais responsable des projets d’aménagement du coeur d’agglomération. Je montais donc mes chevaux le soir, entre 19 et 22 heures. C’est une discussion avec Philippe Guerdat, au CSIO de Dublin en 2017, qui m’a amené à faire un choix dans ma carrière et a privilégier les chevaux. Philippe m’a dit que ce que je faisais était louable, que c’était déjà bien d’en être arrivé là ainsi, mais que mon système avait ses limites. Il m’a dit que si je voulais me donner une chance d’y arriver, il fallait que je me consacre entièrement à mon sport. En 2018, j’ai donc franchi le pas… “
Aujourd’hui, Emeric George indique qu’il ne regrette pas son choix. Et que le commerce est cependant nécessaire à la stabilité financière d’un cavalier professionnel. “Les gains de compétition peuvent servir à payer les charges fixes, éventuellement donner un petit bonus les bonnes années, mais c’est trop aléatoire pour baser un modèle économique là-dessus. Les frais, quand on fait du sport de haut niveau, sont importants. Après avoir décidé de m’installer comme cavalier professionnel, j’ai eu une petite phase d’adaptation, où j’étais encore ingénieur conseiller. Et aujourd’hui, je mêle sport et commerce. J’ai la chance d’avoir des partenariats fidèles, comme avec l’élevage du Ru. J’ai des clients de profils différents, mais je suis ouvert à chaque projet. Certains souhaitent se faire plaisir avec le sport, d’autres veulent vendre. Il n’y a pas de mauvais projet, le tout est de savoir dès le départ où on souhaite aller, sachant qu’un projet peut toujours évoluer en cours de route ! Et il faut un équilibre entre tout. Car vendre ses meilleurs chevaux, c’est bien, mais après, il n’y a plus de visibilité… Il faut ainsi faire vivre son écurie et maintenir un certain niveau sportif. Tout cela n’est pas toujours simple.“