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Jérôme Guéry : “mon but reste les Jeux avec Quel Homme”

Sylvia Flahaut 31 octobre 2023

Rencontré à l’occasion du Morocco Royal Tour, le Belge Jérôme Guéry reste l’une des figures belges présentes sur les plus belles pistes de saut d’obstacles du monde. A quelques mois des Jeux olympiques de Paris, dont il ne cache pas qu’ils restent son objectif premier, le cavalier nous décrit son piquet et nous donne des nouvelles de Quel Homme de Hus, sur lequel il espère pouvoir compter pour le rendez-vous de l’an prochain.

Quel Homme a manqué cette année“, reconnaît le cavalier belge, dont la dernière compétition avec le fils de Quidam de Revel remonte à il y a bientôt une année maintenant. “Il s’était blessé, pour rappel, en revenant de Prague, dans le transport. Il a eu un problème au niveau d’un tendon, dont un morceau s’est détaché de l’os. Il a été opéré et nous avons vraiment voulu prendre le temps de le remettre en forme. Aujourd’hui, il est aux trois allures et travaille sur le plat normalement. Il a des examens régulièrement et commence à ressauter un petit peu. Je vais l’emmener à Oliva avec moi. Il ne va sans doute pas y sauter, mais je vais aller à la mer avec lui. L’objectif est clair : j’aimerais le retrouver et le remettre en forme pour Paris. C’est le but, mais on ne va pas le pousser, c’est lui qui va nous dire s’il va pouvoir le faire. On connaît son âge, il n’est plus tout jeune, c’est toujours délicat de remettre en route un cheval qui a de l’âge.

Mon objectif aujourd’hui, c’est Paris. J’espère que ce sera avec Quel Homme, mais si ce n’est pas avec lui, il faut que j’envisage un Plan B.

Jérôme Guéry

Jérôme Guery reconnait que cette année était une année de transition en termes de sport. “La Belgique avait déjà la qualification pour les Jeux, il n’y avait pas vraiment d’enjeu sportif pour Quel Homme en 2023 et je n’ai pas voulu le pousser… Mais si on parvient à participer aux Jeux de Paris, ce serait une histoire en plus avec ce cheval et ce serait formidable. Si on n’y arrive pas, on aura en tout cas mis toutes les chances de notre côté… Et il n’y aura pas de regret. Pour l’instant, ça se profile bien, et je touche du bois.” Pour autant, à quelques mois du rendez-vous, le sportif ne chôme pas pour en être, prépare la relève et ne veut pas passer à côté d’une belle opportunité. “Mon objectif aujourd’hui, c’est Paris. J’espère que ce sera avec Quel Homme, mais si ce n’est pas avec lui, il faut que j’envisage un Plan B. Après, je reste objectif, pour courir les Jeux, il faut un cheval d’exception. Et, en Belgique, nous avons beaucoup de bons couples. Si Quel Homme n’est pas remis pour Paris, il va falloir que je prouve que, même avec un autre cheval, j’ai ma place.

Un atout de choix en moins

En dépit de ses efforts pour le garder sous sa selle, toujours avec Paris en ligne de mire, le cavalier belge a dû dire au revoir à l’une de ses bonnes montures il y a quelques semaines, Floris TN (Quality Time TN, Holst). Jérôme Guery avait commencé à sortir l’étalon de treize ans en compétition en mai dernier, et avait cumulé quelques classements en sa compagnie : septième d’une 155 à Opglabbeek en juin, troisième du Grand Prix Mars & Co 155 à Dinard en juillet, neuvième du Grand Prix 160 du Dublin…

Jérôme Guéry aurait souhaité garder Floris TM sous sa selle, peut-être en vue des Jeux de Paris. Ph. E. Knoll

Je pensais que Floris pouvait éventuellement avoir une chance de rentrer en lice pour les Jeux, mais il a été vendu. Les propriétaires me l’avaient confié clairement dans cette optique. J’ai essayé de trouver des solutions pour le garder pour le sport, et me suis mis en quête d’investisseurs. Mais je n’ai pas trouvé… Nous sommes en année préolympique, on sait que beaucoup de commerce se fait.

L’hiver pour peaufiner son piquet

Jérôme Guéry indique utiliser l’hiver pour faire prendre de l’expérience à ses chevaux, voire reformer son piquet. “J’ai un ensemble de jeunes chevaux qui ont de la qualité.” Le Belge peut notamment compter sur le bon Enjoy d’Eole (Kannan, Kwpn), dont la mère, Mélodie d’Eole (Carthago Z), n’est autre que la soeur utérine de Mylord Carthago, Norton d’Eole ou l’étalon Bwp Bamako de Muze. “J’ai acheté Enjoy à Simon Delestre il y a quelques mois. Le cheval a neuf ans, et n’a pas encore beaucoup d’expérience. Mais il promet de belles choses.

Avec son prometteur Enjoy d’Eole, neuf ans, le cavalier belge a notamment terminé quatrième du Grand Prix du CSI4* d’El Jadida. Ph. A. Renauldon

Avec Enjoy, Jerome Guery s’est notamment classé quatrième du Grand Prix 4* d’El Jadida, à l’occasion de la dernière étape du MRT, et avait remporté, une semaine plus tôt, la Coupe des nations de Rabat. “Je crois énormément dans ce cheval, il a les qualités de plusieurs chevaux en lui. C’est un Kannan, plutôt petit, il me fait penser à Nino des Buissonnets, que montait Steve Guerdat. J’ai dit d’ailleurs à Steve que je pensais avoir un petit Nino avec Enjoy. Je lui ai ainsi demandé le mors qu’il utilisait avec son ancien équipier, on échange pas mal entre nous… C’est bien de rêver ! J’ai le sentiment que c’est un cheval avec un super potentiel…” Jérôme Guéry place ainsi beaucoup d’espoir en Enjoy, et le forme pour le tout haut niveau.

J’ai dit à Steve que je pensais avoir un petit Nino avec Enjoy !

Jérôme Guéry

Le cavalier belge dispose également de Come Away Flamingo Z (Cardento, Holst), née en France, au sein de l’élevage d’Alexandra et Yoann Lepage, Cavalexteam, et qui tournait auparavant sous la selle de Marc Dilasser. “C’est une jument de neuf ans également, très prometteuse. Elle a notamment gagné une épreuve 150 dans le CSI4* de Rabat. J’ai également Great Britain V (Nabab de Reve, Bwp), qui a fait quelques bons Grands Prix. Il a cependant été opéré deux fois de coliques, il revient tranquillement en compétition. Lui, qui est âgé de onze ans, va assez rapidement retrouver son niveau, je ne m’inquiète pas trop.” Quality Star Z (Quality Time TN, Holst), dix ans, “qui a énormément de potentiel“, vient compléter le piquet de Jérôme.

Rester dans le game et profiter de l’hiver

J’ai une jeune écurie, mais de chevaux qui, je pense, vont vraiment percer l’année prochaine. Je reste activement en recherche de chevaux de ce niveau-là, pour acheter ou valoriser. Mais, en année préolympique, c’est difficile de trouver des chevaux, ils sont très chers. Il est cependant important d’avoir un piquet de chevaux consistant pour être sélectionnable pour les Jeux. Il me reste encore quelques mois pour trouver une perle. On sait qu’il faut des chevaux d’exception pour faire le tout haut niveau. Quel Homme fait partie de ces chevaux-là… J’ai la chance d’avoir accès à de très beaux concours, et cela permet de voir de chouettes chevaux. Il faut les trouver, cela dit… Et puis, se mettre avec un cheval prend toujours du temps. J’utilise ainsi beaucoup l’hiver à cet escient. Je ne fais pas beaucoup de Coupes du monde, j’ai annulé Bordeaux, Prague… Je n’essaie pas de pousser mes chevaux durant l’hiver, mais plutôt de les former. Ils sont ainsi prêts pour la saison, sachant que mes objectifs restent les Coupes des nations et les championnats. Je pense que si on veut tout courir, on casse. Les Coupes des nations, les championnats sont des compétitions qui me font vibrer… J’essaie toujours de me fixer un objectif en début de saison, bien clair, et d’établir un programme pour y parvenir.” Dans les mois à venir, Jérôme Guéry continuera ainsi à peaufiner son piquet et à garder un œil attentif sur les chevaux qu’il croise sur les terrains.

Crédit photo à la une: E. Knoll