L'E
L'Echo

Claire Bresson, ténacité et polyvalence – Partie 2

Eperon 26 mars 2023

Implanté depuis vingt ans à Varennes-Jarcy, le haras de Gravelotte propose un large panel d’activités au cœur desquelles l’élevage tient une place prédominante. Rencontre avec sa fondatrice, Claire Bresson.

Pour découvrir la première partie de cet article, cliquez ici.

Depuis quelques années, Claire a réduit son effectif personnel à vingt chevaux, dont cinq poulinières, et fait le choix de vendre la majorité de ses produits rapidement. « Auparavant, je valorisais les chevaux avec un cavalier maison. Désormais, j’en sélectionne quelques-uns que je débourre et que je confie à des cavaliers. Le pari est moins coûteux, mais plus intéressant car on les vend beaucoup mieux lorsqu’ils sont accompagnés plus longtemps. » Claire se dit passionnée par le sport, lorsqu’il est pratiqué par des artistes tels que Jérôme Hurel ou Stéphane Dufour, chargé de la carrière sportive de Far Away Gravelotte (Cornet Obolensky, Bwp, et Womina, Bwp, mère de sept produits performers en CSI), qui viendra enrichir les souches maternelles de l’élevage. Sa décision de réduire ses effectifs a été notamment motivée par des charges d’exploitation élevées. « Dans la grande distribution, tout rayon déficitaire est supprimé. Dans notre filière, les professionnels poursuivent leur activité bon an mal an en se diversifiant, chaque secteur crée une émulation et l’ensemble finit par s’équilibrer. Nous sommes pénalisés par la démocratisation de l’équitation, d’autant qu’il s’agit du seul sport financé par les professionnels et non par les collectivités territoriales », observe Claire, qui peine à recruter du personnel compétent pour renforcer son équipe de trois salariés. « Ce n’est pas uniquement une question de salaire, mais de mode de vie. Je reçois de nombreux curriculum vitae intéressants, mais ils ne donnent pas suite car je n’ai plus de logement disponible sur le site. Curieusement, quand ils intègrent notre filière, ils considèrent que c’est un dû. De plus, il faudrait revoir les formations, y inclure un module de gestion et renforcer les compétences techniques car nous manquons de professionnels susceptibles de valoriser nos jeunes chevaux », poursuit Claire.

Des contraintes spécifiques

L’implantation du haras au cœur d’une zone urbanisée ne simplifie pas les choses. « Nous avons des difficultés à nous étendre, en raison des contraintes imposées par la commission des sites en faveur de la protection de l’environnement. Nos terres constituent le poumon vert du secteur, un lieu de promenade pour les habitants de l’agglomération, que les autorités souhaitent modéliser selon leurs attentes avec des chemins secs et praticables en toute saison, y compris pour les vélos. Nos élevages deviennent un atout immobilier au même titre qu’un terrain de golf. Depuis vingt ans, je lutte en permanence avec des juristes pour conserver mes terres. »

En zone urbaine, l’évacuation du fumier, que certains épandent sur leurs terres, a incité Claire Bresson à rejoindre le circuit de méthanisation. « Nous dépendons des céréaliers qui disposent de l’espace, du temps et des fonds nécessaires aux lourds investissements que représentent les unités de transformation. Vu le prix des engrais, faute d’organisation collective, nous ne parvenons pas encore à valoriser le fumier qui devrait constituer un revenu et non une charge. » Autre souci quotidien : la gestion des prés. « Il nous faut re-semer constamment car nous sommes en sur-pâturage et désinfecter nos prés pour veiller à la prophylaxie, car l’herbe ne constitue qu’une occupation pour nos juments que nous devons nourrir à grand renfort de foin et de concentrés, d’où des coûts de revient colossaux », conclut Claire Bresson, qui a cependant choisi de séparer clairement les pôles élevage et sport en investissant dans un bâtiment de stockage, deux structures dédiées à l’élevage, un rond d’Havrincourt et des paddocks d’hiver en sable. « L’objectif est de mieux respecter la réglementation car les chevaux de sport ne doivent pas croiser les chevaux d’élevage », indique la professionnelle, qui regrette d’être “aspirée” par ce métier passionnant, mais chronophage et parfois frustrant qui ne lui laisse pas le temps de s’investir dans de nombreux dossiers qui concernent la filière.

Photo : Haras de Gravelotte. Crédit : Coll.