Clément Hervieu-Léger : « Des poneys équilibrés tant physiquement que mentalement »
L’élevage de Clément Hervieu-Léger, acteur et metteur en scène de quarante-cinq ans, sociétaire de la Comédie française, est installé depuis 2005 en Normandie, dans l’Eure, non loin de Bernay. S’il fut cavalier à poney en CSO (jusqu’aux épreuves 1,20 mètre), c’est pourtant bien dans la discipline du concours complet que son élevage de Tassine s’est spécialisé, et avec succès.
Combien de poulains faîtes-vous naître chaque année ?
Je fais naître entre quatre à six poulains par an. J’en attends précisément quatre cette année. Cela me permet de ne pas me laisser déborder et d’avoir à la fois un nombre de naissances suffisant pour produire régulièrement des poneys performants. Par exemple, actuellement, les poneys qui portent haut les couleur de l’élevage de Tassine, tournant ou ayant tourné récemment en Grand Prix sont Asahi de Tassine (Ninio de Rox, SF x Wildham Flying Free, WD), récent vainqueur du Grand Prix de Vernoil et de Moulins et régulièrement sélectionné en concours internationaux, Cyrano de Tassine (Eloi IV, CO x Linaro SL, Drpon), deuxième à Vernoil, Boomerang de Tassine (Jimmerdor de Florys SL, PFS x Linaro SL, Drpon), IPO 165 (2018), et Uriel de Tassine (Vinci du Logis, WB x Dafydd de l’Arche, WD).
Combien de souches différentes utilisez-vous et lesquelles ?
Après la mise à la retraite de quelques poulinières âgées, je travaille actuellement avec quatre souches, mais je cherche une bonne gagnante internationale pour venir étoffer mon programme d’élevage. Certaines jeunes juments, issues des premières souches que j’ai utilisées, se consacrent actuellement au sport : Ephèse de Tassine (Mexico de Caudard, SF x Vinci du Logis, WB) et Jouvence de Tassine (Doppelspiel, Drpon x Linaro SL, Drpon). Elles viendront ensuite renouveler mon effectif de poulinières. Je dispose donc actuellement de la Welsh de type Cob Réglisse de Tassine (Machno Carwyn, WD), qui est une ponette de taille C, fille de la bonne Welsh B Actrice du Logis. Elle a été championne de France en Poney 1C en concours complet en 2013 et a un IPO de 132 (2010). Elle est chaque année adressée à un cheval car elle ne produit pas grand. Elle est pleine de l’Anglo-arabe Cestuy La de l’Esques (King Size, AA x Ultan, AA). Ensuite, j’ai Olympe Manneti (Kalem, Ar x Kandjar d’Ezy, NF), ancienne membre de l’équipe de France et IPC 153 (2017). Elle est pleine de Céleste du Montier (Tricky Choice du Péna, PFS x Alhanac, AR). Puis, Ierisch (Topnatrejo, Drpon x Kantje’s Armando, NF), qui est une jument belge, ancienne gagnante en CSIP, qui se déplace et saute très bien. Elle a cependant peu tourné en concours complet. Elle est pleine de mon étalon Kisaute Ho d’Othon, PFS (Dafydd de l’Arche, WD x Lord Diamond’s, CO), qui compte à son actif un titre de champion de France en Grand Prix en 2008 et trois participations aux championnats d’Europe dont une quatrième place en individuel à Fontainebleau en 2012. Enfin, Ballafen d’Aven (Modesto, KWPN x Machno Carwyn, WD) est une ponette qui a bien tourné en complet et qui est pleine de Salam du Roc, PFS (Linaro SL, Drpon x Burton des Chouans, WD), père du double champion d’Europe Boston du Verdon.
Quels étalons avez-vous sélectionnés cette année et pour quelle souche ?
Pour Réglisse de Tassine, j’ai choisi l’Anglo-arabe Ténarèze (Jaguar Mail, SF x Quatar de Plapé, AA). Champion du monde des six ans puis champion du monde des six ans en concours complet, Ténarèze est le cheval de complet moderne par excellence. Sa locomotion remarquable, sa qualité de saut et son mental très sérieux me semblent particulièrement intéressants pour produire un poney de complet de haut niveau. Réglisse, qui est une jument très bien faite et facile à croiser, produit des poneys très pratiques avec un excellent caractère. C’est ce qui me permet d’envisager sereinement ces croisements avec des étalons chevaux stars des terrains de concours complet. Pour Olympe Manneti, ce sera le Français de Selle Quoutsou, un fils de Nabor SL qui produit bien pour le complet : c’est un étalon chic qui bouge très bien, deux caractéristiques dont a besoin Olympe qui, par ailleurs, est très guerrière sur le cross. Ierisch ira à Mon Nantano de Florys SL. Elle a un très, très bon coup de coup de saut, ce qui n’est pas le point fort de cet étalon. J’ai en revanche besoin d’un peu de taille et d’améliorer la locomotion (le bai brun est assez extraordinaire sur le carré) ainsi que le tempérament. Ballafen d’Aven sera adressée soit encore une fois à Salam du Roc, PFS, soit je ferai le pari d’un performeur non encore testé sur descendance, Céleste du Montier, dont j’apprécie le tempérament.
Qu’est-ce que vous recherchez avec ces croisements ? Quels atouts voulez-vous faire ressortir chez vos produits ?
Je cherche bien entendu à produire des poneys les plus polyvalents possibles puisque c’est ce qu’on leur demande dans la discipline pour laquelle j’élève. Des poneys équilibrés tant physiquement que mentalement. Je recherche un tempérament guerrier pour le cross, mais gérable pas des enfants, de la locomotion, du brillant, mais encore une fois gérable sur le carré, une vraie belle qualité de saut, du fond et de la galopade. Les exigences sur chacun des trois tests ont beaucoup augmenté dans notre discipline.
Photo : Clément Hervieu-Léger, éleveur à succès spécialisé dans le poney de concours complet, ici avec l’étalon Kisaute Ho d’Othon. Crédit : Coll/Marie Anaïs Thierry.