Devenir inséminateur équin
En quoi consiste la fonction d’inséminateur équin ? Quelles sont les qualités requises ? À qui s’adresse la formation ? Quels sont les pré-requis et les possibilités d’évolution ? Éléments de réponses et témoignage.
En France, l’insémination artificielle (IA), autorisée depuis décembre 1986 à être pratiquée dans l’un des six cents centres agréés, était à l’origine, en 2021 de près de 12 000 des 15 000 naissances de chevaux de sport. Outre les vétérinaires, seuls les titulaires d’un Certificat d’aptitude aux fonctions de technicien d’insémination (CAFTI) ou d’une licence, tous deux délivrés par le Préfet de région, sont habilités à exercer cette fonction d’inséminateur devenue essentielle. Au-delà d’une mission de conseil en matière de reproduction et de génétique, ce technicien est appelé à collecter la semence des étalons, confectionner les doses en laboratoire, puis à inséminer les juments en sperme frais, réfrigéré ou congelé.
Une formation sélective
N’intègre pas la formation qui veut, d’autant que seules dix places sont disponibles lors de chacune des quatre sessions annuelles organisées à la jumenterie du Haras du Pin. Trois cas peuvent se présenter. Âgé de dix-huit ans minimum et titulaire, à minima, d’un diplôme agricole de niveau IV (Bac Pro, BPREA), le candidat, sélectionné sur dossier, devra convaincre lors de la présentation de son projet professionnel au cours d’un entretien. Les personnes attestant d’une activité professionnelle en élevage équin depuis au moins trois ans ou titulaires d’un certificat d’aptitude aux fonctions d’inséminateur dans une autre espèce animale, suite à un examen de leur dossier, également tenus à présenter leur projet, devront satisfaire à un contrôle de connaissance d’une durée de 2h30 sur les mathématiques et l’hippologie.
Le cursus s’étend sur une durée de cinq semaines non consécutives, soit 175h. L’enseignement théorique de 70h porte sur la physiologie de la reproduction, l’hygiène et la prévention des maladies vénériennes, la réglementation de la monte, de l’insémination artificielle, de la médecine vétérinaire, l’organisation de l’élevage, la génétique, et l’alimentation. Suivent une centaine d’heures de travaux pratiques sur la collecte de semence, la fabrication des doses de semence fraîche, l’insémination des juments, ainsi que sur l’entretien du matériel et du laboratoire. La formation, d’un coût de 3 620 euros hors frais d’inscription (éligible au CPF), est sanctionnée par un examen national sous forme d’épreuves écrites, pratiques et orales d’une durée totale de 4h30. Le dossier de candidature pour la session 2023 -2024 est à retourner par courrier avant le 2 juin 2023.
Des missions multiples
Pierrick Jullien, trente-huit ans, affiche dix années d’expérience dans sa fonction d’inséminateur et responsable d’élevage qu’il exerce au Haras de Villers, fondé par Olivier Jouanneteau, à Erquery (60). Titulaire d’un BTS Production animale, d’une licence de management des établissements équestres, d’un BPJeps et d’une licence d’inséminateur Pierrick le souligne, « le projet professionnel est une condition sine qua non pour prétendre à la sélection ». Durant la saison, ses tâches quotidiennes consistent à veiller au bien-être des poulinières et étalons du haras et des pensionnaires, mais aussi à récolter la semence des étalons, et à assurer le suivi des cycles de reproduction en collaboration avec le vétérinaire qui procède chaque matin au suivi échographique des juments destinées à être inséminées. « Mon rôle consiste à lui indiquer quel type d’insémination (semence fraîche, réfrigérée ou congelée) est prévu pour chacune d’entre elles », indique Pierrick. « Avec la semence congelée, le nombre de paillettes étant limité, le suivi échographique est devenu primordial. Dans certains cas, le vétérinaire injecte des hormones afin d’induire l’ovulation. Les procédures d’insémination se déroulent l’après-midi. La semence fraîche est filtrée, diluée et conditionnée en seringues pour une utilisation immédiate. La semence réfrigérée est commandée la veille, alors que l’ovulation de la jument a été déclenchée 24 heures auparavant. La semence congelée est envoyée avant l’arrivée de la jument par les centres de congélation et stockée dans des cuves d’azote liquide à -196 degrés. Suite à l’insémination, sept ou huit jours après l’ovulation, soit on prélève un embryon pour procéder à un transfert, soit, au quinzième jour, le vétérinaire réalise un test de gestation. »
Passion, motivation et optimisme
« Pour être inséminateur, il faut être passionné, motivé, optimiste, car la fertilité moyenne se situe autour de 60% à 70%, précis, rigoureux sur le suivi quotidien des juments et l’organisation de la jumenterie, avoir de bonnes qualités d’observation, et ne pas compter ses heures », tient à préciser Pierrick Julien. « C’est aussi un métier saisonnier, qui comprend des tâches administratives assez lourdes, et ne permet pas d’espérer des rémunérations mirobolantes (1 700 euros brut par mois pour débuter). Reste la solution de proposer ses services dans l’hémisphère sud pour la saison hivernale. » Pour élargir ses compétences, évoluer dans ses fonctions et gagner en autonomie dans le transfert d’embryons, Pierrick Julien prévoit dans les mois à venir de suivre la formation de chef de centre.
Crédit photo : Coll. Haras de Villers