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L’Expérience

Herald d’Emeraude, jeune talent breton à l’abordage – Partie 2

Eperon 12 mars 2023

2018. Deux propres frères et sœurs, Herald et Hermine, réalisent un doublé inédit dans le championnat des foals Selle Français du Normandie Horse Show. Tous deux sont estampillés de l’affixe d’Emeraude, rappel des couleurs uniques qui parent la côte du même nom, reliant la pointe du Grouin au cap Fréhel, à proximité du lieu d’élevage de Fabrice Georgelin, basé à Saint-Briac-sur-Mer.

Retrouvez la première partie du portrait Herald d’Emeraude en cliquant ici.

Cheval très harmonieux, rond dans ses sauts et son fonctionnement, Herald a hérité des qualités de modèle, de force et de locomotion de son grand-père L’Arc de Triomphe, et du physique musculeux et compact de son père Emerald. Il a été très préservé jusque-là avec trois parcours à 4 ans et neuf parcours à 5 ans avec Claire Chevalier, sans jouer la qualification pour la finale de Fontainebleau. Il a rejoint cet hiver le piquet du Breton Bernard Briand-Chevalier. À 3 ans, préparé par Jean-Marie Boivin, qui l’a débourré, il avait remporté l’étape qualificative étalons de Lamballe, puis obtenu son approbation Selle Français ainsi que la mention “Très prometteur” à l’issue du Testage.

« Nous distribuons Emerald depuis plusieurs années. Nous avions vendu une saillie à Fabrice Georgelin, ce qui nous a amené à suivre Herald de très près dès son plus jeune âge », se souvient Elise Mégret, du Haras de Clarbec, qui le propose dans son catalogue cette année. « Il ne nous a jamais déçus. Il était superbe foal, brillant à trois ans et a fait sensation sur les pistes de concours  », poursuit-elle. « Nous connaissons Fabrice Georgelin, qui est un passionné, depuis plusieurs années maintenant et nous nous sommes liés d’amitié. Je pense que pour lui comme pour nous, c’était une évidence de poursuivre l’aventure ensemble, cela s’est fait très naturellement. » Jusque-là, Herald a couvert une vingtaine de juments. Une quinzaine de poulains devrait voir le jour cette année et permettre de donner les premières indications sur ce qu’il va transmettre. « Je viens justement de déposer Volga des Dunes (Apache d’Adriers) pour le poulinage du premier poulain d’Herald de l’année ! », s’enthousiasme Fabrice Georgelin. Volga, la seconde souche de sport qu’il exploite, avait notamment offert un troisième titre de champion de France des foals à Fabrice Georgelin avec Ile d’Emeraude, une fille du KWPN Van Gogh, en 2018.

« Nous pensons qu’Herald va apporter ses qualités propres de respect, technique, force et facilité, ainsi que son très bon équilibre »

« Nous pensons qu’Herald va apporter ses qualités propres de respect, technique, force et facilité, ainsi que son très bon équilibre », explique Elise Megret. « Il a un superbe look et un très beau bout de devant qu’il devrait transmettre. Comme son père, Emerald, nous pensons qu’il va convenir à des juments qui ont de l’étendue. C’est un cheval charismatique, avec du modèle et une très bonne technique de saut et, pour ne rien gâcher, facile à monter avec un excellent mental, très serein. Il fait d’ailleurs partie des trois étalons les plus demandés de notre catalogue sur le salon de Saint-Lô. Nous pensons que c’est un cheval d’avenir et nous espérons le voir sur les plus belles pistes internationales », poursuit-elle. « Nous échangeons beaucoup avec son éleveur-propriétaire qui nous transmet des vidéos de séances de travail à la maison, nous sommes tous très concernés. Nous partageons le même état d’esprit qui est de prendre le temps de construire et former un cheval en le respectant, sans brûler les étapes. » De son côté, Fabrice Georgelin décrit son protégé comme « un guerrier, un animal à sang froid. Quand il n’est pas au travail, c’est un agneau, il est comme un hongre. En piste, ce n’est plus le même et j’espère qu’il amènera ce côté-là. Il a une grande amplitude, une grosse foulée. »

Qui veut aller loin ménage sa monture

« Fabrice m’a contacté en fin d’année 2022 pour savoir si j’étais intéressé par le fait de monter le cheval pour la saison de 6 ans », raconte Bernard Chevalier-Briand. « Je connaissais déjà bien Herald puisqu’il était monté par ma nièce, Claire Chevalier. La particularité est qu’il reste stationné aux écuries d’Emeraude au quotidien, où il est travaillé par un cavalier maison, et Fabrice me l’amène régulièrement (les deux écuries sont distantes de moins de sept kilomètres, ndlr). Ses qualités sont un excellent équilibre, un très bon galop, un super tempérament. Il est hyper facile, parfois un peu sûr de lui et de ses capacités ! S’il peut être un peu lymphatique à la maison, il peut s’avérer surprenant en piste, avec tout le sang nécessaire », confirme le cavalier breton. « Nous n’avons pas d’objectifs à court terme, le cheval n’est pas à vendre, la participation aux finales de Fontainebleau n’est pas non plus un impératif. À l’image de Bond Jamesbond de Hay (que Bernard a formé des 4 ans au niveau 5*, ndlr), il fait partie des chevaux qui dégagent quelque chose. Tous ceux qui m’ont emmené sauter des belles épreuves sont des chevaux que j’ai formés dès le plus jeune âge. Je considère que cela fait partie du chemin et de mon métier de cavalier ».

« Nous élevons nos chevaux dans du coton », reconnaît Fabrice Georgelin qui a développé un concept d’écurie innovante alliant praticité et bien-être (grands boxes de quatorze mètres carrés avec paddocks individuels, foin à volonté, etc.) « Nous ne sommes pas pressés. Nous avons confié le cheval à Bernard afin qu’il franchisse un cap et reçoive toute la bonne éducation pour le mettre dans les rails du grand sport. Néanmoins, il n’y a pas de plan, ce sera le cheval qui nous guidera ». Le nouveau couple jettera les amarres le 21 mars prochain, lors du Cycle classique SHF de Dinard et pour sa première sortie officielle.

Photo : Herald d’Emeraude, ici avec sa mère porteuse de race Cob, fut sacré champion suprême des foals Selle Français en 2018. Crédit : Les Garennes.