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L’association Ustica contrainte d’annuler l’édition 2024 du Grand Complet

Emilie Dupont 10 janvier 2024

Inscrit au calendrier national et international depuis près de vingt-cinq ans, le Grand Complet n’aura pas lieu en 2024, comme l’a annoncé l’association organisatrice, Ustica. Cela, notamment en raison de désaccords avec le Haras du Pin, dont la directrice sportive, Anne Hébrard, vient par ailleurs de démissionner de son poste ce week-end.

Après avoir contribué avec succès à la valorisation du territoire ornais en organisant les championnats d’Europe de concours complet en août 2023, et bien que la date du Grand Complet soit depuis vingt-cinq ans inscrite au calendrier parmi les plus influentes échéances mondiales de la discipline, la direction du site du Haras du Pin a annoncé le 18 décembre par mail à l’association que la date n’était plus inscrite à leur calendrier, faute d’engagement signé“, annonçait ce mercredi 10 janvier l’association Ustica par voie de communiqué. Une grosse goutte d’eau venant faire déborder le vase de cette dernière, qui n’a pas hésité à lever le voile sur les multiples problématiques, aussi bien financières que logistiques et humaines, rencontrées ces derniers mois.

Problématiques et incompréhensions en cascade

Pour 2024, le Conseil départemental de l’Orne et le Haras national du Pin ont choisi de faire signer à tous les organisateurs d’événements sur le site du Pin un engagement. Pour Le Grand Complet, cet engagement stipule le versement de 80 000 euros (60 000 euros de loyer, 10 000 euros de mise à disposition de matériel et de personnel, et 10 000 euros pour indemniser le haras de l’impact de l’événement sur son fonctionnement touristique – sic -). Par ailleurs, ce même document impose l’installation exclusive du village le long de la route d’Almenêches, espace en bordure de route non stabilisé à l’heure actuelle et obligeant à installer des sources d’électricité provisoires, coûteuses et polluantes. La mythique piste du château – construite à l’occasion des Jeux équestres mondiaux 2014 – ne pourra quant à elle plus être utilisée. De plus, la direction du Haras du Pin a récemment exigé la libération des espaces de stockage, installés depuis treize ans par Ustica avec l’accord des dirigeants précédents afin de réduire le coût d’organisation“, explique notamment Valérie Moulin, présidente de l’association. “Notre manque d’approche politique nous a été reproché et, en juin, à moins de deux mois de l’événement, des menaces d’annulation de tenue des championnats d’Europe ont été prononcées afin que nous répondions à certaines exigences tout à fait incompatibles avec un cahier des charges sportif de ce niveau. Si notre détermination à maintenir nos choix a permis de délivrer un championnat d’une qualité incontestée et saluée par les plus hautes instances sportives, le retour de la médaille a été stratégiquement orchestré. En effet, pour la première fois depuis vingt-cinq ans d’organisation, le versement d’acompte d’une subvention du département votée le 31 mars a été effectué le 27 décembre, empêchant ainsi l’association de régler les nombreuses entreprises locales avec lesquelles nous travaillons fidèlement et contribuant également à l’asphyxie financière de notre structure associative.

Coup dur

Si l’annonce de l’annulation de l’édition 2024 du Grand Complet est un véritable coup dur pour l’association Ustica, elle l’est certainement également pour les cavaliers et amoureux du complet, ainsi que pour la discipline en elle-même, toujours remarquablement mise à l’honneur lors de cet événement. “Nous déplorons la manière dont notre association, pleinement investie depuis des années dans le développement de la discipline, se voit écartée d’un site qu’elle a largement contribué à valoriser, puisque Le Grand Complet est reconnu comme le seul événement à accueillir autant de visiteurs au Haras du Pin. Les retombées sportives, médiatiques et économiques semblent délibérément être ignorées par la direction et ce, depuis que les rapports se sont détériorés lorsqu’Ustica a préféré, pour des questions économiques et de sécurité liée à l’hygiène, travailler avec un autre restaurateur local que celui installé à l’année sur le site“, ajoutait Valérie Moulin dans le communiqué envoyé ce jour.

Nous déplorons la manière dont notre association, pleinement investie depuis des années dans le développement de la discipline, se voit écartée d’un site qu’elle a largement contribué à valoriser

Valérie Moulin, présidente d’USTICA

Les investissements colossaux des contribuables ornais sur le site du Pin méritent le récit de notre histoire. Aujourd’hui, après 24 millions d’Euros investis issus des fonds publics, cet outil devient un centre de profit dont le coût d’utilisation s’avère tout simplement inaccessible aux associations de la filière. Ce choix est dommageable non seulement pour les organisateurs extérieurs, mais surtout pour la filière toute entière et le territoire. Nous espérons sincèrement que notre éviction du site en 2024 n’empêchera pas l’évolution de la discipline du concours complet qui nous est si chère dans ce lieu emblématique.” Malgré toutes ces déconvenues, l’association espère pouvoir organiser son événement en 2025 “au Pin ou ailleurs“…

(avec communiqué)

Crédit photo à la une: Eric Knoll