L’équitation comme levier d’apprentissage au sein du dispositif ULIS
Le programme « Cheval et Diversité » s’élargit aux enfants scolarisés en situation de handicap grâce à une étroite collaboration entre les enseignants et les centres équestres partenaires dans le cadre du dispositif ULIS. Une action pleine de sens et véritablement bénéfique. Découverte.
En 2015, l’Education nationale mettait en œuvre le dispositif ULIS (Unités localisées pour l’inclusion scolaire), destiné aux élèves présentant des troubles des fonctions cognitives ou mentales. En 2022, dans le cadre d’un appel à projets portés par le Fonds de dotation à Paris 2024, la Fédération française d’équitation (FFE) s’engageait à cofinancer à hauteur de 50% une initiative baptisée “Cheval et Altérité” sous forme d’actions en faveur des enfants du premier et du second degré. Grâce à une étroite collaboration avec les maîtres des écoles et professeurs, les centres équestres partenaires ont pu proposer un cycle de huit séances d’équitation comme levier d’apprentissage sur la base des objectifs scolaires.
Les bienfaits de la médiation équine
Carole Yvon Galloux, référente auprès de la FFE l’explique : « La démarche fédérale consiste à rapprocher les divers acteurs du projet, à s’engager dans des formations et à mettre en valeur les bienfaits de la médiation équine. Nous avons déterminé des objectifs avec l’Education nationale, dont la capacité à se repérer dans son environnement, le lien entre le cheval, l’histoire et la géographie, pour donner du sens à ces matières, ainsi que la notion de bien-être de l’animal et de gestion de ses besoins, ce qui a permis aux enseignants de transmettre aux enfants de précieux messages sur leurs propres besoins et leur hygiène de vie (alimentation équilibrée, activité physique, etc.). Au-delà des apprentissages scolaires, ce cursus a permis aux élèves de pratiquer une activité physique et sportive et d’améliorer ainsi leur équilibre. »
Carole Yvon Galloux tire un bilan positif de ce dispositif, dont avaient déjà bénéficié 1100 enfants lors du premier semestre 2023. Un nombre en constante progression puisque le programme est reconduit en cette année olympique. « Les retours des enseignants sont extrêmement positifs », commente la référente auprès de la FFE. « Ils ont constaté une disponibilité et une motivation accrues aux apprentissages, car les élèves apprennent sans s’en rendre compte, ainsi qu’une meilleure gestion des émotions et des troubles du comportement. Grâce au cheval, pour lequel la différence n’est pas un critère, ces enfants renforcent leur confiance en eux et expriment davantage leur potentiel que leurs difficultés. Le regard bienveillant de l’animal permet à l’enfant de croire en lui et ouvre le champ des possibles. Suivant les apprentissages, il gagne en richesse de langage, travaille ses émotions et sa capacité à la mémorisation, autant de notions transférables à l’apprentissage scolaire. Le cheval devient un levier motivationnel et d’apprentissage. »
Les écuries de Condé, centre pilote du Val-de-Marne
Le 22 janvier dernier, les écuries de Condé, situées à Saint-Maur-des-Fossés et centre pilote du Val-de-Marne (94), dirigées par Nathalie de Stefano, accueillaient dix-huit élèves de six à onze ans venus des écoles Edouard et Odile Bled et de La Pie pour une ultime séance baptisée “défis et challenges” en clôture d’un programme débuté le 13 novembre 2023. Les enseignants, les parents, Sylvain Berrios, maire de la ville, Dominique Soulis, élue chargée des sports, Emmanuel Feltesse, président du CREIF, Eric Vernon, président du CDE 94, Pascal-Pierre Ponson-Sacquard, président du CDOS, et Ryadh Sallem, ambassadeur du paralympisme pour les Jeux de Paris 2024, avaient fait le déplacement. Au programme de l’après midi : un parcours à effecteur en binôme avec un poney regroupant les exercices déjà abordés, parmi lesquels identifier les parties du poney et les outils de pansage, s’arrêter entre deux portes, envoyer un cerceau sur des quilles, faire avancer son poney, ou se saisir de la section verte ou bleue des rênes. Autant de gestes qui peuvent paraître anodins mais qui requièrent une extrême concentration pour ces enfants atteints pour la plupart d’autisme.
Nathalie de Stephano rend hommage à sa collaboratrice Jennifer James, qui a brillamment piloté ce projet, ainsi qu’à ses équidés, soigneusement choisis et éduqués pour répondre aux attentes spécifiques de ce public. « La médiation animale est l’un de mes chevaux de bataille », indique Nathalie. L’ensemble des acteurs présents à cette journée s’est accordé à reconnaître les progrès spectaculaires des élèves en termes d’équilibre, de latéralisation, de confiance en soi, et de capacité à s’exprimer, dont le jeune Fabien, qui a prononcé de véritables mots depuis qu’il s’adresse à son poney. Laura Petit, enseignante, adhère avec enthousiasme à ce projet pédagogique qui a permis à certains d’identifier la droite de la gauche, ou de retenir le nom des parties de leur corps en se basant sur celles de leur poney.
Prolonger l’initiative
Alors que le cheval est désormais inscrit de plein droit dans le projet pédagogique des enseignants, ce dispositif à l’interface entre l’équitation adaptée et la médiation animale devrait se prolonger dès le mois d’avril sous forme de diverses actions départementales, à condition que les financements permettent de pérenniser l’opération. À bon entendeur…