L'E
L’Expérience

Camille Lejeune, en route vers la saison 2024 

Emilie Dupont 17 février 2024

Auteur d’une saison 2023 riche en classements et en belles performances aux côtés de Dame Decoeur Tardonne, Dior du Léou ou encore Fly Up de Banuel, c’est avec sérénité, ambition et détermination que Camille Lejeune va attaquer 2024. Pour L’Eperon, celui qui participait notamment au CCI5*-L de Pau en octobre dernier, revient sur l’année passée, parle de sa prometteuse Dame Decoeur Tardonne et confie ses objectifs pour cette année qui, aux yeux de tous, s’annonce toute particulière.

Neuvième du CCI4*-L de Kronenberg, sixième du CCI4*-S de Marbach, deuxième du CCIO4* de Jardy et treizième du CCI5*-L de Pau avec Dame Decoeur Tardonne, SF (Lando, DWB), vainqueur du CCI3*-L de Saulieu et deuxième du CCI4*-L de Lignières-en-Berry avec Dior du Léou, SF (Herald, Holst), ou encore quatrième du CCI3*-S de Fontainebleau avec Fly Up de Banuel, SF (Upsilon, AA)… En 2023, le moins que l’on puisse dire, c’est que Camille Lejeune a signé de nombreuses belles performances avec plus d’un de ses chevaux. “Le bilan est vraiment positif. Tous ont bien travaillé, bien récupéré et ont atteint le niveau que nous souhaitions à la fin de l’année”, confirme le cavalier. Mais si, au sein du piquet de Camille Lejeune, il en est une qui s’est particulièrement démarquée en 2023, c’est indéniablement Dame Decoeur Tardonne qui, à seulement dix ans, a enchaîné les belles performances, dont une treizième place lors de sa toute première participation à un CCI5*-L, et figure désormais dans la liste des chevaux en vue pour les Jeux Olympiques de Paris.

L’ascension d’une grande Dame

Si la sélection officielle est, au calendrier, encore loin, les performances de 2023 sont déjà une belle consécration pour le duo, qui se connaît désormais par cœur. “Dame est arrivée dans mes écuries à quatre ans. Avec elle, j’ai fait tout le circuit réservé aux jeunes chevaux, où elle a obtenu le label “Elite” lors de chaque finale. Elle a d’ailleurs été sacrée vice-championne de France à six ans, avant de se classer cinquième au Mondial du Lion à sept ans”, se souvient Camille Lejeune. Dès son plus jeune âge, la jolie baie s’est donc montrée très prometteuse, et n’a par la suite pas cessé de mettre en avant tout son potentiel. “À huit et neuf ans, nous avons principalement posé les bases qui lui ont permis d’atteindre le niveau 4* et lors de sa toute première épreuve à ce niveau-là, au Haras du Pin, elle s’est d’ailleurs classée cinquième.” Tous les espoirs semblaient ainsi être permis, et la saison passée n’a, aux yeux de son cavalier, fait que confirmer cela. “La saison 2023 de Dame Decoeur a été plutôt consistante mais elle a été en constante progression et a réalisé de vraies belles performances. Si bien que nous l’avons engagée sur son tout premier CCI5*-L, qui était l’objectif final de cette saison. À dix ans, cela peut paraître jeune, mais elle a répondu présente et a très bien fait. D’autant que, lors de cette édition-là, le temps imposé sur le cross était vraiment très serré et a changé beaucoup de choses. Avec vingt partants, deux sans-faute et pas de maxi… De ce fait, je n’ai pas eu la stratégie que j’avais initialement envisagée. J’ai mis le chrono de côté et j’ai privilégié le sans-faute. C’est une jument qui saute bien l’hippique donc si nous arrivons à être bien classé après le cross, la dernière épreuve est souvent avantageuse pour nous. Et c’est ce qu’il s’est passé, elle a bien récupéré et a sauté de belle manière.” Une belle fin de saison à l’issue de laquelle la jolie baie a pu profiter de plusieurs semaines de vacances, avant de reprendre progressivement le travail en vue d’une saison 2024 s’annoncant de nouveau assez riche.

Parmi les objectifs, un 5*

Pour Dame Decoeur comme pour beaucoup d’autres chevaux français, la saison débutera fin février, au Grand National de Saumur, avant de se rendre à celui de Pompadour. “Pour la suite, le staff fédéral nous fera part de ses attentes et nous aviserons en fonction de cela”, explique Camille Lejeune. Evidemment, pour 2024, le cavalier tricolore n’aura pas que la toute bonne Dame Decoeur dans son piquet, et a de beaux objectifs avec ses autres chevaux. “Pour cette nouvelle saison, j’ai un piquet globalement plus âgé que d’habitude. Les plus jeunes, les huit/neuf ans, iront à Blenheim, Saumur ou Marbach. Ensuite, beaucoup de mes chevaux feront leurs débuts ou continueront à s’illustrer en CCI4*, d’autres feront, je pense, leurs premiers pas en CCI5* en deuxième partie de saison, comme Caryotype Blanc, SF (L’Arc de Triomphe, Old).” C’est d’ailleurs, comme Dame Decoeur, à Pau que ce dernier devrait courir son premier CCI5*. Un rendez-vous lors duquel de nombreux jeunes chevaux font leurs débuts à ce niveau, bien qu’il ne soit pas aussi simple que certains le disent. “Il paraît plus facile à monter mais quand on regarde les statistiques, ce n’est finalement pas vraiment le cas. Les obstacles sont aux cotes mais pas aussi gros que ceux que l’on peut avoir à Burghley par exemple. Individuellement, chaque obstacle ne pose pas de problème à un cheval de niveau 4*. Cependant, enchaînés, sur un parcours assez sinueux, avec moins d’espace qu’à Badminton, cela devient plus compliqué et le chronomètre prend toute son importance. Malgré tout, ce sont notamment les cotes proposées et le faible dénivelé qui incitent à débuter les chevaux sur 5* à Pau”, explique Camille Lejeune. 

Caryotype Blanc et Camille Lejeune, ici lors du CCI4*-L de Saumur en 2022. Ph. Eric Knoll

Et Paris ?

Et puis, évidemment, comment ne pas parler de Paris 2024 lorsque l’on parle objectifs pour cette nouvelle année ? Bien sûr que, comme pour beaucoup de cavaliers, ces Jeux sont dans un coin de la tête de Camille Lejeune. “La saison dernière a vraiment été planifiée et réalisée pour que l’on ai une vraie montée en puissance et l’acquisition de compétences techniques avec Dame Decoeur. Ces deux points-là ont été validés. Maintenant, la concurrence reste rude, seuls quatre cavaliers vont partir dont trois qui vont courir… Pour rester dans le coup, il faut être très méticuleux sur tous les points, dont la gestion physique du cheval et du cavalier. Il y a aussi évidemment toutes les choses auxquelles on ne pense pas mais qui comptent aussi parce que nous ne sommes pas que cavalier, mais également chefs d’entreprises. Sur ce point, la Fédération nous aide bien, notamment avec Equi Action, pour que nous puissions nous concentrer sur le sport. En complet, l’équilibre reste souvent assez difficile à trouver et fragile. Donc nous mettre dans le confort pour que nous puissions faire le meilleur sport, c’est un gros avantage.” Si, à moins de six mois des Jeux Olympiques, rien n’est encore joué, Camille Lejeune et ses chevaux continuent ainsi leur ascension. Et, comme chacun le sait désormais, personne n’est à l’abri d’une surprise.

Crédit photo à la une: Eric Knoll