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L’Expérience

Alexandra Francart : “la période Volnay m’a fait avancer”

Sylvia Flahaut 3 octobre 2023

Gagnante du CSI2* de Villers-Vicomte il y a quelques semaines avec sa fidèle Betty du Prieuré, Alexandra Francart s’est réorganisée récemment et a mis en place un système pour faire moins et mieux. Celle qui avait pris part aux Jeux équestres mondiaux de Tryon en 2018 avec l’excellent Volnay du Boisdeville nous décrit son organisation.

Vous avez déménagé assez récemment, mais êtes restée dans la région de Reims ?

Oui, je suis arrivée il y a environ une année à La Ville-aux-bois-lès-pontavert, dans l’Aisne, au nord de Reims. C’est une écurie de propriétaires. Nous sommes trois professionnels sur la structure : Pauline Boisseau, cavalière professionnelle axée sur le commerce, Pierre Masdupuy, cavalier, gérant de la partie pension et organisateur de concours, et moi. La structure accueille vraiment des concours très sympas, avec quelques épreuves sur des cotes de 1,40 mètre.

Alexandra Francart et Betty du Prieuré, fille de son ancien équipier Dorémi, lors du Grand National de Compiègne. Ph. PSV

Combien de chevaux compte votre écurie ?

Disons que je suis en pré retraite et que j’ai encore fait un tri dans mes chevaux assez récemment (rires) ! Plus sérieusement, j’ai aujourd’hui la chance de pouvoir davantage sélectionner. Je choisis les gens avec lesquels je travaille et les chevaux que je souhaite valoriser. J’ai confié les plus jeunes, et j’ai choisi d’en avoir une moins grande quantité. Bien sûr, cela est possible aujourd’hui car, avec mon conjoint, Boris Claud, et certains de mes clients, nous avons réalisé de bonnes transactions. Des ventes comme celles de Volnay (Winningmood vd Arenberg, Bwp x Jalisco B), de Draco de Maugre (Kannan, Kwpn x Fusain du défet, AA) ou, plus récemment d’Eve d’Ouilly (Qlassic Bois Margot x Poor Boy, Rhdl), nous ont permis d’être plus à l’aise financièrement et de pouvoir faire des choix. Au-delà de ça, beaucoup de professionnels de la filière peinent à trouver de la main d’oeuvre qualifiée et fidèle. C’est aujourd’hui une vraie problématique… Cela nous a conduits, Boris et moi-même, à nous organiser pour être en mesure de gérer notre activité à deux. Bien sûr, nous faisons toujours appel à des personnes ponctuellement, mais nous savons que nous pouvons bien faire les choses à deux et c’est une bonne base.

Les belles ventes des chevaux dont vous parlez ont été des tournants ?

Oui, bien sûr, cela nous a permis de faire certains choix et de mettre en place le système dont je vous parle. Pouvoir travailler avec les personnes que l’on choisit, et donc en confiance, est un luxe, j’en ai conscience. Aujourd’hui, je suis assez avancée dans ma carrière et je veux monter pour me faire plaisir. Grâce à cette sélection des chevaux, des clients, le système est vertueux et les choses sont plus simples : les chevaux que je choisis sont bons, les propriétaires sont motivés et me font confiance. C’est plus simple. Bien sûr, une contreperformance peut toujours survenir… Mais il est plus facile de surmonter les difficultés à partir d’un tel système. Mes performances à haut niveau avec Volnay m’ont faire acquérir de l’expérience et aussi un réseau de contacts auquel je ne pouvais pas avoir accès avant. Je sais aussi que je sais former un cheval de A à Z, comme cela a été le cas avec Volnay. Toute cette période m’a fait avancer et, aujourd’hui, j’en tire certains bénéfices, et pas seulement financiers.

Le système est vertueux et les choses sont plus simples : les chevaux que je choisis sont bons, les propriétaires sont motivés et me font confiance

Alexandra Francart
En 2018, Alexandra Francart, associée à son bon Volnay du Boisdeville, avait participé aux Jeux équestres mondiaux à Tryon. Ph. E. Knoll

Vous faites également pas mal de coaching ?

Oui, c’est une part importante de mon activité et, pour tout vous, dire j’ai un planning super chargé cet hiver ! Je n’ai plus de disponibilités jusqu’à mi-février, au moment où va reprendre la saison… Mais cela me plaît et j’aime beaucoup échanger avec les cavaliers dans le cadre des stages que j’anime.

Quels sont vos objectifs pour la saison 2024 ?

Eh bien, ma super Betty (du Prieuré, Dorémi x Chellano Z, Holst) est toujours là et elle fait très bien son job de jument de tête, en m’emmenant sur de beaux concours. C’est la locomotive de l’effectif et elle est performante, elle me fait plaisir. En 2024, j’aurai également deux chevaux de sept ans en lesquels je crois beaucoup. Il s’agit d’Hilton du Bidou (Vigo Cécé x Jeff d’Or), appartenant à la famille Baldeck et qui est arrivé récemment aux écuries, ainsi que Hermes Les Villas (Dominator 2000 Z x Kannan, Kwpn), appartenant à Steeve Mittnacht et Marion Masselin. L’objectif est de les faire évoluer parce que ce sont de vrais bons chevaux. Certaines personnes intéressées se sont approchées d’Hermes, mais le but n’est absolument pas de le vendre aujourd’hui. L’idée est de continuer de le former pour le beau sport, et de le commercialiser au moment opportun.

“Betty est toujours là et elle fait très bien son job de jument de tête, en m’emmenant sur de beaux concours”, explique Alexandra Francart. Ph. PSV

Vous avez donc trouvé votre équilibre ?

Oui, et ça passe par des ajustements à certains moments de la vie. Aujourd’hui, je vais bien, mon conjoint et mon fils également, et je peux gérer mon activité comme j’en ai envie. Donc, ça roule. Bien sûr, on se fait encore parfois du souci pour telle ou telle chose, c’est normal, et peut-être encore plus avec les chevaux. Je m’estime cependant chanceuse, et effectivement j’ai trouvé un équilibre.

Crédit photo à la une: PSV