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L’Expérience

Aliette Dessaix et Pierre Bialkowski : « Il ne s’agit pas de prendre un étalon pour son nom »

Eperon 29 mars 2023

Depuis une trentaine d’années, Aliette Dessaix et Pierre Bialkowski cultivent leur passion équestre à travers l’élevage de Lônes à Anthon (38), près du confluent de l’Ain et du Rhône. Naisseur de nombreux performers en saut d’obstacles, c’est la victoire de Gulliver des Lônes (Upsilon, AA) dans le championnat des 6 ans de concours complet l’an passé qui a mis cet élevage en lumière. Sans lâcher son activité de médecin dans l’agglomération lyonnaise, Aliette Dessaix poursuit son travail de sélection et ne néglige jamais le bien-être de ses protégés.

Combien de poulains faites vous naître par an ?

En général, nous avons trois juments à l’élevage mais 2022 n’a pas été une bonne année avec deux juments vides donc nous n’aurons qu’une seule naissance en 2023 !

Sur quelles souches maternelles travaillez-vous ?

Nous avons trois juments nées à la maison issues de trois souches différentes. Tout d’abord, nous avons Quadette des Lônes (Tarzan de Beaulieu, SF), qui a tourné un peu dans les trois disciplines mais surtout en complet (ICC 133 en 2011), et sa mère, Shina d’Authuit (Venutard, SF), qui possédait les sangs de Rantzau et Furioso. Corvette des Lônes (Cabdula du Tillard, SF) est aussi sortie un peu en complet (ICC 119 en 2018), sa mère, Linotte des Lônes (Caprimond, Trak), est une fille de la première jument née à l’élevage, Goélette des Lônes (Royal Plapé, AA), elle-même fille de ma première jument de balade, Nankinette (Cactus, SF). Poésie des Lônes (Hoggar Mail, SF), ISO 133 en 2012, est la petite fille de la première poulinière que nous avons achetée, une AQPS, Irisée de Lichy (Or de Chine, PS). La mère de Poésie, Erésie des Lônes (Renoir, Westf), est sortie en dressage (IDR 114) mais a rapidement montré qu’elle produisait bien dans les trois disciplines. Nous avons également la propre sœur de Gulliver, Hypothèse des Lônes qui, sans avoir l’objectif des finales de Fontainebleau, a fait une bonne saison à 5 ans (ISO 121). Mais depuis la victoire de Gulliver, nous avons beaucoup de demandes. L’objectif est plutôt de la commercialiser, et je ne suis pas pour les techniques invasives de reproduction qui, en plus des questions éthiques, ont un coût élevé.

Avez-vous fait vos choix d’étalons ?

Pas vraiment, même si nous avons quelques idées ! Il y a deux étalons du Haras de Gravelotte qui me plaisent beaucoup : Chavez Z (Cicero Z), dont j’aime beaucoup le papier et qui présente beaucoup de force, et Diego de Blondel, un très beau cheval avec un papier intéressant, pas loin du Selle Français Originel à part la mère de Quaprice Boimargot. Les conditions sont intéressantes, avec la possibilité d’avoir du frais, donc c’est possible qu’on emmène les deux juments vides, Quadette et Poésie. Mais pour Poésie, j’ai envie de me faire plaisir en mettant Emerald van’t Ruytershof, Bwp, même si c’est cher avec des conditions de vente à la paillette, on se dit que ça vaut le coup de faire du très, très bon ! Je vais aussi regarder l’offre sur les étalons orientés complet, et particulièrement les performers dans cette discipline. Ils montrent leur courage, et je ne crains pas les étalons avec un peu d’air sous le ventre.

Que recherchez-vous dans vos croisements, quels atouts attendez-vous d’un étalon ?

Il ne s’agit pas de prendre un étalon pour son nom, il faut qu’il soit adapté à la jument ! La locomotion et la beauté sont des qualités essentielles mais il faut surtout penser à la facilité d’utilisation. J’aime les chevaux courageux, qui aiment aller sur la barre. Il y a des étalons grands performers qui doivent leur carrière surtout à la très grande qualité de leur cavalier ! Il faut aussi tenir compte des réflexions sur le bien-être animal : on va devoir penser à utiliser moins d’embouchures contraignantes et montrer que nos chevaux font ce qu’on leur demande parce qu’ils aiment ça, pas sous la contrainte !

Photo : Aliette Dessaix , ici aux côtés de Poésie des Lones. Crédit : Jean-Louis Perrier.