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Amande de B’Neville tire sa révérence au monde du sport

Emilie Dupont 25 décembre 2023

À l’aube de ses quatorze ans et après une carrière sportive tout bonnement exceptionnelle, la championne olympique et vice-championne du monde Amande de B’Neville quitte la scène sportive, comme l’a annoncé sa cavalière, Julia Krajewski.

Gagnante du CCI4*-L de Saumur en 2021, sacrée championne olympique en individuel à Tokyo quelques mois plus tard, avant de remporter le CCI4*-S de Wiesbaden en 2022, de se classer neuvième du CCIO4*-S d’Aix-la-Chapelle puis cinquième de celui du Haras et, enfin, d’être sacrée vice-championne du monde en individuel et championne du monde par équipe à Pratoni del Vivaro… En seulement deux ans, Amande de B’Neville a marqué l’histoire du concours complet comme peu l’ont fait. Sous la selle de Julia Krajewski, la Selle Français née chez Jean-Baptiste Thiébot s’est imposée comme l’une des meilleures juments de sa génération, a fait les belles heures de l’équipe allemande et tire aujourd’hui sa révérence, comme l’a annoncé sa cavalière.

Une nouvelle carrière à venir

Beaucoup se demandent sûrement comment va Mandy (l’affectueux surnom d’Amande, ndlr) et quelle va être la suite pour elle. Tout d’abord, je tiens à dire qu’elle se porte très bien et qu’elle profite de sa vie aux écuries et au pré. […] Pour faire court, elle ne reviendra pas en compétition mais, nous l’espérons tous, deviendra une aussi bonne mère qu’elle a été jument de complet“, écrivait l’Allemande sur ses réseaux sociaux le 24 décembre. “Cette décision a été prise en accord avec Bernd Heicke, co-propriétaire d’Amande, qui a été d’un soutien sans faille. […] Sans rentrer dans les détails, Mandy souffrait depuis quelque temps d’un problème au sabot. Rien de dramatique mais cela ne s’est pas résolu comme nous l’espérions malgré les traitements. Si cela ne la gênait pas au quotidien, la pression de la performance en compétition aurait pu aggraver les choses. Nous n’avons voulu prendre aucun risque. Chacun est libre de faire ses propres choix, mais Mandy m’a tant donné, a été une partenaire tellement exceptionnelle, m’a permis de réaliser mes rêves les plus fous, que ma plus grande peur était de la laisser tomber et de ne pas prendre la meilleure décision pour elle“, précisait également Julia Krajewski lors de son annonce.

Une crack née

Sans le savoir, Amande de B’Neville a donc fait ses adieux au monde du sport à Pratoni del Vivaro et a conclu sa carrière sur deux titres mondiaux. Les amoureux du complet se souviendront assurément longtemps de cette petite baie à la générosité sans pareille, tout comme ceux qui ont participé à sa formation et avaient, dès son plus jeune âge, repéré son potentiel. À commencer par celui qui l’a fait naître, Jean-Baptiste Thiébot. “Je ne vais pas fanfaronner en disant que j’ai toujours su qu’elle ferait du haut niveau. En effet, dès son plus jeune âge, c’était déjà une belle jument, avec du sang, bien dans sa tête et elle avait tout pour réussir. Mais j’ai aussi su la laisser entre les mains des bonnes personnes, des gens compétents” Parmi eux, Olivier Le Vot, qui a débourré Amande et l’a débuté en compétition en saut d’obstacles. “À cinq ans, elle était déjà une excellente jument de concours“, confiait le cavalier au micro de L’Eperon il y a deux ans. “Elle avait un très bon mental, beaucoup d’étendue et était très facile. Elle se laissait bien faire au travail et comprenait assez vite ce qu’on lui demandait. Amande avait vraiment un très bon mental et un bon caractère. Elle était un petit peu raide mais bougeait tout de même bien. C’était vraiment une jument d’avenir.

De nombreuses qualités, qui n’ont évidemment pas échappé aux connaisseurs, dont la Flammande Myriam Meyleman (qui avait déjà découvert le champion Samouraï du Thot), à qui Amande a tapé dans l’oeil à cinq ans. “Elle a beaucoup aimé son modèle ainsi que la manière dont elle bougeait et sautait. Il faut dire qu’Amande a de belles allures et un bon passage de dos à l’obstacle”, nous racontait aussi Jean-Baptiste Thiébot. En 2017, Amande a ensuite rejoint les écuries de Julia Krajewski, qui en a à son tour fait l’acquisition avec Bernd Heicke. C’est ainsi que les carrières des deux complices ont pris un véritable tournant, puis qu’elles sont devenues l’un des meilleurs duos de l’histoire du concours complet. “Je suis vraiment heureux qu’Amande soit sous la selle de Julia. C’est une excellente cavalière, qui a vraiment su tirer le meilleur de la jument. Amande est une très bonne ambassadrice du savoir-faire français à l’étranger”, affirmait également le fondateur de l’élevage de B’Neville.

Le bon sang des B’Neville

Fille d’Oscar des Fontaines, SF et de Perle de B’Neville, SF (Elan de la Cour, SF), Amande est le fruit d’un croisement bien réfléchi. “Je ne fais pas de croisement dans le but de faire des chevaux de complet. Je prends des origines que j’apprécie et j’accorde beaucoup d’importance aux souches maternelles, qui font selon moi les deux tiers de la réussite. Dans le cas d’Amande, j’ai par exemple préféré prendre un fils de Lando que Lando lui-même, car je le trouve un peu trop regardant. Concernant sa mère, elle est issue d’une très bonne souche de performers à haut niveau“, nous expliquait Jean-Baptiste Thiébot après la victoire d’Amande dans le CCI4*-L de Saumur. D’ailleurs, Amande est quasiment le seul produit de cette lignée à s’être illustré en concours complet. Outre la baie, Perle de B’Neville a également engendré Uredo de B’Neville, SF (Apache d’Adriers, SF) et Epure de B’Neville, SF (Bisquet Balou VD Mispel, RHDL), qui s’illustrent tous les deux jusqu’en CSI3*. Amande descend également de la très bonne Vigie B’Neville, SF (Dear Patrick, PS), sa troisième mère, qui a pour sa part donné naissance à Fort de B’Neville, SF (Fort de la Cour, SF), que l’on a pu voir jusqu’en épreuves 1,60 mètre, tout comme Droit de B’Neville, SF (Talent Platière, SF) et l’étalon Radja de B’Neville, SF (Allegreto, SF), ISO 155. Une très bonne lignée de sauteurs, à qui Amande doit indéniablement quelques-unes de ses qualités, qui prouve, tout comme la baie, le talent de Jean-Baptiste Thiébot, devenu lui aussi ambassadeur du savoir-faire tricolore à l’étranger.

Crédit photo à la une: PSV