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L’Expérience

Anthony Hordé, objectif Top 10

Jocelyne Alligier 20 décembre 2023

Présent en équipe de France depuis plusieurs années, Anthony Hordé n’avait jamais participé au circuit Coupe du monde FEI d’attelage. À Lyon puis à Genève, le meneur picard a montré qu’il y avait bien sa place. Rencontre avec un passionné qui se donne les moyens d’atteindre ses objectifs.

Comment êtes-vous venu à l’attelage ?

Je suis installé comme agriculteur près d’Amiens et je montais un peu à cheval en amateur, pas du tout en compétition. C’est au concours de Conty, à trente kilomètres de chez moi, que j’ai découvert l’attelage il y a vingt ans. François Dutilloy m’a toujours conseillé avec bienveillance même quand j’étais amateur. En 2006, j’ai remporté le CAI de Compiègne, ce qui m’a permis d’accéder aux stages CRE et FFE à Lamotte-Beuvron.

Comment s’est constitué l’attelage que vous présentez en Coupe du monde ?

C’est un attelage qui n’est pas jeune mais avec un nouveau cheval acheté à Boyd Exell. Les chevaux étaient avant confiés à Benjamin Aillaud, qui a cessé sa collaboration avec les propriétaires, Eric et Ariane Bouwman. Eric est un ami de longue date et m’a proposé de reprendre son team. C’est une première pour moi cette année d’avoir le soutien de propriétaires et de sponsors grâce à une société de matériaux d’Amiens, les établissements Sergent, et un ami qui est dans l’immobilier, Dan Vacher. On est en train de faire des réglages dans le team, avec des changements de place pour les chevaux. Les deux de droite, Billy et Zan, sont champions de France en paire avec mon fils ainé Louis, et donc ce n’est que depuis mi-octobre qu’ils sont dans le team à quatre. J’ai la chance d’avoir maintenant un team dédié à l’indoor, ce qui est beaucoup mieux que de prendre les mêmes chevaux que ceux d’extérieur !

Combien de chevaux avez-vous à l’entraînement ?

J’ai quatorze chevaux à l’entraînement. Toute la famille s’est mise à l’attelage ! Mais mon fils est éloigné de la maison par ses études, donc c’est moi qui m’occupe de ses chevaux. J’ai pu m’organiser au niveau de la ferme pour passer plus de temps avec les chevaux, et c’est la première année où je ne monte plus sur le tracteur ! Avant j’attelais à quatre une fois par semaine, maintenant je peux le faire trois fois par jour ! Cela me permet d’avoir des objectifs pour viser le Top 10 qui me permettra de rentrer dans plus de concours car c’est toujours difficile d’avoir des invitations.

Vous découvrez le circuit Coupe du monde. Quelles sont vos impressions ?

Oui, c’est une première pour moi ! J’ai pu avoir une invitation à Lyon et c’était formidable. Pour Genève, c’est Jérôme Voutaz qui a parlé de moi aux organisateurs, ainsi que Félix Brasseur et mon propriétaire, ce qui m’a permis d’être invité. C’est beaucoup de pression car on sait qu’on va se battre contre les meilleurs ! C’est un concours magnifique, avec une super ambiance. Je suis très content de ce qu’ont fait les chevaux. Sur le premier tour, j’étais un peu frustré car j’ai l’impression que les volées n’avançaient pas assez, mais le propriétaire était content de la fluidité dont nous avons fait preuve, les chevaux étaient faciles, donc nous avons tout pour progresser. À Equita Lyon, même si la piste est moins grande, il y avait plus de vitesse car les portes étaient plus éloignées. Là, tout s’enchaîne très vite mais ça reste très agréable à mener. Ce qui est bizarre pour quelqu’un d’inexpérimenté comme moi, c’est les temps de reconnaissance : vingt minutes et puis on reprend la voiture pour un tour de galop et il faut y aller ! Il y a aussi une partie administrative lourde à gérer, avec toutes les démarches pour aller à l’étranger. C’est pour cela que ce serait bien si on était plus de français sur le circuit. D’abord, cela créerait une émulation, et nous pourrions nous entraider dans les démarches. L’attelage français a déjà de belles médailles, comme le bronze aux championnats d’Europe en 2019. Avec les teams que préparent plusieurs meneurs en ce moment, on peut revenir et faire peur aux autres !

Crédit photo à la une: Jean-Louis Perrier