Raymond Lefèvre : « Bien connaître sa jumenterie »
Classé dans le top vingt du palmarès des éleveurs du magazine Spécial élevage by L’Eperon, Raymond Lefèvre, à la tête de l’élevage de Sainte Hermelle, fait naître depuis la Belgique des générations de bons poulains dont certains, à l’instar de Bingo Ste Hermelle, ont atteint le haut niveau.
Combien de poulains faîtes-vous naître chaque année ?
J’en fais naître une quinzaine par an.
Sur quelles souches maternelles vous appuyez-vous pour votre activité ?
D’abord sur celle de Naltysse de Ste Hermelle (Billy du Lys), qui est une arrière petite-fille de Sabina (Brilloso), qui allie dans son papier le sang des Pur-sang Rantzau et Furioso. J’ai à l’élevage ses filles, Avarysse Ste Hermelle (Calvaro, Holst) et Caltysse Ste Hermelle (Nabab de Reve, sBs). Avarysse et Caltysse ont toutes les deux tourné sur le circuit des 7 ans. Naltysse, qui a vingt-six ans aujourd’hui, est une jument fantastique, dotée d’un magnifique modèle. Quand elle était jeune, elle n’a jamais été battue lors d’un concours de modèles et allures. Ensuite, elle a tourné jusqu’en épreuves 140 sous la selle de ma fille Adeline. J’ai une autre souche dont je suis fier grâce à Roanne du Rouet (Baloubet du Rouet), une jument que j’ai achetée à l’âge de cinq ans à Pascal Cadiou et François Lévy. C’est une très belle souche et c’est rare de pouvoir acheter une jument de l’élevage de la famille Fardin. Roanne est la mère de notre étalon Ideal Ste Hermelle (Eras Ste Hermelle, sBs), neuf sans faute sur neuf à quatre ans, quatre sur quatre pour l’heure en cinq ans, et approuvé au stud-book sBs. J’ai également la souche de Bingo Ste Hermelle (Number One d’Iso). J’ai vendu sa mère, Ujade Ste Hermelle (Diamant de Semilly) aux Etats-Unis, mais j’ai encore deux soeurs d’Ujade à l’élevage : Anaya de Ste Hermelle (Andiamo, NRPS) et Urphée Ste Hermelle (Lord Z, Holst). Anaya a tourné en CSI5* avec Pedro Veniss. J’ai également Verboise Ste Hermelle (Phelius Ste Hermelle), qui est l’arrière grand-mère d’un autre de nos étalons maison : Jenepi Ste Hermelle (Qlassic Bois Margot), approuvé pour produire en Selle Français. Parmi les bonnes poulinières, je dispose également d’Edelweiss Ste Hermelle (Vargas de Ste Hermelle, sBs), mère de Déesse Ste Hermelle (Uto Kervec), qui a tourné sous la selle de Thierry Goffinet. J’ai également eu le retour à la maison de Callas Rezidal Z (Campione, Holst), fabuleuse ponette de sport indicée à près de 190. Je l’avais achetée pouliche, puis vendue à la condition de la récupérer après le sport pour la reproduction. Elle a un palmarès exceptionnel et m’a donné pour l’heure une pouliche, Estephe Ste Hermelle (Upercut Kervec), neuf ans, également à la reproduction. Pour ne pas tourner en rond, au cours de ma carrière, j’ai choisi de diversifier mes souches. Avec l’achat de Roanne, par exemple, je suis allé chercher un autre sang que le mien.
Avez-vous fait vos choix d’étalons pour cette saison ?
J’ai encore pas mal de juments qui n’ont pas pouliné et donc mes choix ne sont pas encore arrêtés. Je sais quand même que je souhaite aller à mes étalons maison, Eras, Ideal et Jenepi Ste Hermelle car j’ai très souvent eu de bonnes surprises avec mes propres étalons en termes de production. Quand je teste mes produits à deux ans, je suis souvent plus agréablement surpris par ceux de mes propres étalons que par ceux issus des autres. Alors, chaque année, je fais un mix entre étalons maison et étalons à la mode. En plus des miens, je vais donc aller cette année à Quel Homme de Hus – j’aime bien cet étalon et je connaîs bien Jérôme Guéry -, à Qlassic Bois Margot et à Balou du Rouet. Je pense également utiliser Vivaldi du Seigneur. J’ai calculé que sur cinq années d’élevage, à raison de dix à quinze poulains nés par an, dix chevaux Ste Hermelle ont fait du 5* et toute une série est sortie en 2 et 3*.
Que recherchez-vous à faire ressortir chez vos chevaux ? Comment faîtes vous vos croisements ?
La première chose est de bien connaître sa jumenterie et d’analyser les qualités et les défauts de chaque jument. Pour moi, les résultats en compétition du père et de la mère, ainsi que leur pedigree sont très importants. Je regarde également ce que donne la production de tel ou tel étalon. Par exemple, je n’ai jamais utilisé Cornet Obolensky ou Casall car je juge que le ratio de très bons chevaux sur le grand nombre de juments saillies est finalement assez faible. Ensuite, je regarde le modèle et le comportement, qui sont selon moi des critères qu’il faut aussi prendre en compte dans les croisements.
Le site de l’élevage Sainte-Hermelle par ici
Photo : Raymond Lefèvre, sa fille et son gendre, Adeline Lefèvre et Aurélien Bigault