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Associations d’élevage : une adhésion facultative qui pose question

Eperon 10 mars 2023

À compter de la saison 2023, l’adhésion à une association d’élevage devient facultative pour les éleveurs, cavaliers et propriétaires qui souhaitent engager leurs chevaux dans des épreuves locales et régionales. Une mesure qui pourrait inciter les associations à proposer un panel d’activités et de services enrichi aux adhérents.

Entré en vigueur le 1er novembre 2018, le Règlement zootechnique de l’Union Européenne (RZUE), qui a considérablement élargi les missions des organismes de sélection, définit également un cadre juridique pour la sélection génétique animale à l’échelle européenne, dont les missions autour du contrôle des performances pour toutes les espèces d’animaux de rente, équidés inclus. Désormais, il ne sera plus possible de réserver l’accès à la performance aux seuls adhérents d’une association. 

Concrètement, l’adhésion à une association organisatrice de concours en région (circuits 0-3 ans, Poneys, Cycle libre et Formations, en saut d’obstacles, concours complet, dressage, endurance, attelage, hunter, et PRATIC) et à un organisme de sélection (stud-book Selle Français, ainsi que les associations nationales de race agréées) est désormais facultative. Toutefois, seuls les propriétaires adhérents à deux entités seront éligibles au versement des primes. À noter : l’adhésion à la Société hippique française (SHF) reste obligatoire cette saison pour les propriétaires et cavaliers participant aux circuits Cycle classique de 4 à 6 ans (CSO, CCE et dressage) et deviendra facultative pour tous les utilisateurs des circuits en 2024.

Développer et motiver

Cette décision pourrait bien affecter les associations régionales d’élevage, qui comptent avant tout sur les adhésions des éleveurs désireux d’engager leurs produits dans les concours locaux et régionaux qu’elles organisent. Aude Malherbe, membre de la SHF, l’indique, « cette mesure risque en effet de modifier le fonctionnement de certaines associations et de générer quelques pertes financières. Mais c’est aussi l’occasion pour ces groupements d’éleveurs de développer de nouveaux services pour motiver leurs adhérents. La mission de la SHF consiste à les accompagner dans ces nouvelles orientations, à élargir leurs offres aux éleveurs et à assurer un soutien en régions. Les adhérents ont pris conscience de l’intérêt des concours d’élevage pour la formation de leurs chevaux. De plus, de manière très concrète, les éleveurs qui n’adhèrent pas à une association régionale et à un organisme de sélection verront la facture de leurs engagements augmenter et ne toucheront pas les primes accordées en concours s’ils ne sont pas adhérents à deux entités ». 

Un nombre d’adhérents toujours similaire

La Fédération régionale des éleveurs de chevaux de sport de Bretagne (FEDEB), qui regroupe depuis 1995 environ deux-cent-cinquante éleveurs, ne semble pas particulièrement inquiète au sujet de cette mesure, déjà en vigueur depuis quelques années. « Nos éleveurs sont fidèles », assure le président, Jean Hemonic. « Pour le moment, le nombre de nos adhérents est identique à celui des années précédentes. Le pourcentage de ceux qui ne renouvelleront pas leur adhésion (soixante euros, ndlr) sera sans doute minime, et cette mesure ne mettra pas la FEDEB en péril. » Cette association bretonne, pour le moins dynamique, a de quoi séduire ses membres puisqu’elle organise une vingtaine de concours d’élevage à l’année, dont des sélections pour les championnats de France de diverses catégories, des épreuves de validation de prime PACE, à l’intention des éleveurs dont les poulains sont nés tard dans la saison. « Certes, l’organisation de concours constitue pour nous une vitrine », affirme le président. « Mais nous proposons également des formations sur les critères de jugement des concours de modèle et allures, des regroupements de chevaux à vendre, ainsi qu’une vente aux enchères d’une trentaine de chevaux à Pontivy en novembre, qui fait l’objet d’un catalogue. En 2022, la moyenne du prix de vente se situait à plus de 13 500 euros. » 

Du côté de l’Association nationale du Poney Français de selle (ANPFS), pour l’instant, le nombre d’adhérents (neuf-cent-trente-quatre en 2022) est également similaire à celui de 2022 à la même date. L’association, qui organise notamment le National Poney Français de Selle (plus connu sous le nom de Sologn’Pony), propose également des formations de juges, de saut en liberté, développe un programme “Jeune génétique”, et publie un magazine annuel. Pour sa part, lors de son conseil d’administration du 13 décembre 2022, l’Association d’éleveurs de chevaux arabes pur-sang et demi-sang (ACA) jugeait « plus sage de ne pas augmenter l’adhésion 2023 », fixée à quarante euros.

Pour toutes les associations d’élevage, il faudra sans doute attendre la fin de l’année pour faire un bilan complet de l’impact éventuel de cette mesure européenne sur le nombre des adhérents.

Crédit photo : Les Garennes.