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L’Expérience

Bandro Boy de Béthune, le chic de Sandro, le sang de Quick Star – Partie 1

Sylvia Flahaut 4 juillet 2023

Lors du concours interrégional d’Auvers réservé aux chevaux de quatre ans, on a vu plusieurs représentants de Bandro Boy de Béthune, cet étalon de douze ans issu de l’élevage de Daniel Dormaels, qui allie le sang du Oldenburger Sandro Boy à celui du Selle Français Quick Star. 

Si, dans le pedigree de Bandro Boy, on retrouve des courants de sang allemands et français, la Belgique est également intimement liée à l’histoire du fils de Sandro Boy. Car son naisseur, Daniel Dormaels, originaire de Belgique et installé en France, a pu compter sur l’aide de son ami Franck Ghysens, éleveur belge, pour fabriquer et accueillir son jeune prodige. “Je me suis installé avec mon épouse, Agathe Blanchemain, en France en 2009”, indique Daniel, soixante-deux ans. “Nous avons fait l’acquisition d’un haras qui accueillait autrefois des trotteurs, près d’Isigny-sur-Mer, dans le Calvados.” Passionnés de sport, le couple démarre son élevage avec deux poulinières Selle Français, Rivière de Longpré (Laudanum, PS x Galoubet A) dont la tante, Decibelle du Roc (Galoubet A x Double Espoir), n’est autre que la mère de Qlassic Bois Margot (L’Arc de Triomphe, Old), ainsi que Etoile de la Roque (Narcos II x Jefferson, PS). “J’ai également acheté deux poulinières Holsteiner à mon ami Franck, Narnia, par Cassini I, Holst, et Carma de Béthune, par Come On, Holst.” Si Daniel et Agathe ont majoritairement basé leur élevage, à l’affixe de Béthune – du nom du lieu-dit où ils se situent, et non pas de la commune des Hauts-de-France comme on aurait pu le croire – sur ces quatre poulinières, leur Bandro Boy fait exception à la règle. “Mon ami Franck, à qui j’ai acheté mes deux juments Holsteiner, m’a proposé de louer l’une de ses poulinières pour une année, Truedelight M, une KWPN”, détaille Daniel Dormaels. “Elle avait une excellente génétique, et alliait le sang de Quick Star sur une souche holsteiner de très grande qualité : en effet, sa troisième mère, Folia, n’était autre que la mère des étalons Capitol I et II, et sa deuxième mère, U Capitola, la mère de Quite Capitol. Cette souche maternelle est vraiment ce qui se fait de mieux au sein du stud-book holsteiner.” En guise d’étalon, cette année-là, Daniel Dormaels choisit Sandro Boy. “A cette époque, il fallait se rendre chez Paul Schockemoehle pour obtenir une saillie de Sandro”, poursuit Daniel Dormaels. “Mon ami Franck s’y rendait avec l’une de ses juments. L’occasion s’est présentée et j’ai choisi de l’accompagner avec Truedelight !

“Notre coeur nous a dit de le garder”

En 2011, au haras de Béthune, le couple accueille ainsi un joli foal et le baptise Bandro Boy, en référence à son père. Daniel Dormaels garde le souvenir d’un poulain qui sortait du lot, qu’on remarquait facilement. “Il avait un truc spécial dans son équilibre. Il était capable d’allonger le galop et, quand il arrivait dans un coin ou en limite de pâture, il raccourcissait son allure et faisait un demi tour sur les hanches, pour repartir au galop dans l’autre sens. Tous les autres passaient au trot et faisaient ce qu’ils pouvaient avec un équilibre un peu précaire, mais pas lui.” Daniel Dormaels se souvient également des premiers sauts de Bandro Boy en liberté : “il avait une force phénoménale, il pouvait partir une foulée avant sur l’obstacle, sans forcer, cela ne lui posait aucun problème.” L’éleveur, qui fait le choix de garder son protégé étalon, le met lui-même en route et suit le circuit des Cycles classiques. A la fin de la saison, Bandro Boy est approuvé. “J’ai continué de former Bandro Boy et j’ai vécu des moments inoubliables. Je me souviens particulièrement de la finale des chevaux de 6 ans, à Fontainebleau. Nous avons signé un sans faute le premier jour et, le lendemain, il pleuvait énormément. Juste avant mon passage, le rouleau est passé sur la piste et nous avons dû attendre quelques minutes avant d’entrer dans l’arène. Cela n’a pas plus à Bandro Boy, ni à moi d’ailleurs, et nous avons commis une faute sur le tour”, se remémore le cavalier qui, à soixante-deux, forme encore lui-même ses jeunes chevaux. “Le dernier jour, nous avons participé à la petite finale, et Bandro Boy a sauté extraordinairement ! Il ne pouvait pas faire une barre, j’en ai encore des frissons quand je vois la vidéo. En sortant de piste, je crois que, sans exagérer, il y avait vingt personnes qui me suivaient pour le demander. Nous aurions pu le vendre, mais nous sommes des passionnés. Et notre coeur nous a dit de le garder.” Daniel Dormaels participe aux épreuves réservées aux chevaux de sept ans l’année suivante et garde notamment en mémoire son double sans faute dans le Top 7 de Saint-Lô, ce qui n’a pas manqué d’attirer les éleveurs du coin, qui ont commencé à utiliser le fils de Sandro Boy. En 2018, Bandro Boy fait un peu moins de trente saillies, et plus de cinquante l’année suivante. 

Découvrez la seconde partie du portrait de Bandro Boy de Béthune demain sur leperon.fr

Photo : C’est le naisseur de Bandro Boy de Béthune, Daniel Dormaels, qui a lui-même mis en route son protégé, jusqu’aux épreuves réservées aux chevaux de 7 ans. Crédit : Coll. privée