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Bon anniversaire aux chevaux Henson !

Béatrice Fletcher 4 août 2023

En juillet dernier, le cheval de Henson célébrait les vingt ans de la création de la race ainsi que les trente ans de celle de l’espace du Marquenterre. Retour sur une aventure à succès.

En 1972, suite à un voyage d’étude en Norvège, Bernard Bizet, agriculteur et éleveur établi à Ponthoile (80), créé le premier élevage de Fjord avec un étalon et quatre pouliches, pour faire naître des équidés adaptés à l’équitation d’extérieur, en plein développement. L’année suivante, désireux d’allier les compétences et le mental du Fjord avec le dynamisme et la résistance de l’Anglo-arabe, il croise deux de ses poulinières avec des étalons des Haras Nationaux. La naissance, un an plus tard, de ses premiers produits attire l’attention de Lionel Berquin, étudiant en médecine et accompagnateur au centre équestre de Morlay, qui crée en 1979 l’Association des cavaliers de la baie de Somme, à laquelle adhèrent Marc Berquin, le jeune vétérinaire Michel Trencart et Dominique Coquet, alors dirigeant du Syndicat mixte pour l’aménagement de la côte picarde. Tous s’accordent sur un objectif commun : produire un cheval de loisir polyvalent, endurant, susceptible de vivre à l’extérieur toute l’année, pour des coûts de revient maîtrisés. Par manque de place, l’association basée à Port-le-Grand prend ses quartiers à Saint-Quentin-en-Tourmont (80) entre 1984 et 1986, date à laquelle le petit cheval de la Baie de Somme devient “Henson”, du nom de l’association éponyme qui voit alors le jour. Avec le soutien des Haras Nationaux, le Henson bénéficie par la suite de son propre stud-book. L’année 2003 marque l’aboutissement de trente ans de recherche, avec la reconnaissance officielle de la race le 10 juillet par le ministère de l’Agriculture. Le Henson devient alors la quarante-quatrième race équine française.

Des critères stricts

Afin de préserver les spécificités de ce petit cheval de loisir, idéal pour l’équitation d’extérieur mais également capable de pratiquer l’attelage, le horse ball, le polo cross, l’endurance, voire le saut d’obstacles ou le dressage, l’association du cheval Henson est intraitable sur les critères d’approbation. Les candidats reproducteurs, constitués de 25 à 50% de sang Fjord, charpentés mais pas trop lourds, d’une taille comprise entre 1,50 et 1,60 mètre au garrot, se doivent d’être de robe isabelle, avec les crins bicolores, d’avoir une raie de mulet sur le dos et idéalement quelques zébrures aux membres, sans aucune trace blanche, en tout cas chez les mâles (elles sont éventuellement tolérées chez les juments). Les candidats à l’approbation doivent également satisfaire à des tests d’allures, de tempérament et de maniabilité, lors desquels le cheval est observé à pied sur divers ateliers tels que la toise, la notation du modèle, la sensibilité tactile, les tests de l’objet et de la surface inconnus ainsi que de la soudaineté, au cours desquels sont examinés sa tension musculaire et ses réactions.

Un concept complet

Fidèles à leur convictions, les créateurs de la race, déterminés à produire un cheval vivant dans des conditions les plus naturelles possibles, dans de grands espaces, à l’extérieur été comme hiver (un mode de vie qui contribue indéniablement à leur docilité) ont, ces trente dernières années, déployé leur concept dans sept espaces dédiés. Outre les 1 000 hectares du site d’origine du Marquenterre, l’aventure s’est implantée également à Fort Mahon Plage (80), à Rue (80), au Touquet (62), à Chantilly-Apremont (60), à Compiègne (60) et à Fontainebleau (77) depuis 2021 à l’initiative de Cyrille et Roger-Yves Bost, soit quelques trois-cent-cinquante individus sur les 1 300 recensés en France. 

Stéphanie Roussel, gérante de l’espace équestre du Marquenterre le souligne, « c’est une race très récente, que l’on retrouve principalement dans le nord de la France ou dans les régions limitrophes, même si certains commencent à être exportés en Belgique. Nous enregistrons une soixantaine de naissances annuelles, dont une quarantaine dans les espaces, et le reste voit le jour chez des particuliers. » Dans tous les espaces équestres, le mode de fonctionnement est codifié. Les cavaliers, présents sur le site pour une durée de trois heures, vont chercher le cheval dans sa pâture, bénéficiant ainsi d’une première approche de familiarisation, de la découverte de leur mode de vie, puis les préparent pour une balade d’une heure et demie, après quoi ils les dessellent et les reconduisent au pré. Côté équipement, le hackamore, monté sur de la corde à bateau, est de rigueur, bord de mer oblige. Cette embouchure résistante, qui requiert peu d’entretien, évite par ailleurs les actions intempestives sur la bouche du cheval, d’autant que le Henson, particulièrement docile, accueille fréquemment des cavaliers débutants. Stéphanie Roussel le confirme, « la philosophie au sein des espaces équestres Henson tient à la découverte de son milieu naturel en harmonie avec le cheval et son environnement. L’association veut que les lieux qui accueillent ses protégés soient un espace disposant de pâtures suffisantes, mais également adossé à un site naturel type plage ou forêt. »

Une traversée à ne pas manquer

Afin de célébrer dignement le vingtième anniversaire de la race, outre la fête de l’élevage qui se déroulait le 23 juillet, l’association prépare, pour le 22 octobre prochains, à l’occasion de la traditionnelle transhumance annuelle du parc ornithologique du Marquenterre vers les quartiers d’hiver à proximité du centre équestre éponyme, une traversée du village de Saint-Quentin-en-Tourmont, avec une centaine de chevaux encadrés par deux-cent-cinquante cavaliers. Une douzaine d’attelages sera mis à disposition des personnes désireuses de suivre cet événement qui promet d’être spectaculaire !

Crédit photo : Agence Arcantide / Florent Cocquet.