CEI3* Fontainebleau : L’élevage de Jalima aux honneurs
Grand Parquet Endurance, piloté par Caroline et Gilles Cabardos, proposait ce week-end son traditionnel rendez-vous international de printemps. L’occasion, pour l’élevage de Jalima, d’afficher sa supériorité.
Le CEI de Fontainebleau, première confrontation de haut niveau dans l’hexagone suite aux championnats du monde de Boudhieb, accueillait deux courses de niveau 3*. L’épreuve reine, courue sur 160 kilomètres par quatorze couples, est remportée aisément à une moyenne de 23,1km et avec huit minutes d’avance par Mélody Théolissat, en selle sur le hongre de douze ans, Kais de Jalima, AR (Sadepers, lui-même fils du chef de race Persik, et Pipistrelle par Piruet), né chez Jean-Claude Guillaume. La deuxième place revient à la Belge Elisabeth Hardy, associée à Elton Grezette, DSA, mâle de neuf ans fils de Abd El Shaklan x Arques Perspex, tandis que Edmée Merlin et Baj de l’Angélique, hongre de onze ans, fils de Baj de Piboul x Arzew, complètent le podium.
Le succès de l’élevage de Jalima
L’éleveur du vainqueur, âgé aujourd’hui de quatre-vingts ans, fondateur en 2000 de l’élevage de Jalima basé à Ampus (83) et qui a cessé son activité voilà six ans, continue à suivre ses produits avec enthousiasme, dont Yalla de Jalima, hongre Arabe de neuf ans, fils de Djevar des Garves x Piruet, classé cinquième aux commandes de Nicolas Ballarin dans l’épreuve de 160 kilomètres. « Je me suis intéressé au Pur-sang arabe par hasard il y a vingt-cinq ans », évoque Jean-Claude Guillaume. « Mes croisements ont été dictés au départ par la beauté du Pur-sang arabe, et petit à petit, en faisant des recherches sur la génétique, j’ai misé sur des étalons qui conviendraient le mieux à mes juments. J’en ai réussi environ 50% (sur une soixantaine de produits, ndlr). » Féru de pedigrees, Jean-Claude Guillaume l’observe, « au départ, les éleveurs tenaient compte des souches en provenance d’Egypte, de Tunisie ou de Pologne, mais depuis de nombreuses années l’élevage français a fait ses preuves. » Parmi les étalons phare dont sont issus les champions de la discipline, l’éleveur cite en priorité Persik, AR(Kankan), né en 1969, et grand père paternel de Kais. « Si Dieu est le créateur de l’église catholique, Persik est à l’origine des meilleures souches françaises qui règnent dans le monde entier », sourit l’éleveur, dont les produits ont régulièrement été sélectionnés en équipe de France, à l’instar de la jument de onze ans Raya de Jalima, AR (Baltik des Ors et Pieszczoch par Piruet), qui décrochait l’argent aux récents Mondiaux (et peut-être l’or suite aux suspicions de dopage de l’un des chevaux de l’équipe du Bahrein), sous la selle de Virginie Atger. Suite à une période de repos bien méritée, Kais de Jalima, qui avait connu quelques déboires lors des championnats d’Europe de 2021, en dépit d’une médaille d’argent par équipes, et n’avait pas été retenu pour les Mondiaux de Vérone (déplacés ensuite à Boudhieb), reprendra l’entraînement quelque temps avant le stage de sélection en vue des championnats d’Europe d’Ermelo, où Melody Théolissat, sa complice depuis ses cinq ans, ne cache pas ses ambitions de médaille. Jean-Claude Guillaume rend hommage à sa cavalière avec laquelle il collabore depuis quinze ans, tout comme à Virginie Atger, régulièrement aux rênes de ses chevaux sur les plus belles courses du monde. « La principale qualité de Kais est sa mobilité, il n’est ni très grand ni très gros, on a du mal à lui faire prendre du poids, mais il est particulièrement rapide. Hier il s‘est promené sur la course, il a laissé les autres sur place, et pourtant il n’est pas allé très vite », sourit Jean-Claude Guillaume, qui pourrait bien voir deux de ses protégés courir les championnats d’Europe si Raya était également retenue !
Lambresten, Cabirat et La Sallaz en tête sur 140
Sur la course de 140 kilomètres, forte de treize couples, suite à une arrivée dans une poignée de secondes, la victoire revient à Lisa Riou, associée à la jument de dix ans née au sein de l’élevage familial fondé par son père Jean-Luc, Aulne Dalhia, AR (No Risk Al Maury x Dormane), suivie de Elena Paton en selle sur Ezaya Cabirat, neuf ans, fille de Baltik des Ors x Kalhan, née chez Jean-Noël Lafaure.
Coup de chapeau à Roman Lafaure, en tête tout au long de la course jusqu’au départ de la cinquième et ultime boucle, grâce à une récupération exceptionnelle de moins de cinquante secondes entre les boucles de son complice du jour, le mâle Sallaz Djin N’Tonic, AR, fils de l’un des chefs de race de la discipline, Djin Lotois (Arzew par Dahman), croisé avec Ourida de Ducor (Djamel) chez Sue et Patrick Goupillot (61), qui franchit la ligne d’arrivée avec seulement six secondes de retard. « Il est à l’entraînement chez Melody Théolissat qui me l’a confié car elle a trois chevaux qui courent aujourd’hui. C’est un étalon, nous sommes là pour montrer ses performances », explique Roman, qui découvrait son partenaire du jour la veille de la course.
L’éleveuse du bai mélangé, installée en France depuis 1982, et dans l’Orne depuis vingt ans, est à la tête d’un effectif d’une cinquantaine de chevaux, dont quatre étalons (Jazz de Marjolaine, Sallaz Fun N’Games, Olmo de l’Hom, fils de Milora Park Blue, disparu mais disponible en paillettes). « Il est issu de souches à la fois hollandaise qui donne du mental, polonaise qui confère du modèle, et tunisienne qui produit des chevaux robustes et résistants. » L’éleveuse se dit totalement ravie de la performance de Sallaz Djin N’Tonic, déjà agréé comme étalon et recommandé par l’ACA, et qui, après avoir obtenu sa performance sur une 3*, se consacrera désormais entièrement à la reproduction. « Poursuivre en compétition représente des risques, on espère que ses produits seront aussi performants que lui. Il produit avec de l’os, c’est un roc, il a un dos fort. Sa première pouliche, Irza de l’Astran, a cinq ans, et sa fille de quatre ans, Sallaz Jolly Djin, a été classée au championnat de France des trois ans en 2022. »
Photo : Mélody Théolissat et Kais de Jalima. Crédit : FFE/LB.