Champeix pleure Hélène Herrmann
Créatrice du célèbre élevage Champeix, Hélène Herrmann nous a brutalement quittés. Amoureuse des chevaux et de la génétique, celle qui avait fondé son élevage dans la Creuse, près de Limoges, il y a quarante ans, laisse un grand vide derrière elle et nombre d’excellents chevaux de sport.
Milor (Ryon d’Anzex, Aa), Guarana (Rivage du Poncel), Virtuose (Rubins des Buyères)… Pour ne citer qu’eux, car Hélène Herrmann, depuis quarante ans, a fait naître des générations de chevaux de sport – environ une quinzaine par an -, dont certains se sont illustrés à haut niveau, sur la scène internationale. Enjouée et véritablement passionnée de génétique, Hélène Herrmann, originaire de Paris et non du milieu équestre, a eu un véritable coup de foudre pour le cheval durant sa jeunesse et a acheté son premier équidé alors qu’elle était encore étudiante. Après avoir fait de la compétition en concours complet et en saut d’obstacles, Hélène, après quelques détours, est arrivée dans la Creuse, où elle a mis ses juments de sport à la reproduction, avec les étalons disponibles dans la région. Elle y fait de belles rencontres et notamment celle d’Etienne Parry, éleveur voisin, qui lui permet d’acquérir ce qui deviendra sa propriété (quinze hectares et des bâtiments au départ), et celle de Michel Gaume, vétérinaire et président de la ligue d’Auvergne, qui lui prodigue de bons conseils.
Sa passion du cheval se poursuit ainsi avec l’élevage. En 1980, à vingt-six ans, elle s’établit définitivement à Parsac (23). Consciente de l’importance tout au moins commerciale du choix des pères, l’éleveuse ouvre en 1989 un centre d’insémination, la proche station des Haras nationaux de Gouzon ne rendant pas ce service. Elle est la première en Limousin à utiliser ce progrès qui permet d’aller aux bons étalons avec un coût et un suivi incomparables. C’est un tournant pour cet élevage situé à la limite nord de I’Anglo-arabie, là où le Selle Français peut se développer tout aussi bien qu’en Normandie. Hélène Herrmann a sélectionné ses souches, a saisi les opportunités quand elles se sont présentées, avec un sens des croisements remarquable.
Etant située dans la Creuse, l’éleveuse, il y a quarante ans, a utilisé nombre d’étalons anglo-arabes et a milité en faveur de la race. Egalement juge pour le compte du Stud-Book Selle Français, Hélène Herrmann avait un oeil expert, objectif, y compris sur ses propres poulains, et une passion pour l’élevage équin chevillée au corps. Beaucoup saluent, sur les réseaux notamment, ce savoir-faire et cet engagement pour l’amélioration des races Anglo-arabe et Selle Français.