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Championnats du monde d’attelage : Martin Hölle sacré, la France craque

Sylvia Flahaut 2 octobre 2023

Clap de fin pour les championnats du monde d’attelage en paire, qui avaient lieu ce week-end sur le magnifique site du haras du Pin. De bout en bout, le jeune Hongrois Martin Hölle a mené la compétition et se voit ainsi sacré en individuel pour la quatrième fois. En équipe, c’est la Hongrie qui s’impose, devant la Suisse et l’Allemagne.

S’il n’y a pas eu de surprise côté individuel, avec la victoire de Martin Hölle (145,83 points), il faut souligner le talent et la régularité du jeune meneur de vingt-six ans. En tête après le dressage, troisième du marathon (ce qui lui permis de garder la tête) et premier sur le test de maniabilité, il s’impose haut la main dans ces championnats du monde. Cela fait six ans que Martin Hölle trône au sommet de l’attelage en paire mondial.

Le Hongrois Martin Hölle, désormais quadruple champion du Monde, encadré du Hollandais Erik Evers (à gauche) et du Suisse, Marcel Luder. Ph. Mélanie Guillamot

Un premier double titre – individuel et par équipe – acquis en 2017 à Lipica en Slovénie à seulement vingt ans, un second remporté en Allemagne, à Drekbau en 2019, un troisième aux Pays-Bas, à Kronenberg, il y a deux ans…Martin Hölle les collectionne. Installé à Beekbergen, au centre équestre de Riant (Pays-Bas), entraîné par Mieke van Tergouw et Claudio Fumagalli, Martin Hölle affiche un sang froid sans faille. Pourtant, il a laissé éclater sa joie après avoir terminé sa maniabilité. Affable, poli et réservé, Martin s’exprime dans un anglais parfait. Tout semble millimétré, calculé, pesé, mesuré. Rien n’est laissé au hasard, et donne ce sentiment de perfection qu’aucune autre nation n’égale. Non seulement il déborde de talent et travaille durement, mais il entraîne derrière lui toute une équipe, à commencer par György Fekete Jr (déjà en or par équipe en 2021) et Kristof Osztertag (lui-aussi doré mais à Drekbau deux ans plus tôt). Les six meneurs hongrois engagés dans ce championnat terminent dans les cinquante meilleurs, symbole d’un réservoir hongrois bien fourni. A la deuxième place de ces championnats du monde, on retrouve le Suisse Marcel Luder (158,77), qui a remporté le test du marathon et a ainsi opéré une très belle remontée, et le Hollandais Erik Evers (163,42), assez régulier sur les trois tests. Le premier tricolore pointe à la dixième place : il s’agit de François Dutilloy, huitième après le dressage, deuxième après le marathon, mais qui a malheureusement dégringolé au classement après la maniabilité… Résultats individuels ici

La Suisse au rendez-vous

En équipe, la Hongrie s’impose ainsi devant les Suisses, qui ont littéralement renversé la compétition. Face aux erreurs des français, les Helvètes ont sauté sur l’occasion pour s’emparer d’une très belle et méritée médaille d’argent par équipe. Auteur de la troisième meilleure performance de son équipe lors du dressage, Marcel Luder a survolé le marathon et la maniabilité qu’il remporte facilement grâce à une incroyable paire de chevaux Franches-Montagnes. « Il n’ont pas la locomotion pour rivaliser sur le dressage » admet le double médaillé d’argent. « Mais ils tournent très court ! ».

Marcel Luder et sa paire de chevaux Franches-Montagnes, vainqueurs de la maniabilité, double médaillés d’argent. Ph. Mélanie Guillamot.

Agriculteur de profession, installé à Oftringen dans le canton d’Argovie entre Bâle et Zurich, Marcel, trente-trois ans, mène à titre amateur. « J’évolue à haut niveau depuis 2016 et mon premier championnat du monde était celui de Lipica en 2017. Mon père pratiquait déjà l’attelage mais pas en international. Nous avons six chevaux Franches-Montagnes à la maison. Charli (qui participait ce week-end à son quatrième championnat du monde, ndlr) est même né à la maison.» Lorsqu’on lui demande s’il parviendra un jour à battre Martin Hölle, Marcel reste lucide quant aux capacités de ses chevaux. « Ils sont limités dans leurs allures même s’ils ont beaucoup de qualité sur les autres tests. » En résumé, à moins que le Hongrois ne perde une roue en chemin, son règne n’est pas prêt de s’interrompre

Résultats en équipe ici

Trop de pression pour les Tricolores

Dans les rangs de l’équipe de France, pourtant très bien partie après le dressage (Franck Grimonprez tenait la deuxième place et François Dutilloy, la huitième), c’est bien évidemment la déception. Les Bleus avaient bien évidemment à coeur d’aller chercher un titre, ou du moins une médaille, à domicile ! Mais certaines bonnes choses sont à retenir de la prestation des Bleus. Auteur d’un très bon dressage, Franck Grimonprez a succombé à la pression lors du marathon, et commis deux erreurs de franchissement. François Dutilloy, devenu leader tricolore (deuxième après le marathon), avait la lourde tâche de parachever le travail. Franck Grimonprez rectifia le tir (quatorzième de la maniabilité), mais son partenaire du team ATEL Compétition n’est pas parvenu à l’imiter, perdant son avantage. François Dutilloy termine malgré tout dixième et meilleur français en individuel, tandis que la France se contente de la cinquième place. Le haras du Pin a désormais les yeux tournés vers l’avenir, et notamment vers le mois de septembre 2024, pour un nouveau championnat du monde d’attelage, cette fois à un cheval.

Crédit photo à la une: Mélanie Guillamot