Cyril Forestier, l’amour du Selle Français Originel
Basé en Charente-Maritime, Cyril Forestier est un passionné de l’élevage. Installé comme agriculteur en 1992, il accueille les chevaux deux ans plus tard et, depuis cinq ans, un cheptel de vaches allaitantes de race Parthenaise. Après quelques naissances, Cyril Forestier a vite orienté son élevage en fonction d’une sélection génétique plus pointue. Ainsi, en 1999, le premier poulain issu de cette sélection, baptisé Lavillon – nom du cours d’eau qui passe dans les prairies de l’élevage -, inaugure avec brio l’affixe de l’élevage de Cyril Forestier. Ce premier produit de l’élevage issu du croisement Diamant de Semilly et Laudanum a tourné par la suite en CSI5* avec Ludger Beerbaum et eu une production qualiteuse.
Combien de poulains faites-vous naître chaque année ?
J’ai fait naître quatre à cinq poulains par an durant de nombreuses années mais, désormais, je me limite à deux ou trois naissances par an. Cela dans le but de maîtriser l’effectif présent, puisque je vends principalement les jeunes à partir de trois ans.
Sur quelles souches maternelles s’appuie votre élevage ?
J’élève sur quatre souches maternelles et toutes mes juments sont nées à l’élevage. Je n’ai que des Selle Français Originels. Anaide du Lavillon (Quidam de Revel) est une petite-fille de Rubeole (Frou-Frou, AA), ISO 155, très bonne gagnante sur 1,50 mètre. J’avais choisi Rubeole pour construire une de mes souches, sur la base de ses excellentes performances. Croisée à Muguet du Manoir, elle m’a donné Maghera du Lavillon. J’avais remarqué les très bons résultats du croisement Quidam de Revel avec des mères par Muguet du Manoir. J’ai ainsi beaucoup utilisé Quidam de Revel avec Maghera du Lavillon. Cela a notamment donné Ramses du Lavillon, ISO 144, exporté aux Etats-unis. J’ai choisi de garder Anaide du Lavillon pour continuer de travailler sur cette bonne combinaison. Autre souche, celle de Frimousse d’Espoir (Double Espoir). J’avais flashé sur cette jument, finaliste à six et sept ans, présentant une génétique très intéressante : c’est une fille de Double Espoir et sa mère, très près du sang, avait produit Skippy II, étalon de renom en Belgique. Frimousse m’a donné de bons résultats comme la prometteuse Ébène du Lavillon (Kannan, KWPN), ISO 143. J’ai conservé deux de ses produits : Camalia du Lavillon (Baloubet du Rouet) et Violène du Lavillon (Diamant de Semilly). Même si je ne souhaite conserver que des juments SFO, je ne suis pas fermé sur quelques croisements ponctuels avec du sang étranger. Je suis en réflexion pour faire de l’ICSI avec Camalia du Lavillon et Chacco-Blue, Meckl, afin de reproduire le fameux croisement Chacco-Blue x Baloubet du Rouet. J’ai également la souche de Le Prestige St Lois, ISO 176, et Maestro St Lois, ISO 177, par le biais de leur sœur Idylle St Loise (Papillon Rouge). J’ai élevé avec une de ses filles Olympe du Lavillon (Obéron du Moulin), qui m’a donné Vicomte du Lavillon (Diamant de Semilly). Il ne me reste plus qu’une femelle d’Olympe, Hortense du Lavillon (Excalibur dela Tour Vidal, sBs), qui va faire les six ans cette année et présente un bon potentiel. Mais cela me gêne de continuer à élever avec Hortense car elle n’est pas SFO. J’ai une autre six ans, d’une autre souche, Hirondel du Lavillon (Mylord Carthago x Dollar du Murier), qui est dans le même cas de figure qu’Hortense du Lavillon, prometteuse mais non SFO. Hirondel est de la souche de Qlassic Bois Margot et de Rochet Rouge alias Rochet M. J’avais acheté sa grand-mère, Quineline (In Chala A) pour récupérer cette toute bonne lignée maternelle. J’avais choisi Dollar du Murier pour croiser avec Quineline, pour tenter d’obtenir une femelle. J’ai eu ainsi Osyris du Lavillon, qui m’a donné notamment August du Lavillon (Lavillon), bon gagnant en épreuves 1,45 mètre. Je n’ai malheureusement plus la souche d’Anaide (Laudanum, PS x Quastor), qui est la mère de Lavillon. C’était pourtant une grande lignée maternelle puisque l’on remonte à May Flower III, la base de l’élevage des Forêts.
Avez-vous fait vos choix d’étalons pour cette année ?
Je n’ai fait aucune réservation de contrat de saillie cette année. J’attends de voir les poulains et puis l’élevage m’a fait apprendre beaucoup de choses, je ne veux pas être bloqué par un contrat si je perds un poulain ou si je suis déçu de la production de la jument ou du croisement. J’aime reproduire des croisements qui ont bien fonctionné, comme Diamant de Semilly x Quidam de Revel ou Quidam de Revel x Muguet du Manoir. Je souhaite renouveler mes souches avec des Selle Français Originels, dans le but de conserver des pouliches SFO. Si je fais le choix d’un étalon non SFO, c’est pour une orientation sport, pas pour conserver pour mon propre élevage. Concernant les jeunes étalons, j’en ai pas mal utilisés, comme Diamant que j’ai plébiscité dès ses débuts. Je trouve que c’est bien pour la race de les faire travailler dès leurs premières saisons de monte. Mais, personnellement, j’ai eu des déceptions et, désormais, avec un nombre plus restreint de poulains, je n’utilise que des étalons confirmés.
Que recherchez-vous dans vos croisements ? Quels atouts attendez-vous d’un étalon ?
Par mes croisements actuels, je construis les pedigrees de mes futures juments. J’ai réussi, par sélection, à obtenir une jumenterie très près du sang et avec des qualités bien fixées au fil des générations. J’attends d’un étalon qu’il renforce les qualités de mes juments, plutôt qu’à compenser des défauts. Plus, plus, c’est mieux que moins, moins ! Je cherche à produire de beaux chevaux et faciles d’utilisation, car s’ils n’ont pas le potentiel du haut niveau, ils doivent être utilisables par un plus large panel de cavaliers, moins confirmés. Je suis particulièrement ravi de certaines belles histoires, comme celle de Morgane Bécat, fille de mon maréchal, alors âgée de dix-huit ans et sans véritable expérience : elle cherchait un cheval, je lui ai confié August du Lavillon et ils ont évolué ensemble vers de belles épreuves.
Crédit photo : Coll.