Dakotah’s Owen et Bérengère Meuwis Cressent, les nouveaux piliers de l’attelage français
Il y a deux ans, alors qu’il n’était âgé que de neuf ans, Dakotah’s Owen s’était déjà distingué en décrochant la médaille de bronze aux championnats du monde d’attelage à poney du Haras du Pin. Il y a quelques semaines, à Oirschot, aux Pays-Bas, le petit bai, fort de deux saisons de concours supplémentaires mais d’un talent toujours aussi grand, a cette fois-ci été sacré vice-champion du monde. De quoi rendre on ne peut plus fière sa meneuse et propriétaire, Bérengère Meuwis Cressent, qui vit un rêve éveillé avec ce formidable poney.
Réussie. Voilà comment l’on pourrait qualifier la saison de Dakotah’s Ownen, OEP (Heitrak’s Marvin, WPB). Une victoire dans le CAI3* de Kronenberg, une autre dans celui de Greven-Bockholt, une troisième place à Bornem et, enfin, une médaille d’argent en individuel aux championnats du monde de Oirschot… Bérengère Meuwis Cressent n’en attendait sûrement pas tant de son protégé. “Cette médaille aux Pays-Bas, je ne m’y attendais pas vraiment. C’est une compétition, il y a trois épreuves, il peut se passer beaucoup de choses”, confie la meneuse. ”Néanmoins, ce titre est vraiment très représentatif de la saison qui vient de se dérouler et notre parcours ensemble, encore plus que la médaille que nous avions eu il y a deux ans.” Car en 2021, Dakotah’s Owen et Bérengère Meuwis Cressent étaient revenus des Mondiaux du Pin avec une médaille de bronze, alors que cela faisait à peine neuf mois qu’ils évoluaient ensemble. “Depuis, nous avons appris à nous connaître, à travailler ensemble, et nous formons désormais un véritable duo”, affirme la Normande.
De surprise en surprise, jusqu’à la médaille
Encore sur un petit nuage, Bérengère Meuwis Cressent se remémore avec passion ces championnats, qui l’ont amenée de surprise en surprise. “Nous sommes arrivés à Oirschot le lundi, avons passé l’inspection vétérinaire le mardi, avant de dérouler notre reprise de dressage, le premier test de cette compétition, le mercredi. Owen avait très bien récupéré du voyage, ce qui était déjà un bon point. Et cela s’est vu lors sur le rectangle, où il a déroulé une très bonne reprise, qui nous a permis de décrocher la meilleure note que nous n’ayons jamais eu ensemble et de nous installer à la deuxième place du classement provisoire, juste derrière le champion du monde en titre”, relate la meneuse, qui ne s’attendait assurément pas signer la meilleure reprise de sa carrière lors d’un championnat. “C’était vraiment une super performance, j’étais ravie. Cela nous a par ailleurs permis de prendre quelques points d’avance sur nos concurrents, que nous avons réussi à garder après l’épreuve du marathon. Grâce à cela, nous avons pu partir un peu plus sereinement sur l’ultime test, la maniabilité, qui, on le sait, peut tout changer compte tenu du fait que chaque faute vaut trois points.” Avec seulement quatre points de retard sur le duo en tête, un premier titre mondial était encore à portée de main pour Bérengère et son Dakotah’s Owen. Mais la meneuse a été confrontée à un parcours bien plus difficile que prévu. “Le test de maniabilité sur lequel nous nous sommes affrontés était vraiment très technique et a engendré énormément de fautes. Il n’y a eu aucun parcours sans faute dans le temps, c’est pour dire. Même si, à l’issue de cette épreuve, nous n’avons pas devancé notre principal concurrent, compte tenu de la difficulté, je suis très heureuse d’avoir pu conserver la deuxième place et que nous ayons été sacrés vice-champions du monde”, confie Bérengère, sourire aux lèvres.
D’un coup de poker au succès
Comme le souligne la meneuse, ce titre vient récompenser trois années de travail, mettre en lumière toutes les qualités du petit poney bai et ajouter un beau paragraphe à l’histoire de ce performant duo. “Quand j’ai acheté Owen il y a trois ans, c’était chez un marchand de chevaux aux Pays-Bas. Il avait déjà été acquis deux fois par d’autres meneurs, qui l’avaient finalement tous les deux rendu parce que cela ne fonctionnait pas avec le poney. L’acheter était donc un peu un coup de poker pour moi”, explique Bérengère. “Et finalement, tout s’est immédiatement très bien passé entre nous. Nous y sommes allés progressivement, en travaillant aux côtés de l’équipe Cap’Normandie et de Fabrice Martin, instructeur à l’IFCE. Au fil du temps, Owen a ainsi pu apprendre correctement les codes de l’attelage et se rassurer sur de nombreux points. Ses performances sont devenues de plus en plus régulières et fluides, ce qui est déjà très satisfaisant. Mais ce dont je suis la plus fière, c’est la confiance que nous avons développé l’un envers l’autre, qui nous a permis d’obtenir ces résultats en compétition.” Ainsi, la meneuse normande a eu raison de tenter ce coup de poker, qui lui a permis de rencontrer ce formidable poney, au tempérament, à l’envie et à la prestance rares. Prochain objectif pour le duo ? “La médaille d’or aux Mondiaux de 2025 !”, répond sans hésitation Bérengère.
Une aventure familiale
Comme tous les meneurs, c’est guidée par l’amour des poneys et de l’attelage que Bérengère Meuwis Cressent pratique sa discipline, en parallèle de son activité professionnelle mais aux côtés de son mari, Jonathan Meuwis, qui représente pour sa part la Belgique dans des épreuves d’attelage réservées aux chevaux. Ces championnats, la meneuse a d’ailleurs pu les vivre en famille, et notamment aux côtés de son frère, Robin Cressent, qui terminait onzième des championnats à quatre poneys. “Nous avons tous posé une semaine de vacances et sommes partis avec deux poids lourds et toutes nos équipes. De mon côté, j’avais notamment mes deux grooms, Damien Leporcq, qui est aussi mon préparateur mental, et mon mari, ainsi que mes parents, qui sont également venus pour m’aider”, explique Bérengère, qui ne manque pas d’insister les investissements colossaux que demandent de tels championnats et, plus encore, une telle saison de compétition. “Nous investissons beaucoup de temps, d’argent et d’énergie pour tout cela, tout comme les cavaliers de saut d’obstacles, dressage ou concours complet. Mais la rentabilité n’est pas la même. À titre d’exemple, en étant sacrée vice-championne du monde fin août, j’ai pu gagner 120 euros. Autant dire que l’on ne fait pas ça pour l’argent, mais plutôt pour la passion et le bonheur de vivre de tels événements. Au moins, avec ça, nous gardons les pieds sur terre”, relativise la meneuse. Néanmoins, l’expérience de Bérengère Meuwis Cressent ne peut qu’amener à se poser la question suivante : ne serait-il pas enfin temps de mettre toutes les disciplines sur un pied d’égalité et d’offrir à tous la possibilité de se professionnaliser ?