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Du rêve à la réalité pour Richard Vogel

Jocelyne Alligier 10 décembre 2023

La soixante-deuxième édition du CHI de Genève s’est achevée ce dimanche, sur la belle victoire de l’Allemand Richard Vogel et d’United Touch S dans le Grand Prix Rolex. C’est incontestablement le plus beau triomphe du sportif de vingt-six ans.

En regardant la video du barrage du Grand Prix Rolex 2022 avant de s’endormir samedi soir, Richard Vogel a sans doute compris qu’il fallait être audacieux pour remporter cette épreuve hors-norme ! Ce dimanche, le cavalier allemand a accompli cette mission avec un cheval tout aussi hors-norme, United Touch S, fils du Westfalien Untouched.

Quarante prétendants à la victoire du Rolex Grand Prix se sont lancés dans la quête du Graal au terme des deux épreuves qualificatives, les grosses épreuves de jeudi soir et vendredi après-midi, une dizaine de cavaliers étant préqualifiés grâce à leur place sur un podium continental, mondial ou olympique. C’était aussi le cas du champion suisse en titre, Alain Jufer, associé à Dante MM (Diarado, Holst), étalon qui, avec trois produits en lice, était le père le plus représenté dans cette épreuve, le BWP Toulon en comptant deux. Côté stud-book, le Selle Français alignait six sujets devant les cinq Zangersheide.

Un parcours à la hauteur du plateau

Comme on pouvait s’y attendre, le parcours exigeait de l’adresse pour les pilotes et de solides aptitudes pour leurs montures. Outre les côtes des obstacles au maxi, le tracé proposait quelques embuches sollicitant une disponibilité infaillible des chevaux, dont l’attention pouvait légitimement être détournée dans deux des combinaisons construites près du lac : en numéro cinq, un double de verticaux sur bidet avec l’entrée accolée à un décor de petit pont et avec une distance intérieure courte, et le triple, placé en numéro douze, vertical-oxer-vertical, en allant vers le grande tribune du public. Les derniers efforts du parcours consistaient en une ligne avec un oxer au carré à 1,55 sur 1,60 mètre de large avec une belle garniture d’arbuste à l’intérieur, puis, en quatorze l’oxer aux couleurs de l’IJRC, plus étroit mais toisant 1,58 mètre au carré. Les obstacles typiques de Genève étaient aussi de sortie avec le mur surmonté de petites vaches en numéro trois, dos à la porte, et le vertical Tour de Molard en virage après un enchainement à trois foulées d’un vertical surmonté d’une délicate palanque et l’oxer Rolex.

Avec une faute au barrage, le Tricolore Julien Epaillard termine cinquième et signe la meilleure performance française avec Dubaï du Cèdre. Ph. JLP

Pour Julien Epaillard, sollicité aux commentaires de la reconnaissance, le parcours n’avait rien d’une gentille balade  : “y’a du travail“, a décrit le numéro un français. Et tout cela à réaliser dans un bon tempo car le chrono de soixante treize secondes s’est vite avéré serré, l’Argentin José Maria Larocca Jr. en faisant les frais de deux points, sans faute aux obstacles avec Finn Lente (Gaillard de la Pomme, Bwp), fortement sollicité à la voix ! Et pour Hans Dieter Dreher, c’est trente-deux centièmes de trop qui se traduisent par un point de pénalité pour le tout bon Elysium (Zirocco Blue ex Quamikase des Forêts).

Sept couples au barrage et un sans faute tricolore

Le salut est venu du quinzème partant, Richard Vogel avec son magnifique étalon United Touch S, rejoint quelques minutes plus tard par les champions d’Europe Steve Guerdat et sa bondissante Dynamix de Belhème (Snaike de Blondel). Le bonheur total pour le public ! Julien Epaillard avait prédit lors de la reconnaissance huit sans faute. Assez bien vu puisqu’au final sept couples pointent au rendez-vous de l’ultime round, dont lui dans le lot avec son équipière Dubaï du Cèdre (Baloubet du Rouet), restée infaillible sur le tour !

Avec GRS Lady Amaro, l’Irlandais Mark Mcauley, venu en voisin, termine à la deuxième place de l’épreuve. Ph. JLP

Remarquablement né, avec une pléiade de performers dans son pédigree, dont son arrière grand-mère l’olympique Classic Touch (Caletto II, Holst), United Touch S a toutes les qualités de compétiteur même si certains professionnels l’avaient jugé trop compliqué. Avec une agilité de chat, il a fait peu de cas des difficultés du barrage, donnant d’entrée de jeu une bonne option à Richard Vogel. Très en confiance sur GRS Lady Amaro (Amaretto d’Arco, Bwp), qui ne cesse de se révéler au plus haut niveau, l’Irlandais Mark Mcauley, venu en voisin de son fief haut-savoyard, s’est approché au plus près du chrono de référence. Il prive ainsi l’Allemagne d’un doublé gagnant, Christian Kukuk ayant lui aussi conduit au sans faute le puissant Checker 47 (Comme Il Faut 5, Westf). En partant en dernier, Julien Epaillard avait la balle de match entre ses mains, mais une faute sur l’oxer Rolex le relègue au cinquième rang derrière Steve Guerdat pénalisé sur l’avant-dernier saut.

Initialement Richard Vogel avait prévu d’emmener United Touch sur la tournée de Wellington, mais le plan pourrait changer dans le perspective du prochain Rolex Grand Prix aux Dutch Masters. Et bien sûr, pour l’Allemand de vingt-six ans, que le rêve olympique devienne réalité n’est pas exclu !

Tous les résultats ici

Crédit photo à la une: Jean-Louis Perrier