El Jadida, entre tradition et modernité
L’Eperon a posé ce week-end ses valises à El Jadida, sur la côte marocaine, à quelques encablures au sud de Casablanca. El Jadida, dernière étape du Morocco Royal Tour – qui comprend, pour rappel trois CSI4*, dont une Coupe des nations, sur trois week-ends d’affilée à Tétouan, Rabat et El Jadida – a la particularité d’accueillir du sport et un salon du cheval au sein du parc des expositions Mohammed VI. Ce rendez-vous mêle ainsi sport équestre de haut niveau et tradition équestre ancestrale.
Le cavalier français Olivier Robert, engagé sur deux des trois étapes du circuit marocain, n’était pas venu à El Jadida depuis 2014, année où il avait remporté le Grand Prix du CSI4* avec Quenelle du Py (Tresor du Remon). “En neuf ans, je peux dire que les choses ont évolué et je vois vraiment la différence sur des éléments techniques.” Il faut dire que l’aménagement qui a été fait du Parc des expositions n’a rien à envier aux plus belles compétitions indoor françaises. Les écuries non plus : les chevaux sont rassemblés sous une haute et large tente, tenue par des charpentes métalliques, qui a eu le mérite de résister aux assauts de la tempête que le littoral marocain a subi jeudi. “Il y a de grandes carrières extérieures, et le paddock d’échauffement est très bien. Il n’y a rien à dire en termes de confort de pratique“, poursuit le Français, également engagé à Rabat le week-end dernier. Bref, on comprend ce que les cavaliers viennent chercher au Maroc (outre le soleil en règle générale), dont la Fédération équestre, dirigée par Badre Fakir, discret mais présent du matin au soir sur les concours, met les petits plats dans les grands pour que ses trois concours internationaux jouent dans la cour des plus beaux rendez-vous européens.
Ceci dit, à El Jadida, le public, qui applaudit à chaque obstacle franchi – c’est dire si les encouragements sont nombreux ! -, le salon du cheval, qui propose de multiples stands d’articles et produits artisanaux, et bien sûr, les compétitions de Tbourida, art équestre traditionnel et populaire, qui n’a rien à voir avec le sport équestre au sens où nous l’entendons, dotent l’événement d’une identité qui lui est propre, avec différentes saveurs ayant le cheval en dénominateur commun.
Faire parler la poudre
De l’autre côté du parc des expositions, à l’air libre cette fois, le grand terrain de sable ocre de Tbourida offre un spectacle pour le moins surprenant (du moins, pour le néophyte). Et surtout très bruyant ! Car, avant de voir les rangées de cavaliers s’élancer en ligne au galop sur leurs montures, on entend en effet qu’ils font parler la poudre. D’ailleurs le terme “Tbourida” vient de “baroud”, qui signifie poudre à canon. Lors de cette parade équestre, les cavaliers, armés, tirent en même temps en l’air ou au sol, ravissant à coup sûr le public massé dans la tribune et lui enlevant de fortes acclamations. Un spectacle de Tbourida, c’est avant tout une fête populaire qui semble réunir tout type de population, jeunes et moins jeunes.
Le rendez-vous d’El Jadida, c’est finalement deux salles, deux ambiances. D’un côté le sport, occidentalisé et qui s’invite au Maroc, depuis plusieurs années déjà, dans d’excellentes conditions, et de l’autre, les cultures et traditions équestres nationales, qui reçoivent la ferveur d’un public fidèle. Les deux versants de la passion du cheval s’y côtoient harmonieusement et, finalement, le rendez-vous, grâce a cette diversité de spectacles, en offre pour tous les goûts.