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L’Expertise

Elevage et sport : comment évolueront les métiers de la filière d’ici 2030 ?

Sylvia Flahaut 12 octobre 2023

L’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) vient de mettre en ligne un rapport intitulé Les métiers en élevage sport : quelle évolution à l’horizon 2030 ? L’idée, à travers les tendances sociétales des prochaines années, études et enquêtes de terrain à l’appui, est d’anticiper comment évolueront les emplois dans le secteur d’ici 2030.

Les pratiques autour du cheval évoluent, les attentes des salariés aussi, de nouvelles tendances s’invitent sur les marchés commerciaux, la communication est omniprésente et le climat change (preuve en est, s’il en fallait encore, ce mois d’octobre aux températures estivales). A partir de toutes ces données – et bien d’autres encore -, Françoise Chastanet, ingénieure Projet Développement à l’Institut du cheval et de l’équitation (IFCE) a planché pendant plus d’une année sur un rapport ayant pour sujet les évolutions des métiers de l’élevage et du sport au sein de notre filière. Un outil pour ceux qui y travaillent aujourd’hui, qui s’orientent vers une reconversion ou qui se forment, tout simplement, dans l’optique de travailler au sein de la filière cheval.

En 2020, on dénombrait environ 3100 postes dans les structures ayant une activité d’élevage de chevaux de sport. Sur ces 3100 postes, 1350 concernent des emplois au sein de structures spécialisées, c’est à dire où l’élevage de sport est l’activité principale. Dans son rapport, Françoise Chastanet divise ces postes en cinq grandes familles, liées à la production (responsable ou assistant d’élevage, palefrenier soigneur, ouvrier agricole, agent d’entretien, à la reproduction (étalonnier, inséminateur, chef de centre), au débourrage et à la valorisation (cavalier, groom, coach), à la commercialisation (chargé de communication, organisateur d’évènement, vendeur, commercial, marchand, courtier) ou aux métiers support (secrétaire, comptable, responsable ou chef d’exploitation). Comment vont évoluer ces métiers dans les prochaines années ? Quelles seront les nouvelles compétences requises pour travailler au sein de ces structures ?

Pour établir son rapport, Françoise Chastanet a effectué un travail de recherches, en se penchant notamment sur les évolutions à venir d’autres secteurs, mais a également été sur le terrain, où elle a mené plus de cinquante entretiens avec des professionnels de la filière. “Nous avions également mené des enquêtes en 2021, à l’occasion de nos travaux pour un autre rapport intitulé Eleveurs d’équidés de sport : anticiper le marché demain”, indique Françoise Chastanet. “Lors de nos entretiens, il est apparu des problématiques et des idées communes dans le discours des éleveurs, cavaliers ou marchands que nous avons pu rencontrer.

Bien-être du cheval, bien-être du salarié

Les deux facteurs qui pourraient être le plus impactant sur l’évolution des métiers, selon les échanges menés par l’ingénieure, sont le changement climatique, qui aura forcément un effet sur l’activité des structures d’élevage et entraînera des changements en termes d’organisation et de pratiques, ainsi que le bien-être animal et humain, qui devra entraîner des modifications des conditions de travail. “Je pense que, de toute façon, la prise en compte du bien-être du cheval, qui est aujourd’hui dans l’esprit de bon nombre de professionnels de la filière, ainsi que l’amélioration des conditions de travail des salariés, sont liées. Demain, les structures devront repenser leur organisation et, dans la mesure du possible, leur aménagement, de façon à faire coïncider les deux, en rendant les chevaux plus autonomes et en libérant les hommes et femmes de certaines tâches. Encore faut-il que ces structures en aient la possibilité financièrement.” L’amélioration des conditions de travail des salariés, selon l’ingénieure, est une condition sine qua none à l’accès au recrutement. “On voit d’ailleurs que cette problématique est d’ores et déjà présente. Il faut que les entreprises repensent leurs conditions de travail, sinon, les candidats seront de moins en moins nombreux et on s’oriente vers une pénurie de main d’oeuvre qualifiée.

La prise en compte du bien-être du cheval, qui est aujourd’hui dans l’esprit de bon nombre de professionnels de la filière, ainsi que l’amélioration des conditions de travail des salariés, sont liées.

Françoise Chastanet, ingénieure Projet Développement à l’IFCE

Deux autres facteurs impacteront sans doute les compétences requises pour exercer demain : l’évolution technologique ainsi que le contexte économique du milieu du cheval, mouvant. “L’évolution technologique, notamment avec la digitalisation, touchera quasiment tous les métiers“, précise Françoise Chastanet. “Demain, il faudra que les salariés maîtrisent certains outils numériques de manière à faciliter l’organisation et certaines démarches. Sur le contexte économique, la relation client devra être travaillée, renforcée, avec une meilleure communication et peut-être davantage de services. Les métiers de 2030 existent d’ores et déjà, mais on constate quand même qu’ils devront évoluer face aux attentes et aux évolutions de la société. Il faut donc envisager, d’ici 2030, un renforcement des compétences autour de cinq domaines : l’agro-écologie et la transition climatique, le bien-être animal et une meilleure compréhension du comportement des chevaux, la transition numérique, la stratégie commerciale et de communication, ainsi que le management.” Le rapport comprend également quelques données chiffrées et notamment le nombre de postes à pourvoir chaque année dans ce secteur, qui s’élève à environ 1000.

Données et vidéo ici

Pour lire le rapport en intégralité, c’est par ici

Crédit photo à la une: Ph. Coll. IFCE