Évènement Femelles : Labsolue de l’O et Kyleena du Plant sacrées championnes

Organisé par le stud-book Selle Français, l’Événement Femelles 2023 mettait en présence soixante-neuf des plus belles juments de 2 et 3 ans sélectionnées en régions au cours de la saison, et jugées par un panel de spécialistes rompus à l’exercice.

Habituellement programmé le mardi et mercredi, l’Événement Femelles a, cette année, été avancé d’une journée. Comme Pascal Cadiou l’explique, « l’expérience nous a montré que le mercredi soir est très chargé, avec les 4 ans qui s’en vont et les 5 et 6 ans qui arrivent, créant un temps d’attente très long pour les camions à l’entrée du Grand Parquet. La présence des femelles alourdissait encore le dispositif. Par ailleurs, les professionnels concernés par les 4 ans sont déjà sur place dès le lundi, et l’épreuve du modèle et des allures constitue pour leurs chevaux une bonne entrée en matière sans trop de monde ni de stress. » Côté infrastructures le rond d’Havrincourt a été installé le dimanche sur la carrière du Spring Garden pour la troisième année, grâce au concours des élèves du CEZ de Rambouillet, et de 6 collaborateurs bénévoles de longue date qui connaissent parfaitement les distances à mettre en place, dont les dimensions des deux virages, légèrement différentes afin que les juments soient dans les meilleures conditions, sans risque de perte d’équilibre dans le virage qui précède l’obstacle, et disposent de davantage d’espace pour le virage de réception. En dépit de toutes les précautions prises pour assurer la sécurité des candidates, deux pouliches de 2 ans auront manifesté le désir incompressible de rejoindre leurs congénères, dont l’une qui n’aura pas hésité une fraction de seconde à franchir l’entourage haut de deux mètres dans un style parfait !

Labsolue de l’O s’impose chez les 2 ans

Dans le contingent des 2 ans, fort de trente prétendantes au titre, la victoire revient à Labsolue de l’O, fille du Bwp Pégase van’t Ruytershof, lui-même produit de Comme Il Faut, croisé avec Doha de l’O, SF (Conrad, Holst), avec en deuxième mère Jolie Fleur de Laume, SF (Rosire, SF) qui compte pas moins de douze produits enregistrés, dont six indicés au-delà de 12, d’où un bonus pour la lignée maternelle de 0.15 point. La championne, qui obtient une moyenne générale de 17.45, a vu le jour née chez Rachel Tomada, éleveuse installée à Dornes (58), où elle fait naître deux à quatre poulains chaque année. Ravie et émue, la naisseuse le souligne : « sa mère, Doha, est née chez moi, elle m’a donné Jet Set de l’O, SF (Conte Bellini, Westf) en 2019, et son propre frère, Karpe Diem de l’O, en 2020. » Anthony Brun, préparateur depuis début juillet et présentateur de la championne, précise que sa protégée remportait la qualificative à Bourg-en-Bresse. « Elle confirme sa qualité aujourd’hui », affirme-t-il.

La vice-championne, Lucis du Suyer, SF, est la fille de Cooper van de Heffinck, Holst et de Passion du Suyer, SF (Poor Boy, RHDL), évaluée par les juges à une moyenne de 17.05. Elle est née chez Laurent Colin, administrateur de biens de profession, venu avec sa fille Inès de Longessaigne de région lyonnaise, où il a repris un petit élevage voilà quatre ans. « Lucis est mon premier produit. J’en ai trois de la même mère qui suivent. Ce classement est inespéré pour un amateur », confie l’éleveur.

Le podium est complété par Lyanna de Romali, SF, fille de Candy de Nantuel*GFE, SF et de Diane d’Anbel, SF (Quebracho Semilly, SF), notée à 16.82 de moyenne, dont 17 aux allures. Lyanna est née chez Romuald Charron, transporteur de son métier, basé à Villiers-Charlemagne en Mayenne (53), qui présentait sur ces finales les deux premiers produits de son élevage, dont Khalessi de Romali dans la classe d’âge des 3 ans, dont il est le co-naisseur avec Aline Trebouet. « J’ai commencé les saillies en 2019 pour les naissances 2020 », explique l’éleveur. « J’ai un arrangement avec la propriétaire de la mère Diane D’Anbel. J’élève des chevaux par pure passion et plaisir. »

Kyleena du Plant, championne 2023 des 3 ans

Dans cette classe d’âge « de très bon niveau, qui mettait en présence des juments non seulement très belles mais aussi très bonnes », selon le juge Jean-Louis Bussereau, trente-neuf pouliches avaient été retenues. Kyleena du Plant, très puissante alezane, est la fille d’Untouchable, KWPN et de Paula du Plant, SFO (Eyken des Fontenis, SF), mère de onze produits enregistrés, dont Uzara du Plant, SF (Mr Blue, KWPN) indicée à 150/14, et Tyavax du Plant, SF (Lucciano, SF), ISO 153/21. La championne 2023 décroche la très belle moyenne de 17.38, avec une note de 17.65 au modèle, et 17.75 au saut en liberté, pour le plus grand plaisir de son éleveur, Jacky Sauvé, installé à Bacilly (50) et de sa fille Marjolaine, dont la mère, Christine, en charge de natter les juments, ne cachait pas sa fierté. « Elle a du mérite, c’est elle qui l’a préparée. Nous sommes ravis car pour nous c’est un loisir, je suis préparatrice en pharmacie, et mon mari vient de prendre sa retraite de menuisier. C’est un élevage familial fondé par mon beau-père, que ma fille est en train de reprendre en parallèle de sa licence de management commercial. »

La vice-championne, Kasteel de Talma, SF, née chez Michel Guiot, est issue du croisement entre Iolisco de Quinhon, SF (petit-fils de Jalisco B) et Tessy de Fumuy, SF (Opium de Talma, SF). Les juges ont évalué Kasteel à hauteur de 17.28, avec les très belles notes de 17.62 au modèle et 17.87 au saut en liberté. Sa propre sœur, Jodie de Talma, SF est âgée de 4 ans.

En troisième position chez les 3 ans : Karioca d’Avanti, SF, produit du croisement de Diarado, Holst et de Devika de Vains, SF (Tsunami de Hus, SF), née aux écuries de Cézac (33), qui obtient la moyenne de 17.05. Elle se trouve ex aequo avec Kassia Vivonnière, SF (Couleur Latour, SF et Prima du Theillet, SFO), née chez Frédérique Queva à Saint-Laurent-Nouan (41) et Cédric Morin, qui obtient notamment la très belle note de 18.50 à l’obstacle. Mais la note de modèle de Karioca (17.30) étant supérieure à la sienne (15.95), Kassia doit se contenter de la quatrième place.

Le bilan de Pascal Cadiou

« Côté engagés, notre nombre idéal est de quatre-vingt. En 2022, nous avions quatre-vingt-treize engagées, un nombre un peu trop élevé car les épreuves se terminaient le mercredi soir à 19h30, alors que nous devions libérer les boxes à 18h. Si nous n’avons que soixante-dix finalistes cette année, c’est peut-être parce que nous commençons le lundi, mais aussi que nous n’avons pas été suffisamment pertinents dans nos sélections car un certain nombre d’éleveurs normands manque à l’appel. La qualification des 2 et 3 ans à Saint-Lô se déroulait en même temps que la vente des Queens organisée par Cheval Normandie, qui avait à juste titre conseillé aux éleveurs de faire le choix entre les deux. Les juments concernées n’ont soit pas participé à la sélection, soit ont été vendues entre temps. Nous avons encore quelques réglages à faire, mais le fait que des juments viennent de toute la France atteste de la motivation des éleveurs et de leur souhait d’apprendre, de se comparer à d’autres et d’échanger », rappelle le président du stud-book Selle Français. « Sur ce championnat, notre objectif prioritaire reste avant tout la formation. Venir à Fontainebleau permet d’observer son jeune cheval en situation, sa façon de gérer le transport, le box démontable, l’environnement, et tous les paramètres de sa future vie de cheval de sport. Il s’agit, au fil des épreuves, de réduire le niveau de stress. L’important est de ne pas aller contre la nature, et de ne pas engager une pouliche qui ne serait pas prête. »

Pascal Cadiou le confie d’ailleurs, le stud-book Selle Français vient de publier une étude sur la longévité sportive à partir de statistiques concernant des étalons de 2 et 3 ans, qui serait déclinable aux juments des mêmes générations et qui atteste que la longévité sportive des chevaux qui débutent leur carrière de bonne heure est largement supérieure à celle des autres. « D’une part, les éleveurs ne présentent que leurs meilleurs produits, mais ils les forment en vue de les garder longtemps, et font en sorte que ces épreuves d’élevage leur soient utiles sur le plan de l’apprentissage. Cette étude renforce notre dispositif. » Le président le rappelle, Dallas Vegas Batilly, SF (Cap Kennedy, Holst), qui remportait le Grand Prix du CSI5* de Bruxelles la semaine dernière sous la selle de Ben Maher, était championne des 3 ans !