Faire cohabiter chevaux et bovins : une bonne idée ?
L’institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) met régulièrement à disposition des fiches techniques et des podcasts sur les bonnes pratiques autour du cheval. Il y a quelques jours, la thématique du pâturage mixte, entre bovins et chevaux, a été abordée. Cette démarche, bien conduite, offre de multiples avantages.
Faire pâturer des bovins avec des équins est une pratique souvent rencontrée en zones d’élevage herbagères mais les bénéfices escomptés de cette association nécessitent d’être objectivés. Les mécanismes impliqués seraient une meilleure valorisation de l’herbe grâce à la complémentarité des choix alimentaires des espèces et une limitation du parasitisme gastro-intestinal du fait de la spécificité de nombreux nématodes (vers) pour leur hôte. Laurie Briot, ingénieur recherche et développement et référente scientifique pour le plateau technique IFCE du Pin-au-Haras, explique ces différents mécanismes et présente les principaux résultats issus de deux projets de recherche sur cette thématique.
Pas la même herbe
Si les bovins et les chevaux peuvent aisément partager une parcelle, de façon simultanée ou alternée, c’est parce que, d’une part, ils ne vont pas se délecter de la même herbe. Les chevaux pâturent avec leurs incisives et se dirigent généralement vers des zones où l’herbe est rase. Les bovins prélèvent quant à eux l’herbe avec leur langue, et se dirigent donc généralement vers une herbe d’une hauteur de cinq à huit centimètres. Il y a donc une complémentarité entre les deux espèces, qui ne vont pas se disputer les mêmes endroits de la parcelle.
Bon pour la dilution parasitaire
La cohabitation des chevaux et des bovins permet également ce que Laurie Briot appelle la “dilution parasitaire” : lors du pâturage, quand l’une des deux espèces ingère les larves infestantes de l’autre, ces dernières, n’étant pas accueillies par le “bon hôte”, ne peuvent poursuivre leur cycle de développement et pondre leurs oeufs. Le cycle est donc rompu, le parasite balayé.
Des recherches encourageantes
Des études ont été menées sur cette thématique, notamment en Corrèze, en Normandie ou encore dans le massif central, sur des plateaux techniques ou au sein d’élevages, afin de définir les avantages et les inconvénients de cette méthode qui n’est pas nouvelle. Des mesures et préléments ont été réalisés sur les animaux et au sein des prairies. Il en résulte que l’herbe pâturée par les deux espèces connaît une meilleure valorisation, et que les achats de fourrage sont évidemment moindres. Dans les prélévements de crottins, les ingénieurs ont également remarqué, pour les chevaux bénéficiant d’un paturage mixte, qu’ils comportaient deux fois moins de parasites. “Le paturage mixte offre l’opportunité de réduire le nombre de traitements chimiques administrés aux poulains, c’est un vrai plus“, assure Laurie Briot. Ajouté à cela l’entretien des surfaces et valorisation de l’herbe – avec un moindre recours au gyrobroyage -, le paturage mixte offre plusieurs avantages, à condition d’en mener la conduite avec réflexion.
Et la cohabitation ?
Question importante : les colocataires vont-ils s’entendre? “Certains éleveurs réalisent un paturage alterné pour éviter tout risque de bagarre“, indique Laurie Briot. “Mais, en condition simultanée, quand l’espace et la ressource en herbe sont suffisants, les interactions sont rarement négatives et on a même vu des comportements affiliatifs entre les deux espèces, des flairages, les animaux se couchaient l’un à côté de l’autre, avec une proximité qui traduit une certaine affinité. Et, généralement, quand il y a des comportements de fuite, ils viennent davanatge des bovins que des chevaux.“
Pour en apprendre davantage sur le pâturage mixte en écoutant le podcast, c’est par ici.
Crédit photo : Pixabay.