Gale de boue : comment l’éviter et comment la soigner ?
C’est un des fléaux hivernaux auxquels sont confrontés tous les propriétaires de chevaux : la gale de boue ou, plus justement nommée, la dermatophilose. Une infection cutanée commune qui touche bon nombre de chevaux dès lors que l’humidité s’installe et rend les terrains boueux. Mais qu’est-ce donc concrètement ? Comment la soigner et comment en prévenir l’apparition ? Explications.
L’hiver venu, la gale de boue devient rapidement la hantise de tous les cavaliers et propriétaires de chevaux. Apparition de croûtes suintantes au niveau des membres, du bout du nez ou de la croupe, zones enflammées – la peau y apparaît rouge – et anormalement dépourvues de poils… Tels sont les symptômes de cette infection cutanée communément appelée « gale de boue » et dont le nom scientifique est la dermatophilose. Issue d’une bactérie nommée Dermatophilus congolensis, la dermatophilose se développe, comme le note les vétérinaires-chercheurs de l’université de Liège dans un article dédié, grâce à deux éléments principaux : l’humidité et la présence de lésions cutanées dues, par exemple, à des piqûres d’insectes ou une végétation épineuse. Dès lors, elle concerne tous les chevaux, qu’ils soient au box ou au pré. Toutefois, l’équipe note également que « toute condition débilitante pouvant diminuer la résistance de l’organisme (parasitisme gastro-intestinal important, malnutrition, etc.) ou encore l’utilisation de glucocorticoïdes (anti-inflammatoires, ndlr) prédisposeraient à cette pathologie ». Si les symptômes s’arrêtent généralement à ceux mentionnés précédemment, les vétérinaires-chercheurs de l’Université de Liège décrivent également des cas plus sévères, lors desquels les chevaux sont également atteints de « dépression, d’une perte d’appétit associée à une perte de poids, de fièvre et de lymphadénopathie. » Si le traitement de cette infection peut être long et que des récidives sont courantes, il s’avère finalement souvent efficace.
Traiter la dermatophilose
Afin d’éradiquer la dermatophilose, il est nécessaire de supprimer la cause de cette infection et donc d’enlever toute l’humidité présente sur les zones à risque. Dans un premier temps, si le cheval vit au pré, il est conseillé de le rentrer au box, même si cela n’est que pour la nuit. Pour la suite, les vétérinaires de la clinique des Prés Hauts de Verrières-le-Buisson conseillent d’effectuer des soins locaux deux fois par jour pendant environ deux semaines. Après avoir douché à l’eau tiède les membres du cheval, il est nécessaire de sécher les paturons « en tamponnant avec une serviette éponge sans frotter ou au sèche-cheveux si le cheval en accepte le bruit ». Les lésions doivent ensuite être lavées avec du savon antiseptique – dilué selon les recommandations du vétérinaire – afin de ramollir les croûtes. Attention, ces dernières ne doivent pas être arrachées car cela risquerait « d’enlever les premières couches de cellules réparatrices et il est donc important que les croûtes tombent spontanément », comme le précisent les vétérinaires de la clinique. Enfin, « si le cheval ne peut rester complètement au sec, étaler une couche épaisse de vaseline pure ou de vaseline soufrée sur les paturons. Elle est imperméable et protège la peau de l’humidité et, en ramollissant les croûtes, elle diminue la douleur et permet une cicatrisation accélérée. » À noter qu’il est également important de désinfecter le matériel de pansage. Enfin, il est important de savoir que les récidives sont fréquentes. « Les cas les plus graves peuvent nécessiter des antibiotiques par voie générale », affirment les vétérinaires de la clinique.
Prévenir l’apparition de la dermatophilose
La dermatophilose pouvant devenir contraignante, mieux vaut essayer au maximum d’empêcher son apparition. Pour cela, la clinique des Prés Hauts de Verrières-le-Buisson conseille la mise en place de plusieurs gestes quotidiens. Dans un premier temps, il est important d’éviter tout « contact avec des substances irritantes, comme la boue ou les projections de sable, qui pourraient blesser la peau du cheval au niveau du pli du pâturon » et d’entretenir le box de manière à ce que la litière soit toujours sèche et disposée en couche épaisse. Il est également conseillé de désépaissir les fanons du cheval – sans les couper totalement – ainsi que de lui appliquer « de façon systématique un corps gras (vaseline, crème grasse, voire saindoux ou graisse à traire), pendant tout l’hiver. » Après toute sortie, les protections types guêtres, cloches, bandes de repos et autres doivent être rapidement retirées, afin de ne pas retenir l’humidité autour des membres. Enfin, au moment de la douche, il est également primordial d’enlever au maximum l’humidité présente sur le corps du cheval en le séchant soigneusement et « en insistant sur le creux du paturon. »
Pour les chevaux vivants au pré et ne pouvant être mis au box, les vétérinaires de la clinique conseillent « dans la mesure du possible, une bonne rotation des parcelles pour éviter que les terrains ne soient trop piétinés. Asséchez les zones détrempées en y déposant de la sciure ou du sable. Si vous le pouvez, n’hésitez pas à déplacer régulièrement les abreuvoirs et les mangeoires dans les champs pour éviter la boue liée au piétinement des chevaux ».
Une infection cutanées à ne pas confondre avec des dermatoses similaires
Si la dermatophilose peut être repérée grâce une inflammation cutanée, la présence de croûtes sur les extrémités des membres, le bout du nez ou encore le dos du cheval ainsi que l’existence de zones anormalement dépourvues de poils, il ne faut cependant pas la confondre avec d’autres dermatoses faisant apparaître des symptômes similaires. Parmi elles, comme le mentionne le réseau d’épidémio-surveillance en pathologie équine (RESPE), la véritable gale du pied qui est elle due à un acarien nommé Chorioptes equi, la dermatose chronique des membres des chevaux de trait qui se traduit par un eczéma suintant indépendant de la présence de boue, la teigne qui provoque des dépilations rondes sur différentes régions du corps et les poux, généralement présents sur tout le corps et remarquables grâce à la présence de poils ébouriffés et des démangeaisons marquées. « Le diagnostic de certitude pourra être établi à l’aide d’examens de laboratoire à partir d’un raclage de la zone atteinte ou d’un prélèvement de poils en périphérie des lésions », indique le RESPE.