Gilles Viricel : “À jeunes cavaliers, poneys expérimentés”

À quelques heures du coup d’envoi des championnats d’Europe Poney de concours complet qui se déroulent au Mans, le sélectionneur Gilles Viricel fait le point sur son équipe de cavaliers et de poneys qui sont, pour la très grande majorité, aguerris. 

Un petit mot sur les membres de l’équipe ? Pour certains, il s’agira de leurs premiers championnats d’Europe… 

Oui, tout à fait ! L’équipe se compose de Maxime Goutailler et Versailles des Morins (Rasmus, CO), Laurick Hardy et Duncan’s Star (Derrymore Duncan, CO), Emma Lemaitre et Flash des Étoiles (Avenir de l’Aumont, PFS), Ella Rinaldi et Boston du Verdon (Salam du Roc, PFS), Clément Tonon et Vidock de Berder (Hiram du Roc, PFS), ainsi que Tifanie Villeton et Babylon Night Graves (Midnight du Brana, CO). Outre Clément, qui passera l’année prochaine à cheval, et Laurick, c’est une équipe relativement jeune qui s’apprête à vivre ces championnats. Fait amusant, Ella Rinaldi et Tifanie Villeton ont pris le relais de leur grande sœur pour relever le défi de ces championnats d’Europe, avec Babylon et Boston, qui ont déjà ainsi couru cette échéance. Si nous avons une équipe assez jeune, nous avons en revanche la chance de pouvoir compter sur des poneys expérimentés : cinq sur les six ont déjà participé aux championnats d’Europe ! Flash des Étoiles sort pour la première fois à ce niveau mais a montré de très belles choses cette saison, alors qu’il n’est âgé que de huit ans. Nous avons suivi ces couples au fil des derniers mois, et ils se sont tous montrés performants ! Pour les cavaliers les plus jeunes, âgés de quatorze ans, ce rendez-vous a un double enjeu : bien sûr, ils vont faire le maximum pour y faire de bons résultats, mais il y a aussi le fait de prendre de l’expérience pour y être de retour et prêts en 2024 et 2025. Nous avons donc majoritairement de jeunes cavaliers, avec des poneys expérimentés. L’adage “à jeune cavalier, vieux cheval” est donc respecté !

Quelles sont les qualités d’un bon poney de concours complet ? Le fait de passer sous une autre selle, comme c’est le cas de Boston et Babylon avec les petites sœurs de Maé Rinaldi et Océane Villeton, n’est-il pas perturbant ? 

A ce niveau-là, il faut que les poneys aient un vrai mental, beaucoup de courage et qu’ils n’aient peur de rien. C’est fondamental. Et puis, il faut aussi qu’ils aient du sang et de l’influx. Les exigences du sport ont évolué, les poneys doivent suivre et c’est notamment pour cela que l’on voit de plus en plus de poneys avec des ascendants chevaux. Cela concourt à faire évoluer et à moderniser les races de poneys : aujourd’hui, beaucoup d’entre eux sont de véritables minis chevaux, avec les qualités des chevaux, davantage de sang et une locomotion améliorée. En cela, les éleveurs ont fait un véritable travail de sélection, afin de répondre aux exigences du sport. Les poneys doivent sauter plus haut, aller plus vite, montrer davantage leurs allures sur les carrés de dressage. Les éleveurs regardent ce qui se passe dans le sport et s’adaptent. Je pense par exemple à l’élevage de Tassine, qui fait un super boulot… Prenez par exemple le poney Connemara : c’est une super race, avec généralement un excellent mental. Mais, parfois, certains Connemaras peuvent manquer un peu de sang pour ce qui est exigé dans le sport de haut niveau. D’où les croisements que l’on réalise avec certains chevaux pour obtenir des poneys plus affutés… Quant au passage d’une selle à l’autre, cela ne pose généralement pas de problème car le poney ne perd pas sa qualité et son mental lui permet de s’adapter sans problème. La seule différence qui peut parfois être observée est en dressage : certains se montrent plus brillants, plus expressifs avec tel ou tel cavalier, qui va peut-être employer mieux ses aides et solliciter davantage son poney. 

Est-ce compliqué de dénicher un poney susceptible d’atteindre ce niveau d’épreuve ? 

Oui, comme tout bon cheval de saut d’obstacles ou de concours complet ! Un poney digne de participer aux championnats d’Europe doit être extrêmement fiable et venir quelque peu gommer les petits défauts que peuvent avoir encore certains enfants. Physiquement, il doit avoir de nombreuses qualités et pardonner parfois les erreurs commises. Mais comme je le dis souvent, quand on aura des chevaux qui auront la technique, la malice et la capacité d’adaptation de certains poneys, nos équipes premières seront championnes olympiques ! Les bons poneys de concours complet sont capables d’encaisser une georgette sans sourciller, d’enlever ou d’ajouter une foulée devant un obstacle, et de permettre à nos jeunes de garder la confiance. A la différence des chevaux, pour lesquels une georgette du cavalier passe souvent beaucoup moins bien. Les poneys ont un centre de gravité plus bas et les erreurs de précision de la part des cavaliers sont plus facilement récupérées. Pour autant, il est important d’apprendre aux enfants à bien monter et à être précis, car les erreurs que pardonnent les poneys ne pourront pas l’être quand ils seront à cheval !

Légende : Gilles Viricel vit sa deuxième saison au poste de sélectionneur et chef d’équipe Poney en concours complet. Ph. Coll.