Henry Brugier : « Conforter les qualités des juments »
À la tête de l’élevage d’Adriers, Henry Brugier, juge et instigateur de nombreux projets dans la sphère élevage, est installé depuis quelque temps dans la Manche, après être resté de longues années en Haute-Vienne. Il commercialise généralement ses chevaux à l’âge de trois ou quatre ans, après avoir pris le temps d’observer ce que révélaient ses choix de croisements.
Combien de poulains faites-vous naître chaque année ?
Actuellement, je fais naître entre quatre et cinq poulains par an. J’ai volontairement réduit l’activité car j’ai moins de terres qu’auparavant.
Sur quelles souches maternelles s’appuie votre élevage ?
J’ai deux souches majeures. Tout d’abord, celle de Lodessa, une fille de Double Espoir et d’Odessa Z, jument indicée 136, qui avait notamment fini deuxième du Critérium des chevaux de cinq ans. Lodessa, née en 1977, était une jument compliquée, avec beaucoup de force, mais qui allait au feu. Cinq à six générations plus tard, avec ses produits actuels, je retrouve ce très bon mental. Et puis, je m’appuie également sur la souche de Frit des Templiers, plus récente que celle de Lodessa, qui était une fille de Quidam de Revel et d’Ozone Normande (Ecuyer I). C’est la souche de Grenat de Grez, avec Embuche, mère d’Ozone et cinquième mère de Grenaz. Je fais naître aujourd’hui la troisième génération des produits de Frit. J’ai notamment deux de ses filles : une par Mr. Blue, KWPN, qui produit épais mais très bien, et une autre, plus sport, par Toulon, Bwp.
Avez-vous fait vos choix d’étalons pour cette année ?
Oui. En ce qui concerne la souche de Lodessa, j’ai choisi Falko de Hus pour Virago d’Adriers, fille d’Apache d’Adriers et mère d’Inesh d’Adriers, vice-champion des mâles de trois ans. Virago est une jument volontaire, très rangée devant. Mais elle pourrait basculer les postérieurs encore davantage. Pour moi, Falko est un excellent étalon, qui va faire parler de lui dans les années à venir. J’ai eu une pouliche de Falko et j’en suis ravi. Je pense que ce seront également des produits facilement commercialisables. Et puis, pour la même souche, j’ai opté pour Untouchable 27, KWPN, qui ira à la fille de Virago. Cette dernière a le même galop que son père, Apache, et je souhaite lui donner plus de souplesse dans cette allure. C’est ce que va lui apporter Untouchable, dont j’ai déjà eu trois produits et dont je suis très satisfait ! C’est un étalon en vogue et ses produits seront également faciles à commercialiser. Du côté de la souche de Frit, je souhaite associer sa fille, Umea d’Adriers, qui est par Mr. Blue, à Viking d’la Rousserie. Umea produit très bien mais assez grand et lourd. Je veux lui apporter du sang, de la réactivité et pas trop de taille, ce que Viking, dont la mère, Hermine de Brekka, est par Apache, semble proposer. Pour l’autre fille de Frit, Veni Vici d’Adriers, par Toulon, je pense à Diego de Blondel. Veni Vici a beaucoup de sang, un bon passage de dos et je souhaite confirmer ses qualités avec cet étalon, qui est un fils de Vigo Cécé avec une mère de Dollar dela Pierre. Il présente de la souplesse, un très bon galop et du sang. Enfin, toujours dans la souche de Frit, je vais opter une nouvelle fois pour Untouchable pour Luyana d’Adriers, la fille de Veni Vici, qui est âgée de deux ans. Untouchable va lui amener de l’os. J’aime bien faire saillir les juments assez jeunes, cela permet de progresser plus vite.
Que recherchez-vous dans vos croisements ? Quels atouts attendez-vous d’un étalon ?
Pour moi, les qualités principales d’un bon cheval de sport sont la force, la souplesse et la réactivité. Et je cherche à obtenir ces qualités. Il faut aujourd’hui beaucoup de réactivité aux chevaux car les épreuves se courent de plus en plus vite. Dans mes croisements, j’ai toujours préféré conforter les qualités des juments plutôt que d’essayer de faire une moyenne entre les attributs des mères et des reproducteurs.
Crédit photo : Jean-Louis Perrier.