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Jérémy Chaix : « Je suis très attaché au Selle Français Originel » 

Emilie Dupont 15 décembre 2023

Quelques minutes après l’annonce de la victoire de son Lincoln, Jérémy Chaix s’est confié au sujet de son élevage, de ses chevaux et de ses projets pour la suite.

Lincoln vient de remporter le championnat réservé aux mâles de deux ans du stud-book Selle Français. Quelle est l’histoire de ce jeune cheval ?

J’ai acheté sa mère, Espera de Thozano en 2020, en Normandie. Exactement au moment où l’évenementiel s’est brutalement arrêté et donc où, étant speaker pour divers événements, je n’avais plus de travail. Ce n’était pas tout à fait le timing idéal mais peu importe (rires). Un ami l’avait vue, m’avait dit qu’elle était issue de la souche d’Herbiers que j’aime beaucoup et que j’utilisais déjà, et qu’elle était à vendre. Espera est une fille de Royal Feu et nièce, via sa lignée maternelle, de Calypso d’Herbiers, ISO 179. C’est vraiment une souche qui tient la route. C’est une petite jument, ce qui correspond à sa génétique, qui était pleine de Cardento à l’époque et qui m’a donné mon premier poulain. Je l’ai achetée et ai constaté qu’elle faisait des produits assez petits eux aussi mais très souples, de vrais petits chats. J’ai donc voulu apporter un peu plus de taille, de gabarit et de rayons à ses descendants et Dollar du Rouet était à ce moment-là disponible en frais. C’est comme ça qu’est né Lincoln. À sa naissance, lui aussi ressemblait à un petit chat mais il a bien grandi. Pour en revenir à Espera, elle n’a que neuf ans, n’a jamais fait de sport, Lincoln n’est que son troisième produit… Il y a de belles choses à construire. D’ailleurs, elle est pleine de Cicave du Talus pour l’année prochaine et est suitée d’une pouliche de Djumbé du Rouet, qui est le demi-frère de Dollar. J’étais satisfait de Lincoln, qui est un fils de Dollar, donc je m’étais laissé convaincre par l’un des frères de cet étalon.

Depuis combien de temps élevez-vous des chevaux ?

L’élevage, c’est un rêve depuis tout petit et un métier depuis les années 2010. Cela fait une quizaine d’années que je suis arrivé dans le monde de l’élevage grâce au stud-book Selle Français et à ce que je fais pour eux. C’est comme cela que les gens m’ont connu d’ailleurs et que je suis devenu une voix plutôt spécialisée dans l’élevage. Cependant, je me sens toujours comme un imposteur derrière mon micro, en essayant d’apprendre des choses à des gens qui en savent déjà plus que moi (rires). À un moment, je me suis dit qu’il était temps que je me jette dans le grand bain et que je me lance, que je découvre la réalité du terrain. Mais là encore, j’ai l’impression d’avoir un rôle d’imposteur dans le sens où j’ai fondé mon élevage sur une souche qui n’était pas la mienne, mais qui me semblait bien et qui me plaisait. Mes premiers poulains sont ensuite nés en 2018, je n’en suis qu’à ma quatrième génération.

Combien de poulinières composent votre élevage ?

Je mets généralement deux poulinières à la saillie chaque année. Il y a Espera de Thozano et une jument que j’ai fait naître, I am d’Herbiers (Jivaro du Rouet et Kreole d’Herbiers par Diamant de Semilly). D’ailleurs, cette dernière est pour sa part pleine de Rahotep de Toscane. L’idée, à travers ce croisement, était de revenir un peu vers le Selle Français Originel, comme les deux sont SFO. Je suis attaché à ce courant de sang, je le défends. Mais il est difficile de le sauvegarder. Arriver à agrandir des modèles, avoir des chevaux performants, modernes et SFO… Actuellement, c’est délicat, il faut jongler un petit peu.

Où êtes-vous installé ?

Pour le moment, je suis en Vendée, mais je n’ai pas de propriété et tous mes chevaux sont en pension. Cela explique notamment le peu de juments que je mets à la saillie. Mais j’ai pour projet d’acheter mes propres infrastructures de l’autre côté de la frontière, en Loire-Atlantique.

Le bruit court que Lincoln aurait été vendu…

Oui, je l’ai vendu avant le championnat à France Etalons, qui se chargera de sa valorisation sur la partie étalonnage. J’en ai cependant gardé une partie et en suis désormais co-propriétaire. L’opportunité de poursuivre l’aventure de l’étalonnage et de suivre le cheval s’est présentée, je l’ai saisie.

Crédit photo à la une: Coll. L'Eperon