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Jour de Gloire, Corinesso Z et O’Neil Z sacrés champions en Hunter Style

Béatrice Fletcher 6 septembre 2023

La discipline du Hunter Style regroupait quatre-vingt-treize chevaux, contre soixante-quatorze en 2022, pour un nombre de poneys stable de vingt-quatre. Une participation accrue sans doute due en partie à une innovation réglementaire, puisqu’une 1ère prime ou 2ème prime en Hunter équivalaient respectivement à une prime, ou une demi-prime en saut d’obstacles.

Suite à l’épreuve qualificative, sur deux tours successifs de huit obstacles tracés par Alain Blanquet avec le soutien de Laurent Casanova, et des soubassements fournis par François Pasquier, les vingt-huit 4 ans étaient en lice pour l’ultime confrontation, sur un tour unique de dix obstacles. Révélation de cette édition 2023, Benjamin Lemonnier s’adjuge les deux premières places de cette classe d’âge. Le flot du vainqueur, grâce à une moyenne de 15.76 (mention Excellent) revient à Jour de Gloire, SF, mâle gris fils de Untouchable, KWPN et Olisca, SF (Olisco, SF) né chez Henriette Evain, et frère utérin de l’étalon Up To You*GFE, SF (Calvaro, Holst). Installé aux écuries du Lezo à Quistinic (56) avec son épouse Fleur Le Floch, le cavalier confiait participer à cette finale Hunter pour la première fois, grâce à Fleur qui lui a fait découvrir la discipline via l’association Cœur de Hunter qu’elle préside et qui, forte de son expérience sur le circuit du Grand National Hunter, le conseille au quotidien. « Jour de Gloire correspond totalement à la discipline. Il est très bien dans sa tête, sans doute aussi grâce au fait qu’il vit dehors nuit et jour à l’année comme tous nos pensionnaires. Nous l’avons acheté à 3 ans, il est destiné à la commercialisation comme les quatre-vingt chevaux que nous vendons chaque année partout dans le monde. »

Jour de Gloire, entouré de Fleur Le Floch et Benjamin Lemonnier. Ph. B.F.

Vice-champion, également sous la selle du Breton : Tuc Van’t Meerhof, mâle Bwp fils de Tangelo van de Zuuthoeve, Bwp et Kartel, OES (Dokkum de Rialfo, Bwp), qui obtient le moyenne de 14.47, soit un label « Très Bon », comme cinq autres candidats. « C’est un tout petit cheval hyper généreux, qui a déjà fait les Cycles classiques, qui était en tête du Top 100 SHF et que j’ai acheté à 2 ans et demi. Il est formidable et correspond peut-être moins à la discipline, mais est très bien dressé. Il nous appartient, comme tous nos chevaux », explique Fleur Le Floch. Troisième de cette classe d’âge : Joey d’Eskame, jument Selle Français fille de Armani V, Z et de Nikita de Galarza, SF (Trophée du Rozel, SF), confiée aux rênes de Mickael Patour par son propriétaire, Pascal Plancq. « Je la monte depuis le tout début de saison », explique le pilote. « Nous avons essayé de la qualifier pour les Cycles classiques mais il lui manquait quelques parcours. Nous avons choisi de la qualifier à Vierzon, où elle a montré de bonnes aptitudes, puis de courir la finale, ce qui s’est avéré être un bon choix. Elle est plaisante, calme et saute très bien. Sur le tout premier parcours, elle était un peu flottante, mais sur le deuxième tour elle a beaucoup progressé. Lors de la finale, elle était très bien, à part un changement de pied qui n’est pas passé. » Joey, en parallèle des 5 ans classiques, devrait poursuivre sa progression dans la discipline du Hunter, que son cavalier juge très formatrice.

Corinesso Z l’emporte avec la manière chez les 5 ans

Lors de la qualificative, Corinesso Z, hongre fils de Casall, Holst et Corinessa, Holst (Calato, Holst), piloté par Sarah Stagno, avait déjà dominé son groupe de vingt-neuf prétendants avec une très belle moyenne de 17.25. Une moyenne qu’il confirme lors de la finale, où il décroche le titre grâce à une note de 17.17, soit une mention “Elite”, comme seuls deux autres chevaux sur l’ensemble de la compétition. La cavalière souligne avoir beaucoup pratiqué le Hunter lorsqu’elle était plus jeune, mais un peu moins depuis qu’elle est cavalière de jeunes chevaux, chez Romain Bourdoncle, puis à l’élevage de Laume, chez Denis Morel à Saint-Aubin-de-Terregatte (50), où est basé le champion, propriété de famille Bequet. « J’ai été régulière avec ce cheval depuis mon arrivée à l’élevage en novembre 2022 car il est vraiment très bon. Il a décroché quatre premières primes en deux concours », indique Sarah. « Il est bien équilibré, doté d’un très bon galop avec une foulée standard, ce qui est très pratique pour le Hunter. Il est habile dans les changements de pied, il a une très jolie technique, il répète toujours les mêmes sauts, il a la force nécessaire pour ne pas aplatir ses paraboles sur des distances un peu longues et il est très respectueux. Il est régulièrement sans faute, surtout sur ces épreuves où les obstacles sont appelés, ce qui lui donne encore plus de brillant. Il est bon en saut d’obstacle mais parfait en hunter et en plus très joli. »

Corinesso Z, aux côtés de sa cavalière, Sarah Stagno, et de la famille Bequet. Ph. B.F.

Vice-champion, avec 15.76 (mention « Excellent »), Ieldorado van de Rib, né chez Chrystelle Ribe (18), est un mâle pie fils de Sandreo, KWPN et Star Hollywood, SF (Wonderboy, Bwp), piloté par Benoît Salmon, cavalier installé au Haras des Loges à Buc (78). «  Je le monte depuis un an, sa propriétaire l’ayant acheté l’hiver dernier. Il n’avait jamais rien fait et nous l’avons formé intégralement. Il est parfaitement adapté à cette discipline que je ne connaissais pas voilà quatre mois, mais que j’apprécie beaucoup. Il était aussi dans la finale des Cycles classiques, mais suite à une barre le premier jour, nous avons opté pour la finale Hunter. Il est très gentil, beau, cadencé, stable, et répète ses sauts. Il est approuvé étalon, il a eu huit poulains nés cette année. Il a couru un seul Hunter en mai à Maisons-Laffitte, c’est la première fois qu’il sautait des obstacles aussi garnis. L’année prochaine, nous poursuivrons sur ce circuit qui lui convient parfaitement », indiquait le cavalier.

Le podium est complété par Ideo de L’Aubier, mâle Selle Français fils de Vigo d’Arsouilles, Bwp et Laurana, SF (Vendôme d’Uriat, SF), né à l’élevage de l’Aubier (36). Confié aux rênes expertes de Grégoire Hercelin, Ideo obtient la belle moyenne de 15.24, soit l’une des trois mentions « Excellent » décernées à cette classe d’âge, tandis que cinq sont déclarés « Très Bon » avec une note supérieure à 14.

Coup de chapeau aux huit élèves d’Alban Noteau, pour lesquels cette Grande semaine vient conclure onze mois de formation « Cavalier jeunes chevaux » et qui participaient aux finales Hunter, mais aussi Cycle libres et cycles classiques, et qui dès qu’ils auront obtenu leur permis poids lourd, rejoindront les professionnels qui n’ont pas manqué de leur proposer un poste.

O’Neil Z s’impose chez les 6 ans

Sur un lot fort de trente-six chevaux, le titre, avec une moyenne de 16.4 (« Elite ») revient à O’Neil Z, mâle alezan fils de Old Chap Tame, SF et Zaprice, Holst (Corrado I, Holst), sous la selle de Michael Jannot, expert dans cette discipline depuis de longues années et co-propriétaire du champion avec son ami Sébastien Grillon. « C’est la très belle histoire d’un cheval que nous avons rencontré chez un marchand français à l’âge de 3 ans », relate le cavalier. « Nous avons craqué sur l’origine, le modèle et la qualité de saut. Suite à des problèmes de santé sur un pied, nous avons du patienter pour sa mise en compétition jusqu’à cette année. Il nous émerveille. Suivre le circuit des 7 ans serait prématuré étant donné son manque d’expérience. Nous allons prendre notre temps pour aborder les Pro 2, car nous l’aimons beaucoup. Il a plein de moyens, il est d’une bravoure à toute épreuve, très gentil et facile à éduquer, et donc ne souffre pas de sa progression. Il a toujours adhéré à nos demandes, il a appris à changer de pied facilement, n’a jamais regardé un obstacle, rien ne l’inquiète, il est partout comme chez lui, et en même temps il a du sang. » O’Neil Z, bichonné au quotidien par Christina, la compagne de Michael, s’apprête à revenir en région Centre-Val de Loire pour suivre son cavalier, qui reprend son ancien poste d’instructeur formateur au lycée agricole de Saint-Cyran-du-Jambot (36). « Nous verrons en fonction des propositions qui se présenteront. S’il est vendu, tant mieux, s’il reste avec nous tant mieux aussi, Michael décidera de ce qu’il voudra faire avec lui », confie Sébastien Grillon, très ému et ravi.

O’Neil Z, sous la selle de Michael Jannot. Ph. B.F.

Le vice-champion des 6 ans se prénomme Holdup Danfer, SF, hongre alezan fils de Tangelo van de Zuuthoeve, Bwp et Rumeur du Plessis, SF (Clinton, Holst), né chez Sylvie Passeneaud, et sacré avec un score final de 16.63 (mention “Elite”), après quatre premières primes aux commandes de Victor Bernardin, installé à Tours avec son associé Lyvan Roger dans une écurie d’une trentaine de chevaux en valorisation. Ravi de cette journée de finale où il était également au départ du championnat des 7 ans, et rompu à l’exercice du Hunter après avoir travaillé cinq ans chez François Pasquier, Victor veille à emmenerchaque année des chevaux qui correspondent aux critères de la discipline. Ce qui, à l’évidence, est le cas pour ses deux protégés, qui ont fait l’objet d’un certain nombre de demandes de la part de clients étrangers. « S’il n’est pas commercialisé pour le Hunter, Holdup poursuivra sa carrière sur le circuit classique des 7 ans », affirme-t-il.

Holdup Danfer, ici lors de la remise des prix avec son cavalier, Victor Bernardin. Ph. B.F.

Le bilan d’Adeline Wirth Nègre et Maud de Coster

À l’heure du bilan, Adeline Wirth Nègre, présidente de la commission Hunter de la SHF, le souligne : « Cette année, nous avons vraiment voulu mettre en valeur les chevaux adaptés à la discipline, mais nous avons été assez sévères avec les autres. Certains chevaux pourraient correspondre aux critères, mais les cavaliers manquent de rigueur dans la préparation, notamment sur la stabilité et le tracé, c’est pourquoi les chevaux se désunissent, et que d’autres ne changent pas de pied, ce qui est anormal. Trop de cavaliers confondent le saut d’obstacles et le hunter, et sont emmenés vers l’obstacle, alors qu’en hunter, on doit avancer vers l’obstacle avec un cheval qui se tient tout seul. »

Adeline Wirth Nègre et Maud de Coster. Ph. B.F.

Maud de Coster, juge aux côtés de Céline Marche, Yves Lavarec et François Pasquier, notait pour sa part une belle homogénéité au niveau des modèles et un nombre de partants en augmentation. « Le hunter permet aux chevaux de sauter davantage dans la décontraction, d’être rassurés par les obstacles appelés, mais il est dommage que les cavaliers ne profitent pas de tout l’espace de la carrière pour aborder leurs lignes dans la rectitude, et montent souvent des chevaux fermés avec un appui trop fort sur la main. »

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Crédit photo à la une: Béatrice Fletcher