L’été, gare au coup de chaleur !
Depuis quelques jours, une vague de chaleur frappe l’Hexagone et elle risque de ne pas être la dernière. Avec de telles températures, il devient difficile de savoir quoi faire avec son cheval, surtout pour qu’il ne souffre pas trop d’un tel épisode climatique. L’Eperon, en partenariat avec l’IFCE, vous donne quelques conseils à adopter lors de fortes chaleurs afin d’éviter les coups de chaud.
À chaque saison ses complications et, en été, ces dernières sont bien souvent liées aux fortes chaleurs. Comme pour certains cavaliers, elles peuvent parfois être difficiles à supporter pour les chevaux – surtout lorsqu’ils sont encore en activité – et peuvent entraîner ce que l’on appelle communément des “coups de chaud”. « Le coup de chaleur est une hyperthermie provoquée par un défaut de régulation de la température interne du cheval en cas de forte chaleur extérieure », assure Bénédicte Ferry, vétérinaire. « Il s’agit d’une urgence grave dont il faut repérer les signes cliniques afin de la traiter rapidement et efficacement. » Car les conséquences d’un coup de chaleur peuvent être dramatiques, et entraîner la mort du cheval, ces organes n’arrivant plus à fonctionner normalement. « Le cheval est une espèce homéotherme : il conserve une température corporelle constante, indépendamment du milieu extérieur. Lorsqu’il fait trop chaud, il peut abaisser sa température de deux manières : la transpiration et la dilatation des vaisseaux sanguins sous la peau. Ces deux mécanismes augmentent l’élimination de la chaleur vers le milieu extérieur. Quand ils sont insuffisants pour faire baisser la température, par exemple lors d’un exercice intense associé à une forte chaleur extérieure, le coup de chaleur apparaît. La température corporelle, normalement comprise entre 37,5°C et 38,5°C, augmente et peut dépasser 41°C. Il en résulte des dysfonctionnements des organes internes : du fait de la vasodilatation périphérique, le sang s’accumule dans les vaisseaux de la peau et n’est plus disponible en quantité suffisante pour irriguer correctement ces organes vitaux », explique Bénédicte Ferry.
Facteurs favorisants et aggravants
Si, comme le souligne la vétérinaire, les coups de chaleur surviennent souvent après un effort long ou intense, ils peuvent également se déclencher lorsque le cheval est au repos. Cela, surtout s’il se trouve dans un lieu regroupant les trois éléments principaux favorisant l’hyperthermie : des températures élevées, évidemment, mais aussi un fort taux d’humidité et un manque d’aération, qui empêchent une bonne évaporation naturelle de la sueur dégagée par le cheval. Car, comme chez les humains, le cheval transpire également lorsqu’il ne fait rien, surtout s’il se trouve dans une zone chaude, humide et mal ventilée, à l’instar d’un van, d’un camion ou d’un box (surtout démontable, sous lequel il peut vite faire très chaud).
Certains chevaux sont également et malheureusement plus sensibles aux coups de chaleur. Parmi eux, ceux atteints d’anhydrose. « Il s’agit d’une maladie qui se traduit par une incapacité des glandes sudoripares du cheval à produire une quantité adéquate de sueur », détaille Bénédicte Ferry. Les chevaux en embonpoint ainsi que ceux avec des poils longs ou épais sont également considérés comme prédisposés aux coups de chaleur, puisqu’il leur est difficile d’évacuer correctement cette dernière. Idem pour les chevaux pas ou peu entraînés, soumis à un effort physique ou au stress, car « leurs muscles sont peu vascularisés et ne se refroidissent pas suffisamment ». Enfin, attention également aux chevaux déplacés d’une région fraîche à une région plus chaude et dont l’organisme n’aura peut-être pas eu le temps de s’habituer à la chaleur avant un effort.
Reconnaître un coup de chaleur
Plusieurs signes permettent de détecter rapidement un coup de chaleur, à commencer par une augmentation persistante de la fréquence respiratoire, bien que l’exercice soit terminé depuis dix à trente minutes. À noter que, comme le souligne la vétérinaire, « la fréquence respiratoire normale d’un cheval étant comprise entre vingt et quarante mouvements par minute ». Autres augmentations significatives : celle de la température rectale, surtout si elle dépasse les 39°C, ainsi que celle du temps de remplissage capillaire. « En appuyant avec le doigt sur la gencive, la muqueuse devient blanche. Elle redevient normalement rose quand la pression est relâchée en une seconde. Si le délai est supérieur à une seconde, il y a une augmentation du temps de remplissage capillaire », précise Bénédicte Ferry. L’attitude générale du cheval peut également vous mettre la puce à l’oreille. En cas de coup de chaleur, le cheval semble fatigué et se désintéresse de son environnement. Il a l’œil fixe et la tête basse, et est également réticent à avancer. Enfin, le cheval peut aussi avoir les muqueuses des gencives sèches ou collantes, des douleurs musculaires, des signes de coliques, ou encore une diminution des bruits digestifs. « Si aucun traitement n’est mis en place, les symptômes s’aggravent : la fréquence cardiaque augmente, les muqueuses sont congestionnées (rouges), le cheval titube, perd connaissance et s’écroule au sol. La mort peut alors survenir très rapidement », affirme la vétérinaire.
Alors que faire ?
Si votre cheval semble être victime d’un coup de chaleur, surtout, arrêtez immédiatement le travail, amenez le à l’ombre, dans un lieu frais et aéré, et rafraîchissez le. Bénédicte Ferry conseille d’ « arroser doucement avec de l’eau fraîche mais pas trop froide la tête, l’encolure, la poitrine et les membre », en insistant particulièrement « sur la nuque où siègent les centres nerveux responsables de la régulation thermique », mais aussi de « faire toujours suivre la douche d’un essorage au couteau de chaleur pour ne pas que l’eau se réchauffe et réchauffe à nouveau l’organisme. En suivant cela, la température peut baisser de deux degrés en dix minutes ». La température doit être prise régulièrement, afin de vérifier qu’elle baisse rapidement. En plus de cela, il est nécessaire de bien abreuver le cheval, mais surtout pas avec de l’eau glacée. Et si, malgré tout cela, l’état général du cheval ne semble pas s’améliorer, un vétérinaire doit être appelé de toute urgence. Bénédicte Ferry attire notre attention sur un point : « le rétablissement de l’ensemble des fonctions vitales peut prendre du temps : selon la gravité, le cheval doit être mis au repos de façon prolongée ».
Avant d’en arriver là, plusieurs petits gestes peuvent être faits pour éviter les coups de chaleur : vérifier que le cheval a de l’eau fraîche et à volonté, l’abreuver régulièrement en cas de voyage ou en compétition, le doucher, s’assurer qu’il soit dans un endroit ombragé et ventilé, le tondre si son poil est épais, lui mettre à disposition une pierre à sel et, en cas de forte transpiration, le supplémenter avec des électrolytes, et prévoir une période d’adaptation à la chaleur de deux à trois semaines avant d’entreprendre un exercice intense.
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