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Lars Kersten et Hallilea créent la surprise à Göteborg

Elisa Esnault 26 février 2024

Dimanche après-midi, s’est déroulé le Grand Prix Coupe du monde de Göteborg, dernière chance pour les cavaliers de se qualifier pour la finale. Si pour certains cette étape constituait un enjeu important, pour d’autres elle a également été l’occasion de prendre leur revanche sur Bordeaux…

Ils étaient trente-cinq à prendre le départ de cette épreuve Coupe du monde cotée à 1,60 mètre et dessinée par le suédois Peter Lundström’s. Confrontés à plusieurs difficultés telles que les trois foulées courtes à faire entre l’oxer numéro onze et le vertical placé en numéro douze, seuls sept cavaliers sont parvenus à réaliser le parcours parfait en première manche. Le temps accordé de soixante-dix-sept secondes a, lui aussi, posé problème. Pénalisés pour l’avoir dépassé de seulement 0.01 seconde, Yuri Mansur et Vitiki, Han (Valentino, KWPN) se sont vus privés de barrage, tout comme Scott Brash et Hello Jefferson, Bwp (Cooper van de Heffinck, Holst). 

La première à obtenir un score vierge est Amanda Landeblad, en selle sur sa toute bonne For Killy, KWPN (Tangelo van de Zuuthoeve, Bwp). Six autres couples les ont rejoints au barrage. Première à ouvrir ce dernier, la Suédoise est pénalisée d’une faute. Après elle, Olivier Robert, seul cavalier français présent au barrage, verra  également s’afficher quatre points à l’écran après avoir fait tombé l’ultime obstacle du parcours aux rênes de l’étalon Iglesias D.V., KWPN (Quasimodo van de Molendreef, Bwp), le menant finalement au pied du podium. Parti ensuite, le jeune Lars Kersten, vingt-quatre ans, et sa jument Hallilea, KWPN (Zirocco Blue VDL) ont réussi à ne renverser aucun obstacle, bouclant leur parcours en 35.44 secondes et donnant ainsi du fil à retordre à des cavaliers de renom qui tenteront d’être plus rapides… Sur la starting list du barrage restaient deux Suédois, et pas des moindres : les champions olympiques Peder Fredricson et Henrik von Eckermann, respectivement accompagnés de Catch me not S, SWB (Cardento, Holst) et le multiple couronné King Edward, Bwp (Edward, Han). Malgré leurs efforts, tous deux n’auront pas réussi à abaisser le chronomètre imposé par Lars Kersten, bien qu’ils aient eux aussi bouclé leur barrage dans les trente-cinq secondes. La victoire revient donc au jeune cavalier Néerlandais, obligeant ainsi le champion du monde en titre à se contenter de la deuxième place, tandis que Peder Fredricson complète le podium. 

Une championne fait maison

Cette victoire, Lars Kersten ne s’y attendait pas. « J’ai vu Henrik et Peder courir tant de barrages que je sais qu’ils sont capables d’être plus rapides que moi. Mais je pense que j’étais plutôt rapide et finalement, il n’était pas si facile de me battre, donc je suis très satisfait de ma jument. Elle s’est absolument donnée à 100 % aujourd’hui ! », a déclaré Kersten. « On m’a dit que ce n’était pas un parcours facile à monter, mais je l’ai trouvé assez confortable. Sans doute qu’il correspondait bien à ma monte, qui est plutôt légère. J’ai essayé de rester fluide tout au long des virages, donc finalement le tracé me convenait très bien. Et évidemment, ma jument se sentait vraiment bien, alors tout était réuni », a-t-il expliqué. 

Il faut dire que leurs parcours ont montré une véritable complicité entre le cavalier et sa jument. Et pour cause, Hallilea et Lars ont grandi ensemble, au sein de l’écurie familiale. « Nous avons notre propre écurie aux Pays-Bas, où nous faisons du sport et un peu d’élevage. C’est vraiment une entreprise familiale, et ma jument a été élevée à la maison par mon père. Cela la rend encore plus spéciale. J’ai travaillé avec elle toute sa vie et elle m’a accompagné sur une grande partie de ma carrière. Évoluer ensemble à ce niveau et gagner une Coupe du monde à Göteborg, c’est incroyable ! », confiait également Lars Kersten. « Dès qu’elle a eu cinq ans, je l’ai prise en charge. Nous avons déjà fait de très belles performances, mais presque rien ne vaut de gagner la Coupe du monde ici à Göteborg ! C’est un peu irréel ! S’asseoir devant ces cavaliers (von Eckermann et Fredricson, ndlr) n’est pas facile, et la plupart du temps je suis derrière eux, donc aujourd’hui est un grand, grand jour ! », a-t-il conclu. 

Entraîné par son père, et ponctuellement coaché par la star allemande Marcus Ehning ou encore Jos Lansink, Lars Kersten a démarré 2024 sur les chapeaux de roues. Venu avec trois chevaux à Göteborg, le cavalier a été appelé à plusieurs remises des prix. Avec l’étalon Funky Fred Marienshof Z (Fantomas de Muze, Bwp), cheval avec lequel il était déjà troisième dans le Grand Prix du CSI5*-W d’Amsterdam le mois dernier, Lars a commencé son week-end en se classant cinquième de l’épreuve cotée à 1,50 mètre du jeudi et a réitéré samedi dans la 1,55 mètre. Il a également fait sans-faute et décroché la dixième place de la 1,45 mètre du dimanche avec Chuck Marienshof Z (Colestus, Westf), avant de clôturer de la plus belle des manières en remportant le Grand Prix Coupe du monde avec sa fidèle Hallilea, avec laquelle il était déjà septième dans la 1,50 mètre du vendredi. 

Direction la finale

Bien qu’il ait remporté l’étape de Göteborg, Lars Kersten ne se rendra pas à la finale Coupe du monde Longines à Riyad, en Arabie saoudite, du 16 au 20 avril. Cependant, Henrik von Eckermann et Peder Fredricson comptent bien faire le déplacement. « Mon cheval a vraiment bien sauté, peut-être trop bien même, et il a perdu un peu de temps. Mais c’est une bonne façon de perdre. Bien sûr, je voulais gagner, mais avec la façon dont King Edward a sauté, je ne peux qu’être heureux. Surtout avec ce qui arrive cette saison, la finale de la Coupe du monde, puis Paris cet été », a tenu à mentionner Henrik von Eckermann. Fredricson lui aussi aurait bien aimé l’emporter à domicile. « C’est l’endroit où vous voulez gagner si vous êtes suédois, mais ça ne s’est pas passé comme ça aujourd’hui ! » Même si la chance ne leur a pas souri autant qu’ils espéraient, les deux champions olympiques par équipe de Tokyo auront l’occasion de défendre les couleurs de leur pays dans moins de deux mois. 

En tête du classement du circuit Coupe du monde avec quatre-vingt-six points à l’issue de la dernière étape avant la finale, Henrik von Eckermann compte bien défendre son titre acquis l’an dernier avec son fabuleux King Edward. On devrait également retrouver à Riyadh le jeune et brillant Harry Charles avec soixante-treize points, tout comme Peder Fredricson. Ben Maher, Kevin Staut, Steve Guerdat, Pieter Devos, Max Kühner, Hans-Dieter Dreher, Julien Epaillard, Martin Fuchs, Rene Dittmer, Richard Howley, Gregory Wathelet, Mariano Martinez Bastida, Jeanne Sadran, Robert Whitaker ainsi que Scott Brash ont également théoriquement décroché leur ticket pour la finale. 

Crédit photo à la une: FEI/Kim C Lundin