Le Hunter, discipline d’utilité publique
A l’aube de cette saison sportive 2024, Claude Lanchais, référente Hunter auprès de la FFE, fait le point sur la pratique et détaille les leviers fédéraux pour inciter un plus grand nombre à se lancer dans cette exigeante discipline, en laquelle nombre d’enseignants voient un excellent outil d’apprentissage.
S’il peine encore à s’imposer sur certains sites, le Hunter fait chaque année de plus en plus d’adeptes. Claude Lanchais l’assure, en tout cas, en faisant quelques différences selon les catégories. “On s’aperçoit que le Hunter prend très bien en catégories Poney et Club“, indique la référente. “En fait, beaucoup d’enseignants se servent du Hunter pour enseigner les bases de l’équitation et du saut d’obstacles. Je pense qu’il y a réellement une réflexion de la part de certains encadrants pour doter leurs jeunes élèves des bons apprentissages, et le Hunter est un formidable outil en cela. C’est une discipline exigeante, qui est une excellente passerelle vers le saut d’obstacles ou le concours complet. Je n’oppose d’ailleurs jamais le Hunter au saut d’obstacles. Ce sont deux disciplines parfaitement complémentaires. Il faut les associer, et je pense qu’il est possible de se servir de l’un pour être meilleur dans l’autre. Je conseille d’ailleurs souvent de pratiquer les deux en parallèle !”
Les Shetlands s’y mettent
Devant un certain engouement de la part des cavaliers Poney, la Fédération française d’équitation a ainsi mis en place, l’an dernier, des épreuves de Hunter ouvertes aux poneys A, c’est-à-dire aux Shetlands. “Il y avait des épreuves de saut d’obstacles pour eux, mais pas de Hunter. Ce constat allait à l’inverse de notre logique de promotion du Hunter.” Cette année, lors de l’Open de France, une quinzaine d’équipes en catégorie Poney A étaient au départ de la compétition en Hunter. “Il y a eu une certaine émulation“, reconnaît Claude Lanchais.
C’est peut-être dans la catégorie Amateur que le Hunter a le plus de mal à percer. “Le plus difficile, pour cette catégorie, est de trouver des organisateurs de compétitions qui ouvrent la porte au Hunter“, poursuit Claude Lanchais. “La question de la rentabilité vient forcément sur le tapis – et c’est normal -, et on sait que les compétitions de saut d’obstacles attirent davantage de partants.” C’est malheureusement l’histoire du serpent qui se mord la queue : moins il y a de compétitions de Hunter et plus la discipline peine à se faire connaître. Et moins il y a de concours, moins il y a de partants. Et moins les organisateurs sont incités à accueillir des épreuves. “On essaie de convaincre les organisateurs de réunir plusieurs disciplines, cela permet de réduire les coûts et d’attirer plus de cavaliers.”
Le combiné hunter/saut d’obstacles, une épreuve à faire connaître
Il y a quelques années, Marie-Christine de Saint-Vaast, chef de piste et juge, avait eu l’idée de créer une épreuve combinée dans les Hauts-de-France. “Il s’agit d’un parcours, que les participants ont d’abord à réaliser selon les exigences de la Maniabilité côté Hunter. Puis, ils reviennent et le font selon le règlement du saut d’obstacles. Le combiné, c’est deux épreuves en une, un seul engagement et une véritable portée pédagogique, qui combine deux disciplines. Cette épreuve a d’ailleurs été inscrite au règlement fédéral, et n’importe quel organisateur peut la programmer s’il le souhaite. Les enseignants y voient une réelle portée pédagogique.” Seul difficulté : mettre à contribution des officiels oeuvrant dans les deux disciplines en parallèle. “Nous essayons de persuader certains chefs de piste et juges à suivre des formations pour être polyvalents, et pouvoir exercer en Hunter et en saut d’obstacles.“
Enfin, c’est peut-être dans les catégories Jeunes chevaux que l’engouement pour le Hunter est le plus concret. “Il y a eu une perte de vitesse il y a quelques années, mais la discipline a de nouveau persuadé beaucoup de cavaliers professionnels d’y faire évoluer leurs jeunes chevaux“, concède Claude Lanchais. “Sur le circuit National Hunter, qui se déroule sur de très belles pistes, il y a au programme certaines épreuves dédiées aux jeunes chevaux, qui rencontrent du succès. Je pense que beaucoup de cavaliers passent par la case Hunter pour une formation complète de leurs équidés, pour leur donner confiance et leur apprendre les bases du saut d’obstacles. Il y a aussi, sans doute, un atout commercial, mais je pense que c’est d’abord pour la formation des chevaux que le Hunter fait des adeptes.” Grâce à ces épreuves, certains équidés bénéficiaient également de points supplémentaires pour le circuit Jeunes saut d’obstacles. “Un rééquilibrage a été fait dans ce cadre, car certains chevaux se retrouvaient qualifiés sur des cotes qu’ils n’avaient jamais franchies, grâce au Hunter. Le système a ainsi été un peu modifié.“
Cap sur le Printemps du Style et le National Hunter
Le Hunter est par ailleurs ailleurs la seule discipline à proposer un événement atypique, mêlant à la fois formations et compétitions. Il s’agit du Printemps du Style, qui se déroule chaque année au Parc équestre fédéral de Lamotte-Beuvron. “C’est le regroupement des juges, des chefs de pistes et des cavaliers du Hunter. Tous peuvent bénéficier de formations théoriques le matin, et les après-midi sont dédiés à la mise en pratique. En 2023, nous avons reçu près de huit cents stagiaires et 1000 participants au total, ce fut une belle réussite. L’événement prend de plus en plus d’ampleur, et c’est vraiment le rendez-vous de la grande famille Hunter.” Autre série de compétitions qui tiennent à coeur de Claude Lanchais, celle du National Hunter FFE – Flex On, qui représentera en 2024 neuf étapes : Barbaste, Deauville, Vittel, La Rochelle, Rodez, Maisons-Laffite, Angers, Vierzon, Lamotte-Beuvron et la finale à Equita Lyon.
“C’est un beau circuit, dont mes équipes et moi-même sommes fières”, indique Claude Lanchais. “A chaque étape, nous essayons de nouer des partenariats avec les Comités régionaux d’équitation, afin que ce circuit national leur soit également profitable. L’idée est toujours de dynamiser la pratique du Hunter, et cela passe aussi par un travail de terrain, en lien avec les régions.“