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L’Expérience

LGCT Stockholm : l’incroyable histoire de Cap du Marais

Sylvia Flahaut 17 juin 2023

Une partie des meilleurs pilotes du monde a rendez-vous ce week-end à Stockholm, pour une étape estivale du Global Champions Tour. La jeune génération y a pris ses quartiers hier, vendredi, et dans l’épreuve 145 qui s’est courue en deux phases, c’est Thibault Philippaerts qui a remporté la mise. Le Belge était associé à un représentant du stud-book Selle Français, Cap du marais (Kannan, KWPN), joli hongre bai de onze ans, dont l’histoire est pour le moins surprenante… 

Après quelques sonneries de téléphone, la voix chaleureuse de Nicole Rouxel, la naisseuse de Cap du Marais, se fait entendre. Oui, elle a bien vu que son protégé avait gagné à Stockholm, mais elle n’a malheureusement pas pu voir le parcours, n’ayant pas accès à un moyen de retransmission vidéo. Mais, peu importe, la Bretonne est heureuse et nous demande si nous avons quelques minutes à lui accorder pour qu’elle nous narre l’histoire assez étonnante de Cap… “Avec mon conjoint, nous ne sommes pas vraiment éleveurs“, confesse Nicole Rouxel. “Nous résidons dans les Côtes d’Armor, près du littoral,  et sommes passionnés de tourisme équestre, que nous pratiquons depuis de très nombreuses années.” Du tourisme équestre aux pistes de saut d’obstacles, il y aurait finalement une certaine proximité ? 

Alors que le couple randonne régulièrement, il a l’occasion de faire l’acquisition de Lawit, une jument hannovrienne, fille du Oldenburger Landor S . Dans son pedigree, Lawit allie plusieurs courants de sang allemands, Oldenburger, Holsteiner et Hannovrien. “Cette jument ne pouvait plus vraiment faire de sport parce qu’elle avait un problème au jarret“, poursuit Nicole Rouxel. “On m’avait dit de faire attention, que Landor S pouvait parfois faire des chevaux un peu difficiles. Et c’est vrai que Lawit était un peu chaude, très énergique, mais je me débrouillais, je prenais des précautions, je la faisais tourner en cercles avant de partir au galop en ligne droite sur la plage.” Lawit devient ainsi la partenaire de randonnée de Nicole pendant une dizaine d’années.  Et puis, lorsque Nicole et son compagnon décident d’octroyer une retraite méritée à la jument, leur vétérinaire les interroge sur le fait de la faire saillir. “Il nous a dit qu’elle avait de bonnes origines et que nous pourrions lui faire faire un poulain.” C’est ainsi que le couple choisit une valeur sûre, le KWPN Kannan, pour espérer avoir un joli produit l’année suivante. 

“On n’a pas couru après les primes”

En 2012, Cap du Marais voit donc le jour dans les Côtes d’Armor et reste jusqu’à trois ans auprès de ses éleveurs. “Cap présentait un modèle harmonieux, assez compact. Il n’était pas très grand.” Le père de Lawit, Landor S, Old, apporte le sang de Landadel, Holst, mais également ceux intéressants du Hannovrien Gotthard et du Selle Français Furioso II. 

Le couple choisit de confier son protégé à un cavalier installé non loin de chez eux. “Kevin Paul a fait tout le travail de formation du cheval“, poursuit Nicole. “Nous avons choisi un cavalier respectueux du cheval, un cavalier qui sait prendre son temps. C’est vraiment ce que nous voulions : ne pas griller les étapes. On n’a pas couru après les primes et nous avons pris du plaisir à voir ainsi Cap évoluer.” Kevin Paul commence sur les Cycles classiques 4 ans, va jusqu’au CIR, puis reprend en 5 ans où il accède à la finale bellifontaine. Le cheval est alors classé Excellent, en terminant à une très belle sixième place, derrière les Catchar Mail (Diamant de Semilly), Canabis d’Albain  (Baloubet du Rouet), Cicave du Talus*GFE (Untouchable M, KWPN) et Candy de Nantuel*GFE (Luidam, KWPN). Un grand cru que cette année 2017, qui a donné nombre de reproducteurs et de performers, dont Cap !  Kevin Paul continue de former le cheval, à six, sept, huit et neuf ans, où il participe à des Grands Prix 140. “Finalement, le cheval a été vendu à neuf ans“, indique Nicole Rouxel. “Cela s’est fait par le biais du bouche à oreille, et c’est donc l’écurie Philippaerts qui s’en est portée acquéreur.” En 2022, après une tournée en Espagne, Thibault Philippaerts commence les épreuves 150 avec sa nouvelle monture. Fin septembre, à Barcelone, il remporte une épreuve 145 et se classe troisième d’une 150. A Oliva, en novembre, il est troisième d’une 145 et termine à la deuxième place d’une épreuve 150 à La Corogne, en décembre. Entre autres. 

Un petit frère en formation

Cap aurait pu ne pas voir le jour, et sa naissance est finalement issue d’un heureux concours de circonstances, où une rencontre, un conseil et beaucoup de patience ont joué des rôles majeurs ! “C’est vrai que lorsque je faisais de la randonnée avec Lawit, je ne pensais pas à la faire pouliner“, reprend Nicole Rouxel. “Mais, après la naissance de Cap, nous nous sommes pris de passion pour la génétique. Et nous avons eu un deuxième produit de Lawit, par transfert d’embryon cette fois, avec Up to You*GFE. Il s’agit d’Ikare du Marais, qui est aujourd’hui âge de cinq ans. Il est né en juillet et se montre un peu tardif. Il est plus grand que Cap et nous avons confié sa formation à Kevin Paul, qui a fait un travail formidable avec Cap.” Aujourd’hui, la mère de Cap, Lawit, est âgée de vingt-sept ans. “C’est une belle aventure“, confie Nicole Rouxel. “Et nous avons eu la chance de travailler avec des professionnels, Kevin Paul ou l’écurie Philippaerts, qui ont pris le temps de construire le cheval, sans le casser. C’est important.” L’histoire de Cap démontre que, dans l’élevage, si beaucoup de cracks chevaux sont issus de la réflexion et du savoir-faire de leur éleveur,  il demeure des circonstances plus hasardeuses, des démarches hors des sentiers battus, qui peuvent aussi mener au succès et à la réussite. 

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Photo : l’expressif Cap du Marais est passé de ses prairies bretonnes aux plus belles pistes de saut d’obstacles, sous la selle de Thibault Philippaerts. Crédit : Longines Global Champions Tour