Ludovic Dufour, de fortes convictions et la souche de Bourrée 

En 2003, Ludovic et Christelle Dufour fondaient l’élevage du Pays d’Auge avec leur adorée Idole du Plessis (Prince d’Inconville). La même année, Pousse du Pays d’Auge (Kannan, KWPN), fille d’Idole, voyait le jour et donnait naissance, trois ans plus tard, à Secret du Pays d’Auge (Quick Star), qui reste à ce jour le meilleur représentant de l’élevage de Ludovic et Christelle Dufour en ayant tourné jusqu’en CSI5* avec Alexis Deroubaix. Un élevage atypique, basé sur une souche unique ainsi que de fortes convictions, et dont les fondateurs ont, pour 2024, un plan de monte assez peu commun en France.

Combien de poulains faites-vous naître chaque année ?

Pendant très longtemps, nous ne faisions naître qu’un poulain par an, que nous essayions de faire vieillir. Mais depuis deux ans, nous avons changé de stratégie : nous avons fait le choix de faire naître plus de poulains et de les vendre au sevrage. Pour 2024, nous allons pouvoir compter sur six poulinières.

Sur quelles souches maternelles se base désormais votre élevage ?

Cela fait vingt ans que nous n’utilisons qu’une seule souche maternelle, celle de Bourrée. Nous avons trois de ses arrières-petites-filles : Ursule du Plessis (Diamant de Semilly), via Keep Me (Fair Play III), Aquarelle d’Elle (Nippon d’Elle), via Narcotique (Fair Play III), et Top Speed du Plessis (Kashmir van’t Schuttersho, Bwp), via Rapide du Plessis (Nickel, AA). Nous avons également deux filles d’Aquarelle, Hera de la Nauze (Kannan, KWPN) et Joy de la Nauze (Diamant de Semilly), et une fille de Top Speed, Fusée d’Anchat (L’Arc de Triomphe, Old). Si nous ne nous basons que sur cette souche, c’est notamment parce qu’elle nous a toujours permis d’avoir de très bons poulains, avec la particularité d’être tous très courageux. Ce sont des chevaux qui veulent toujours bien faire, ce qui est, selon moi, un peu la marque de fabrique de Bourrée. Elle était d’ailleurs elle-même un peu comme ça : elle n’avait pas toujours tous les moyens nécessaires mais elle a toujours tout donné pour Annick Chenu. Ses descendants sont comme elle et tous les cavaliers qui ont monté nos chevaux l’ont reconnu et en étaient très satisfaits. Plusieurs d’entre ont d’ailleurs gagné des épreuves allant jusqu’à 1,45 mètre. C’est vraiment une souche de chevaux de concours, qui a fait ses preuves. Et ce que j’aime bien c’est que; généralement, avec chaque poulinière de cette souche, naît à un moment un cheval qui va sortir du lot et va faire du haut niveau. Cette souche, c’est une valeur sûre pour moi.

Quels étalons avez-vous choisi pour vos poulinières pour 2024 ?

Cette année, j’ai fait le choix de marier cinq de mes six poulinières à Qlassic Bois Margot. C’est un étalon que je connais depuis qu’il a trois ans, je m’en étais occupé sur un salon et j’avais eu un très bon sentiment. Je n’avais jamais eu l’opportunité de l’utiliser jusqu’à maintenant mais m’apercevant qu’il ne cessait de monter dans les classements étalons, j’ai sauté le pas. J’essaie souvent d’utiliser un étalon confirmé et un représentant de la jeune génétique en saillie gratuite pour rentabiliser un peu les coûts mais cette année, je n’ai pas trouvé de jeune à mon goût et j’ai donc décidé d’utiliser pour Qlassic pour toutes mes poulinières, sauf pour ma fille de L’Arc de Triomphe, évidemment. C’est une méthode qui est plutôt utilisée à l’étranger mais je me dis que sur les cinq, il devrait y en avoir au moins un qui fera très bien. Et puis, les gens, qu’ils soient professionnels ou amateurs, sont de plus en plus intéressés par les produits de Qlassic. Plusieurs personnes, également amatrices de la souche de Bourrée, m’ont d’ailleurs déjà contacté pour venir mes futurs poulains… Alors même qu’ils ne sont pas encore conçus. Enfin, en ce qui concerne ma fille de L’Arc de Triomphe, j’ai décidé de la marier à Vagabond de la Pomme, sBs, pour amener de la force. C’est une petite jument qui bouge très bien mais à qui il manque un peu cette qualité-là. Par ailleurs, si j’ai choisi Qlassic Bois Margot et Vagabond de la Pomme, c’est aussi parce qu’ils sont disponibles en frais et que je préfère cette option-là. Je n’aime pas avoir à bouger mes poulains. J’habite à Alençon et les deux étalons que j’ai choisi sont disponibles à une heure et demi de chez moi donc j’irai chercher la semence le matin et mes juments seront inséminées l’après-midi même par mon vétérinaire. C’est très pratique.

Quelles qualités recherchez-vous à travers vos croisements ?

Depuis le début, je rêve de faire naître un cheval olympique. Avec notre nouvelle orientation et notre choix de faire naître plus de poulains, je vais me baser, pour le choix des étalons, sur les classements édités par la WBFSH et essayer d’utiliser en frais les mieux classés. J’attends actuellement un produit de Mylord Carthago qui, je l’espère, sera une pouliche afin de la garder à l’élevage et qu’elle rejoigne la belle pouliche de Kannan, KWPN, que j’ai eue l’an passé. J’ai par ailleurs déjà commencé à réfléchir à mes croisements pour 2025 et je pense peut-être me tourner vers les étalons du VDL Stud, notamment Zirocco Blue. Mon idée, c’est d’utiliser les meilleurs étalons disponibles en frais et de les croiser avec une très bonne souche française, bien imprégnée de sang Anglo et des qualités des chevaux français, afin de faire naître un cheval qui s’illustrera aux Jeux Olympiques. C’est mon rêve et j’essaie de me donner les moyens d’y arriver en utilisant une souche confirmée qui a déjà eu des chevaux pré-sélectionnés et sélectionnés pour cette échéance, et en la croisant avec des étalons qui ont déjà produit ce type de chevaux-là également. Ce que je cherche aussi, toujours dans ce but-là, c’est de faire naître des chevaux avec un excellent mental et une bonne locomotion. La première qualité, primordiale selon moi, est notamment amenée par la souche de Bourrée, et la seconde par des étalons confirmés.